Association pour l’Histoire de l’Administration des Douanes
« Parlez-vous douanier ? : les mots pour le dire… »
A y regarder de plus près, le langage douanier ressemble à un véritable patchwork, un peu à l’image de l’illustration ci-dessus.
Il prend corps bien sûr avec les mots courants du métier, ceux directement compréhensibles par le « commun des mortels » : la frontière, la taxe, la contrebande, autant de mots qui ne sollicitent pas, pour sa compréhension, de synonyme ou de traduction.
Il chemine ensuite entre des mots, des formules et des expressions plus techniques, parfois désuètes, et dont l’usage remonte le plus souvent aux siècles précédents : là où on y parle de gabelle, d’aubette, de patache, de documents adirés… des mots dont l’emploi reste malgré tout relativement limité dans la langue courante.
Il prend aussi des sonorités plus mystérieuses avec l’emploi de mots qui ne manquent pas de faire froncer le sourcil du néophyte : que dire de la marmotte, de la penthière, du rebat, de l’écor ou du marron ?… Le recours à une traduction simultanée s’impose alors bien souvent.
Il peut, ici ou là, s’agrémenter de formules latines bien choisies aux tonalités plus savantes que leur simples traductions françaises : l’admission temporaire se prétend Bona fide, les droits se réclament ad valorem, …
Il prend des accents juridiques lorsque les circonstances l’exigent à grands renforts de documents probants et de procès-verbaux, soient-ils de constat ou de saisie et faisant foi jusqu’à la preuve contraire sans oublier le bénéfice d’un passer-outre.
On ne saurait passer sous silence ce que l’on pourrait qualifier de « syntagmes douaniers non repris ni dénommés ailleurs », à savoir ces expressions dites « toutes faites » placées au détour d’une conversation : depuis le « il y a du 882 dans l’air ! », jusqu’au « Tu vas finir par te retrouver à Grossblied ! », en passant par le définitif « Au clou ! » décrété par la section des écritures.
D’autres formules émaillent le discours et marquent parfois toute une génération, voire plusieurs, telles que « le vérif est maître de sa visite », ou « courtoisie oblige : le douanier est la première personne rencontrée par le voyageur à son entrée en France » ou encore « le renseignement est l’affaire de tous ! »…
Il n’est pas rare enfin que le discours douanier s’envole aux confins de la poésie au point qu’un membre de l’institution se soit offert le luxe de rédiger son procès-verbal en alexandrins (*). Pour savourer les rimes et les sonorités de cette poésie douanière véritable « clé pour l’imaginaire », on se rapportera à la présentation pleine d’humour faite par Francis Carpentier (**)
Au total, un langage riche et singulier aux multiples facettes, autant de facettes qu’il y a de spécialités dans l’institution, autant de jargons et de variétés langages que de générations.
Plusieurs démarches ont été entamées ces dernières années pour tenter de rassembler tous ces mots et toutes ces expressions au sein d’un même document. Ce fut le cas notamment pour certains travaux menés par le Musée National des Douanes ou plus récemment par l’AHAD avec la publication d’un « Petit Glossaire douanier « (***).
Au terme d’une nouvelle approche menée par l’équipe du site, nous présentons aujourd’hui avec Renata Pstrag et Emmanuel Millet, un projet de répertoire dans lequel sont répertoriés par ordre alphabétique les mots ou les expressions que nous avons déjà pu identifier.
Ce répertoire dit du « Parlez-vous douanier ? » sera enrichi au fil de nos éditions à la fois grâce au fruit de nos propres recherches et par le biais à un appel à contributions que nous lançons pour la circonstance.
Pour découvrir ce répertoire merci de cliquer ci-dessous :
Parlez-vous douanier ?: le répertoire
Patrick Deunet
Notes :
(* ) Voir sur ce site l’article intitulé « Le procè-verbal de Trémolet » ;
(**) Cette présentation est consultable sur ce site sous le titre « Poésie douanière et frontières littéraires (14 mars 2023) »;
(***) La plaquette initulée « Petit Glossaire douanier » est disponible à la commande via notre Boutique.