Association pour l’Histoire de l’Administration des Douanes

Les motards vus par la « Vie de la Douane » en 1981

Mis en ligne le 1 mars 2022

01En avril 1981, dans un numéro spécial,  « La Vie de la douane »  retrace l’évolution de  « La surveillance douanière » depuis la fin du second conflit mondial. L’intégration des motocyclettes dans les services de surveillance entamée dès 1950 est déjà loin. La réorganisation de la surveillance en 1968 a permis  le rattachement des unités motocyclistes aux Groupes d’Intervention et de Recherche (G.I.R.) et, dans quelques cas, aux brigades de surveillance. 

 

Dans ce numéro, sous le titre  » Les motards » , un court article livre une photographie du dispositif  en place à cette époque. 

 

L’équipe de rédaction

 


 

Les motards

 

 

Le motard présente un aspect quelque peu mythique. Jean Cocteau en faisait le messager du destin dans son film Orphée. Peut-être faut-il y voir la raison du succès des motards douaniers longtemps symboles de la modernisation de notre administration. Ils étaient soumis aux feux de l’actualité, et sollicités pour toutes les cérémonies. Et puis, comme nous vivons en un siècle d’innovations techniques incessantes, progressivement on en a moins parlé. Mais ils existent bien nos motards ! La preuve : « La Vie de la Douane » les a rencontrés à Mulhouse où elle a participé à la vie quotidienne d’une unité motocycliste. Comment devient-on motocycliste des douanes ? Comment est organisée et travaille une unité motocycliste ?

 


 

Une année sur deux, huit à dix agents volontaires, du grade d’agent de constatation ou de préposé, deviennent motocyclistes des douanes à l’issue d’un stage de quatre mois à l’Ecole Nationale des Brigades des Douanes de La Rochelle.

 

Les stagiaires – dirigés par l’officier motocycliste et encadrés par trois moniteurs de l’E.N.B.D. – sont initiés aux mystères de la moto : acquisition des bases théoriques et préparation du permis moto suivies d’un entraînement particulièrement complet portant non seulement sur la maniabilité de la moto mais encore sur la vitesse, le moto-cross et même les figures acrobatiques ! Bien entendu le stagiaire acquiert également de bonnes connaissances mécaniques.

 

Les services de surveillance des douanes ont intégré les motocyclettes dès 1950. Lors de la réorganisation de la surveillance en 1968, les unités motocyclistes ont été rattachées aux Groupes d’Intervention et de Recherche (G.I.R.) et, dans quelques cas, aux brigades de surveillance. L’administration des douanes disposait au 1er janvier 1980 d’un parc de 192 motos, au service de 46 unités motocyclistes dont 43 fonctionnant au sein d’un G.I.R.

 

L’unité motocycliste est placée sous l’autorité directe du commandant du G.I.R. Elle exerce ses contrôles dans l’aire d’intervention relevant de la compétence de ce G.I.R.

 

Ainsi, les motards de Mulhouse interviennent sur l’ensemble du département du Haut-Rhin. Cette unité est composée de quatre agents motocyclistes disposant de motos BMW 600 équipées d’un émetteur-récepteur radio relié au poste de commandement opérationnel (P.C.O.). 

 

Chaque motard est chargé de l’entretien de sa moto, les révisions et les réparations étant assurées par l’atelier du G.I.R. 

 

Quoique motocyclistes, ces douaniers n’en sont pas moins associés aux missions traditionnelles de leurs collègues du G.I.R.

 

En effet, la moto reste tributaire des conditions atmosphériques. Selon les régions, elle n’est opérationnelle que huit à dix mois par an. Aucune sortie n’est possible par temps de neige, de brouillard ou de verglas; en outre, la sécurité oblige à ne pas l’utiliser pour les contrôles de nuit. 

 

S’ajoute, en ces temps d’économie, la nécessité de réduire la consommation de carburant. Tout cela limite, en définitive, le kilométrage annuel de chacune des motos.

 

«En résumé, diverses contraintes, mais de grands avantages sur. le terrain, déclare M. Dupin, chef de la D.S.R. de Mulhouse; nous nous attachons, le commandant du G.I.R. et moi-même, à favoriser une utilisation optimale de la moto».

 

Les agents participent dans beaucoup de régions, à des contrôles dits «lourds» concertés avec la gendarmerie et les contrôleurs des transports routiers de l’équipement. Ils procèdent aux contrôles douaniers habituels (examens des documents douaniers et de la marchandise, inspection de la cabine, des scellés…). Ces opérations sont l’occasion pour nos motards d’entretenir des contacts réguliers avec leurs collègues motocyclistes de la gendarmerie.

 

La majorité des contrôles s’effectue cependant par escouades de deux motocyclistes. 

 

Dans la pratique, je signe un ordre de mission arrêtant les secteurs géographiques à surveiller. Sur le terrain le chef d’escouade aura toute latitude pour déterminer l’endroit le plus propice aux contrôles», précise M. Merlet, commandant du G.I.R. de Mulhouse. 

 

Ce choix peut varier en fonction de la densité et du type de trafic routier. Les contrôles sont bien évidemment plus nombreux là où les risques de fraude sont les plus importants. Les grands axes internationaux sont donc particulièrement surveillés. 

 

 

Les motards peuvent arrêter indifféremment les poids lourds ou les voitures particulières. Mais, d’évidence, un tri s’impose. Seule l’expérience permet de distinguer le véhicule «intéressant» de celui qui ne l’est pas. Cette sélection dépendante du flair douanier est rendue plus délicate encore dans les zones frontalières comme l’Alsace où le trafic présente une grande hétérogénéité : camions placés sous régime TIR, voyageurs pour affaires, touristes, frontaliers français ou étrangers, travailleurs frontaliers, militaires des FFA, etc…

 

 

En cas de doute, ou d’infraction, le motard interroge par radio le PCO pour savoir si la personne contrôlée figure sur le fichier « fraude » . Ce renseignement lui est fourni immédiatement; notre motard peut alors verbaliser s’il y a lieu et déterminer sur place le montant de l’amende. 

 

Cette technique de contrôle ne diffère en rien de celle pratiquée par les autres unités motorisées du GIR. La moto présente toutefois des avantages importants sur l’automobile : «un conducteur qui tente de se soustraire au contrôle est aussitôt pris en chasse et rejoint dans les minutes qui suivent».

 

Enfin, la souplesse et la rapidité de déplacement des motos permettent d’assurer des contrôles sur des points géographiques différents au cours d’une seule mission. Cette mobilité, en paraissant multiplier la présence douanière, notamment sur les grands itinéraires internationaux, exerce un effet de dissuasion certain !

 

 


 

 

 

La vie de la Douane

 

N° 186

 

Avril 1981

 

 

 

 

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