Association pour l’Histoire de l’Administration des Douanes

Les sentiers des douaniers – Pointe de Locmiquel

Mis en ligne le 1 juillet 2020

Nous vous proposons de découvrir deux documents parus en février 2020 dans le N°7 des « Cahiers du patrimoine de Baden et Larmor ». Nous remercions chaleureusement l’association d’histoire le » Panier Badennois » (56) de nous permettre de les mettre en ligne sur ce site ainsi que les photographies qui y figurent. Ces documents  sont consacrés à la douane de l’endroit à la fin du 19ème siècle. Il s’agit des douaniers de Locquimel, localité située près de Baden, dans la région de Vannes, derrière la passe d’entrée du golfe du Morbihan.


L’équipe de rédaction

 


 

Ces ruines sont celles d’un ancien corps de garde situé à l’extrémité de la pointe de Locmiquel. Celui-ci trouve sur l’ancien chemin du Roi, chemin côtier destiné au passage des troupes affectées à la défense du Golfe. Il fait face à un superbe panorama de l’entrée du Golfe du Morbihan.

 

 

 

Il a servi certainement de point d’observation et de surveillance aux douaniers dont on sait, par un document officiel, qu’un lieutenant, 15 préposés et matelots sont affectés à Baden en 1819 (Extraits de relevé de l’Inspection des Douanes Royales de Lorient en date du 5 février 1819).

 

 

 


 

Ce corps de garde aurait pu ressembler à celui de Kervagarec, Plateau de Brambel-Piriac, construit en 1754 par le marquis de Paulwy, secrétaire d’État à la guerre, suite à une inspection du Duc d’Aiguillon, commandant en Bretagne.

 

Ce dernier, venu sur place en 1753, avait jugé les moyens de défense de la côte insuffisants.

 

 

 

 

 

Présence des douaniers à Locmiquel dans les années 1870-1900

 

A cette époque, de nombreux douaniers vivent à Locmiquel ! Au XIXe siècle, la France connaît de longues périodes de protectionnisme, contrairement à la libre circulation des capitaux et des marchandises que nous connaissons aujourd’hui. La Douane est alors chargée de contrôler les marchandises transportées aux frontières du pays et, dans la zone littorale, ses nombreux agents interviennent dans une bande côtière d’une vingtaine de kilomètres de profondeur, et jusqu’à quatre lieues au large, la limite des eaux territoriales. Les guetteurs patrouillent à terre sur les fameux sentiers des douaniers et pour intervenir en mer, la Douane arme de petits bâtiments appelés « pataches » dont l’équipage est formé de marins, avec les grades de patron, de sous-patron ou de matelot.

 

Extrait de la carte du Service hydrographique et océanographique de la Marine levée en 182o par Beautemps-Beaupré. On distingue en A : le mouillage de la patache de la Douane ; en B : l’emplacement de la caserne de l’île Séniz (Sept-Îles) aujourd’hui détruite : en C : le corps de garde de la pointe de Locmiquel.

 

Ces douaniers ne sont pas très aimés des autres habitants du village car ils personnifient le regard inquisiteur de l’État sur les activités des populations du littoral. De plus, ils bénéficient d’un salaire assuré, pas très élevé – qui suscite toutefois quelque, jalousies – mais sans les avantages que le statut de militaire aurait pu leur apporter.

 

Mais les relations ne doivent pas être trop mauvaises puisqu’ils convolent souvent avec des jeunes filles du village. On note six mariages de douaniers et de Locmiquéloises entre 1878 et 1888, et 12 naissances dans ces familles entre 186o et 1892, soit une naissance sur cinq pour cette époque où un quart des enfants décèdent avant l’âge de 10 ans.

 

Ces familles portent les noms de : Audran, Bertho, Billard, Binvel, Claude, Conant, Couëdel, Daron, Fleury, Geoffroy, Goudin, Goupil, Guégan, Guillam, Gyre, Henry, Huchon, Jacob, Josset, Lainé, Lappartient, Lamour, Le Barch, Le Blohic, Le Doriol, Le Franc, Le Galludec, Le Layec, Le Mayec, Le Moing, Le Morillon, Le Port, Le Sueur, L’Hôte, Lion, Lorval, Martin, Miny, Molléro, Morice, Pernès, Picard, Poilvert, Poulizac, Savary, Stéphant. Thomé, Villot et Yvois.

 

 

Outre leur travail de surveillance du trafic de marchandises, ces marins de la Douane participent à la vie du Golfe du Morbihan. C’est ainsi que l’après-midi du 16 mars 1872, deux navires du commerce surpris par le calme et entrainés par la violence des courants sont jetés à la côte à l’entrée du Golfe : la lougre « Marie-Adèle », la goélette « La Précieuse ». Averti de ces sinistres, le capitaine de la Douane Layec fait armer une embarcation avec tous les préposés disponibles et fait route d’abord sur la « Marie-Adèle » qui s’enfonce dans les flots et pour qui il n’y a plus rien à faire. Il se dirige alors en toute hâte vers « La Précieuse » dont le pavillon est en berne. L’équipage croit le bateau perdu, les douaniers montent à bord et se mettent immédiatement aux pompes avec les hommes d’équipage. Des renforts arrivent de Locmiquel et de Port-Navalo. Après deux heures de travail opiniâtre, une grande quantité d’eau est évacuée. Le bateau à vapeur du service Auray-Belle-Ile de passage peut remorquer la goélette jusqu’à Locmariaquer hors de danger. L’embarcation venue de Locmiquel est armée par le patron Couëdel.

 

Vingt-cinq ans plus tard dans la nuit du 5 au 6 septembre 1897, le cotre « Notre-Darne-de-la-garde » ancré près du môle de Locmariaquer est entraîné par un violent coup de vent sur la côte ouest de l’Île Longue où il se défonce. Le vent souffle avec une telle intensité qu’aucun canotier de la localité ne veut se porter au secours du navire. Alors la patache des Douane « Phoque » du sous-patron Henry avec trois matelots se rend sur les lieux où ils prêtent leur concours aux marins de l’équipage du cotre. Après un travail de plusieurs heures employées à aveugler les voies d’eau. le cotre peut être renfloué et ramené au mouillage.pibPublié par

 

A partir de 1908, l’allègement de la surveillance des côtes entraîne une redistribution des agents de la Douane et une baisse rapide de la présence des douaniers à Locmiquel. Il en reste aujourd’hui quelque traces encore visibles : le chemin des douaniers en partie repris pour réaliser l’actuel chemin côtier. et le corps de garde ruiné de la pointe de Locmiquel. Mais la caserne de l’île Séniz (Sept-Îles) qui a bien résiste à près d’un siècle d’abandon a été récemment vandalisée et rasée par sécurité.

 

 

« Cahiers du patrimoine de Baden Larmor »

(Association le  » Panier Badennois » )

N° 7 – février 2020

Site internet: Cahiers du patrimoine de Baden & Larmor

 

 

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