Association pour l’Histoire de l’Administration des Douanes

Editorial – Les hussards verts de l’Empereur

Mis en ligne le 1 mai 2021

 

En cette « année Napoléon » qui commémore le bicentenaire de sa mort, l’occasion nous est donnée d’évoquer une période qui a profondément marqué l’histoire de l’institution douanière française. Une période durant laquelle, pour citer Jean Tulard, « le douanier a autant compté que le soldat, le conseiller d’Etat et le préfet » (1).

 

Dès le Consulat et jusqu’à la chute de l’Empire, Napoléon Bonaparte place la douane sur le devant de la scène. Tout en lui confiant la surveillance d’un territoire immense et la maîtrise d’un blocus continental inédit, il conforte la politique douanière mise en place depuis la révolution et accroit singulièrement ses effectifs et ses pouvoirs.

 

Aux premières loges dès les premières mesures de protection de l’espace national jusqu’aux derniers combats lors du « reflux » aux frontières initiales, les douaniers se voient surnommés « Les Hussards verts de l’Empereur » (2). C’est ce parcours que nous vous proposons de suivre grâce à une sélection d’articles et de documents qui, nous le souhaitons, permettront de refléter tout autant les « grandeurs » que « les servitudes » de la fonction douanière à cette époque.

 

C’est tout d’abord Raphaël Schneider qui dresse le tableau de la toute puissance de « La grande douane impériale », titre d’un chapitre de son ouvrage « La douane française au combat » (3).

 

La mise en oeuvre du « blocus continental » retracé ici dans un article extrait d’une publication de l’A.H.A.D. place la douane devant « une entreprise à peu près irréalisable » (4) malgré un véritable « arsenal de lois et règlements » ainsi que le rapporte Roger Corbaux dans « Au temps du blocus continental: la recherche et la répression de la fraude… »

 

C’est aux confins de l’Empire que doivent aussi opérer les douaniers comme en témoignent respectivement Thibaud Gouin dans « Les douanes françaises dans les provinces Illyriennes 1809-1813 » et Claude Pélerin dans « Douaniers et campagnes de la Grande Armée en 1813: de la mer Baltique et de la Poméranie aux bords de l’Elbe et du Weser ». Les combats du « reflux » au cours desquels ils s’illustrent sont, quant à eux, rapportés par Roger Corbaux dans « Les douaniers de l’Empereur (Moselle, 1815) ».

 

Cette période voit la douane se doter d’une nouvelle organisation, de nouveaux moyens mais aussi d’un uniforme que nous décrit Xavier Rauch dans « L’uniforme des douaniers de Napoléon ».

 

Au total, quel bilan de l’aventure napoléonienne? Nous proposons deux éclairages. Tout d’abord celui de Leon Leducq qui dans « Napoléon et les douaniers » ne cache pas, en 1957, un réel ressentiment contre un Empereur qui « les défend, mais ne les récompense guère »… Puis celui, bien sûr, de Jean Clinquart qui dans la « Conclusion » de son ouvrage « L’Administration des douanes en France sous le Consulat et l’Empire (1800-1015) » nous livre une évaluation tout en nuances rappelant que « Plus qu’aucun autre service public, (la douane) vécut, au plein sens de l’expression, l’époque impériale ».

 

Loin d’être exhaustive, bien entendu, notre évocation se termine par une invitation: « La douane, le Consulat et l’Empire: quelques références pour aller plus loin …», invitation à partager quelques pistes complémentaires et à nous livrer vos commentaires, suggestions ou contributions.

 

Enfin, ne quittez pas cette édition sans avoir découvert, grâce à Bernard Baudoin, « la baraque des douaniers de Bramans » (« Douane d’ici et d’ailleurs ») et nous avoir aidé à découvrir le nom d’un poste frontière photographié en 1954 (« Zoom de la médiathèque »).

 


Bonne lecture

 

Patrick Deunet

 



Notes:

1) Jean Tulard dans sa Préface au numéro spécial des « Cahiers d’histoire des douanes et droits indirects » – « L’Administration des douanes sous l’Empire » (n° 24 – 2e semestre 2001);
2) Jean Bordas rapporte que cette expression continuera à être employée longtemps après la chute de l’Empire; les « habits verts » ou encore les « chasseurs verts » figurent également au titre des formules utilisées pour évoquer les douaniers de cette époque;
3) « La douane française au combat – de Mandrin à la Libération » par Raphaël Schneider – Ed. La Gare 2020;
Jean Bastid « Les douanes » PUF 1959.

 

 

 

 

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