Association pour l’Histoire de l’Administration des Douanes

Les revolvers en douane depuis 1970

Mis en ligne le 1 mars 2019

Pré riposte haute avec Smith et Wesson modèle 13.
(F. ROCHE/DGDDI)

 

A la fin de la seconde guerre mondiale, l’armement des brigades est fortement hétéroclite. Les troupes d’occupation ayant parfois réquisitionné les armes des agents, les dotations individuelles sont composées d’armes tant françaises qu’étrangères : Pistolets de type Ruby ou Unique, revolvers modèle 1892, pistolet Walther PPK ou Luger P08 allemands de capture…

 

 

L’administration tente dans un premier temps de normaliser la situation en abandonnant les dotations d’armes étrangères, compliquant l’entretien et la formation. Progressivement, 3 pistolets s’imposent au sein des brigades : Unique mais surtout MAB et FN Herstal 10/22, dérivés du pistolet Browning.

 

 

En 1970, l’administration envisage néanmoins de modifier en conséquence l’armement des brigades. Engageant ainsi une lourde dépense, elle se justifie auprès de ses autorités de tutelle : elle envisage de réformer « quantité d’armes disparates » jugées « peu sûres du fait qu’elles ont été récupérés à la fin de la dernière guerre [et] ont plus de 25 ans d’âge, et bon nombre d’entre elles doivent être réformées après prélèvement des pièces récupérables qui serviront à remettre en état celles qui peuvent être d’un usage certain ».

 

Pour les « frontières les plus exposées », il est envisagé d’équiper les agents « d’armes plus adaptées aux besoins et dotées d’un calibre standardisé ». Le choix de l’administration se porte ainsi sur les revolvers Smith et Wesson dont sont déjà dotés certains agents de la police nationale : l’arme est jugée « très précise, d’un maniement très facile, d’un fonctionnement simple du fait du barillet et comportant relativement peu de pièces fragiles ».

 

1989, port du Smith et Wesson 13 par les agents de la brigade de Senlis.
(F. ROCHE/DGDDI)

C’est ainsi que l’administration envisage de se doter de 3000 armes de poing, dont 255 pour la direction de Bayonne en 1970. Ces armes, 236 SW modèle 10 en 4 pouces et 19 Chief Special 3 pouces sont reçus en décembre 1970. Ils alimenteront en 1971 les directions de Perpignan et Toulouse.

 

 

L’administration ne se limite néanmoins pas à démarcher le fabriquant Smith & Wesson. Elle contacte également la firme Colt, dont elle sollicite en juin 1971 plusieurs échantillons. 250 revolvers Colts type Detective Special seront ainsi livrés en 1972 et 1973, avec une particularité : un canon 3 pouces que le fabriquant ne commercialisait pas en principe mais qu’exigea l’administration. Ces armes, qui connaitront pour beaucoup des retards de livraison (plusieurs centaines n’étant livrées qu’en 1974) serviront à équiper les directions de la frontière suisse : directions régionales de Chambéry, Lyon et Besançon. Une partie de ces armes servira également à équiper les unités de recherche : DNED Paris, échelons SRRF de Lyon et Marseille.

 

 

Une nouvelle commande de 80 armes est passée en 1974, connaissant elle encore un retard de livraison, Colt fabriquant pendant 11 mois de l’année des canons de 2 pouces….

 

 

A partir de 1979, l’administration abandonne la commande de Colt pour commander majoritairement des armes de marque Smith & Wesson : modèles 13 en 3 pouces et modèles 36 en 2 pouces. C’est qu’aux problèmes de choix d’armes pour les personnels masculins s’ajoutent les épineuses questions liées au choix de l’arme des nouvelles recrues féminines… Ces livraisons débutent à partir de l’année 1980 et continuent en 1981 pour doter progressivement l’ensemble des directions non encore dotées.

 

 

A ce stade il convient d’ailleurs de rappeler que certains postes ne détiennent des armes de poing qu’en dotation collective, ce qui permet de ne pas équiper

chaque agent.

 

 

En 1982, l’administration tente d’acheter, en lieu et place des revolvers Smith & Wesson 2 pouces des revolvers de marque Taurus, modèle 85. Refusé par le service de contrôle des dépenses de l’Etat au motif de l’extranéité du fabriquant, le Taurus 85 finira par équiper quelques années plus tard le personnel féminin ainsi que les aviateurs.

Smith et Wesson modèle 36.

Revolver Manurhin Special Police.

1982 marque un nouveau tournant pour l’adoption du revolver : si l’administration continue d’acquérir des revolvers Smith & Wesson, elle fait également

l’acquisition de revolvers de marque Manurhin, modèle Special Police. Ces armes serviront en priorité à la direction régionale de Mulhouse. Manurhin fournira ensuite des revolvers Special Police F1 à partir de 1984.

 

 

Port du Smith et Wesson 36 par un agent féminin.
(F. ROCHE/DGDDI)

L’administration se verra d’ailleurs confrontée en 1985 à l’augmentation sensible du coup des armes Manurhin, la société traversant des difficultés financières importantes. Le chef du Bureau B/3 écrit ainsi à la société Manurhin le 16 juillet 1985 que s’il comprend la volonté de la société d’assainir sa situation, il se refuse à prendre acte de l’augmentation de 40% du prix, notant qu’il a « accepté en 1982 de changer de fournisseur dans le seul but, à l’époque, d’aider le maintien des activités de [la] société. Il est donc regrettable que [ses] conditions [l’]empêchent aujourd’hui, dans une conjoncture budgétaire difficile, de réaliser l’opération d’achat » envisagée.

Motard de la BI de Creil en 2000, équipé du Manurhin MR88X en inox.
(F. ROCHE DGDDI)

 

 

Au terme de ce bref panorama, il est paradoxal de constater que la disparité de l’armement qui avait conduit à l’abandon des pistolets s’est reproduite avec les revolvers 4 fournisseurs ayant équipé, chacun pour plusieurs modèles, les agents des douanes : Colt, Smith & Wesson, Taurus et Manurhin… L’uniformité ne sera réalisée qu’avec l’abandon du revolver au produit du PSA Sig Sauer en 2005.

 

 

Xavier RAUCH

 

Position de pré riposte haute avec un revolver Taurus.
(F. ROCHE/DGDDI)

 

 

 

 

 

 

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