Association pour l’Histoire de l’Administration des Douanes
A la Une : Esprit de corps !
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« Esprit de corps ! » : cela pourrait être un titre de film sur la douane ; pour le moment, ce ne sera que le titre de notre « Une ». Souvent admiré voire envié, mais aussi parfois raillé et même menacé, cet esprit de corps colle à la peau de la douane depuis des décennies.
Après avoir pris connaissance des « récits de vie » de douaniers postulant pour un concours autobiographique, René Rémond de l’Académie française s’en étonnait dans un avant-propos à un livre de mémoires d’un agent des douanes (1) :
« Une première évidence se dégage à la lecture de ces récits : la Douane a suscité chez tous un fort sentiment d’appartenance et esprit de corps. Or aucun n’avait rêvé d’être douanier ni choisi cette administration pour elle-même (…). C’est dire que pour aucun l’engagement dans la Douane n’était une vocation. Et pourtant quand, invités à se retourner sur leur existence, ils jettent un regard sur le chemin parcouru, non seulement ils n’ont aucun regret mais ils se disent heureux et fiers d’avoir appartenu à ce corps. Selon le mot rapporté par le lauréat du concours, on n’entre pas dans la Douane mais en Douane, un peu comme en religion … (…)
Quel est donc le secret de cette institution pour s’attacher aussi vite et aussi durablement le dévouement de ces hommes qui n’avaient au départ d’autre préoccupation que de gagner leur vie ? ».
Ce sont, selon lui, « les rigueurs du métier qui ont fait naître, avec des liens durables de camaraderie un véritable esprit de corps ». Deux points d’histoire permettent d’entamer notre propos : « 1819 – Secours et pensions aux Préposés blessés ou tués, à leur veuves et à leurs enfants » et « 1821 – Secours de masse morte ». A l’heure où la protection sociale était inexistante, ces deux premières mesures seront de véritables précurseurs à d’autres réformes ainsi qu’à d’autres initiatives de solidarité (2).
Au coeur de notre évocation, c’est un coup de projecteur que nous proposons sur trois institutions qui, à travers l’Histoire, ont contribué à forger cet « Esprit de corps » propre à l’administration douanière française.
C’est tout d’abord par l’emblématique Œuvre des Orphelins des Douanes (O.D.O.D.) que nous débuterons notre rétrospective et notamment l’éditorial de sa Présidente Marie Devred, publié à l’occasion du centenaire de l’Oeuvre : « L’Œuvre des Orphelins des Douanes : plus que centenaire…». Un témoignage le complète : « L’O.D.O.D.: une oeuvre toujours vivante ! » par Jean Galtié, ancien administrateur de l’ODOD.
Tout aussi emblématique, la Mutuelle des Douanes dont l’histoire est intimement liée à celle de l’administration douanière et qui a su fédérer avec succès les élans de solidarité propres à cette corporation. Sous le titre « La Mutuelle des douanes : son histoire » sa présidente, Nadine Morineau, nous livre une retrospective de l’histoire de la Mutuelle et de son « accompagnement solidaire ».
Autre institution incontournable de la solidarité douanière, la Masse des douanes dont nous retraçons l’histoire grâce à l’étude de Michel Sarraute parue dans nos « Cahiers d’histoire des douanes» dont nous reproduisons plusieurs contributions: « La Masse des douanes : un aperçu historique » ainsi que « La représentation du personnel dans les Conseils de Masse ».
Bien sûr d’autres institutions ont également servi de ciment à cette solidarité, à cet esprit de corps. En tout premier lieu, l’administration des douanes elle-même grâce notamment à ses écoles de formation qui ont insufflé au fil des années ce sentiment d’appartenance. Il convient de ne pas oublier – et nous aurons l’occasion d’y revenir également – le rôle joué par les organisations syndicales douanières, les différentes associations, notamment celle des anciens combattants et victimes de guerre des douanes ou encore l’association sportive nationale des douanes ainsi que bien d’autres amicales.
Par ailleurs, cette édition fait également la part belle à notre rubrique « Culture » et vous réserve trois rendez-vous:
-,« La douane littéraire » et Kevin Mills vous font revivre la conférence organisée le 14 mars 2023 dans le cadre de la 25e édition du Printemps des Poètes (PDP) « Douane littéraire : parenthèse poétique à Montreuil » et à découvrir une contribution inédite proposée par Françoise Bompard sous le titre « La ligne idéale dans Siegfried de Jean Giraudoux »;
– « La douane dans les collections publiques » dans lequel est présenté, grâce à Renata Pstrag, le fameux tableau « L’intérieur d’une Douane » peint par Bernard Lépicié avec un commentaire de la collection Thyssen-Bornemisza à Lugano;
– « Prochainement sur vos écrans ! », avec la suite de notre filmographie sur la douane et le cinéma avec deux nouvelles contributions conçues par Rémy Scherer avec le concours de notre équipe « Cinéma », Renata Pstrag et Emmanuel Millet : « La loi c’est la loi » et « Trafic ».
« La douane au cours des siècles » nous ramène « Aux temps des fermiers généraux » grâce à un article de Jean Clinquart « Les recommandations » avant de regagner la frontière du Nord « aux temps où l’on fumait du belge » avec une nouvelle pleine d’humour d’André Paladre « Accident de service ».
La « Douane d’ici et d’ailleurs » nous permet de rester « dans ch’Nord » avec « Vous avez dit… Risquons-tout ?».
Enfin, toujours prisé par nos lecteurs, ceux-ci ne manqueront pas le « Zoom de la médiathèque » avec son Quizz de mai sur un nouveau bâtiment douanier accompagné de la réponse à celui de mars : il s’agissait bien de « La direction d’Aix-en-Provence ».
Bonne lecture !
Patrick Deunet
Notes :
(*) Illustrations:
– Photo en haut de page « Vitrail » de Jacques Thiaville – 1990 (Collection AHAD / F. Roche)
– Photo dans le texte: « Garance » (Collection privée)
(1) Avant-propos de René Rémond de l’Académie française à l’ouvrage de René Drelon « Par le Cor et la Grenade » – Ed. Comité pour l’Histoire Economique et Financière de la France (2003)
(2) Bulletin d’information de l’AHAD n°78 – Janvier 2019.