Association pour l’Histoire de l’Administration des Douanes

Les insignes de grade des agents des brigades (1903-1950)

Mis en ligne le 1 septembre 2020

Grades définis en 1903. © Xavier RAUCH

La présente étude vise à fournir des repères relatifs au galonnage des agents subalternes des brigades sur la première moitié du XXème siècle. N’y seront donc pas abordés les insignes des officiers, pas plus que les grades à usage purement militaire (sergent-major et fourrier), pour lesquels le lecteur se réfèrera au très bel ouvrage de Christophe Mulé (« L’uniforme et les traditions du corps militaire des douanes en 1914-1918″). Le sergent major est désigné parmi les brigadiers formant le bataillon et porte, pour distinguer sa fonction [et non son grade] trois chevrons. Une autre fonction confiée aux sous-officiers en cas de mobilisation emporte également le port de galons spécifiques : celle de fourrier. Le fourrier arbore sur l’épaule une brisque [un demi-chevron].

Le premier texte relatif à l’habillement des agents des brigades du XXème siècle n’apporte que peu de modifications à des grades déjà bien établis depuis la fin du siècle précédent. Et pour cause, la circulaire n°3378 du 28 novembre 1903 vient avant tout apporter aux agents un nouvel effet remplaçant la tunique : le veston.

 

Grades adoptés en 1921. © Xavier RAUCH

Pourtant, ce faisant, l’Administration en profite pour modifier légèrement les insignes des sous-officiers : là où ceux-ci portaient auparavant comme les préposés un cor et une grenade garance, « l’Administration leur a donné, comme à leurs camarades de la Gendarmerie, la grenade et l’attente en argent mélangée de soie garance, ainsi que la jugulaire vernie bordée d’argent », non sans noter que ces modifications à l’apparence anodine sont apportées « au désir depuis longtemps exprimé par les sous officiers ». Il s’agit là d’un bel exemple de mimétisme envers d’autres corps ou Armes. Le képi des sous-officiers se distingue en outre également de celui des préposés par une fausse jugulaire argent, au lieu du cordon garance arboré par les derniers.

 

 

 

 

Le veston adopté en 1903 ne survivra pas longtemps à la première guerre mondiale, et l’on peut voir dans l’introduction de la tunique à une rangée de boutons en 1921 une nouvelle forme de mimétisme (circulaire du 5 juillet 1921). Les incidences relatives au galonnage sont par ailleurs fort modestes : les galons restent en « pointe de lance » mais sont réduits à une dimension de 12 mm. L’introduction de « pattes d’épaule américaine » emporte la disparition des attentes. Pour le reste, le galonnage des agents s’avère inchangé.

Grades adoptés en 1929. © Xavier RAUCH

 

 

 

 

Porteur de nombreuses modifications, souvent mal perçues par les agents des brigades, apportera elle aussi quelques modifications relative au galonnage. Ainsi, pour pouvoir s’adapter au nouveau veston qui comporte des parements de manche en botte, les galons sont désormais en forme de « V » renversés d’une largeur de 6 mm. Si le vestiaire de 1929 sera vite remplacé face aux récriminations diverses, la décision ministérielle du 22 décembre 1931 n’apportera néanmoins aucune modification aucune modification en matière de galonnage.

 

 

 

Grades adoptés en 1931. © Xavier RAUCH

 

 

La lettre commune n°1504 du 8 juillet 1938, en même temps qu’elle adopte un nouveau vestiaire – et en particulier la vareuse à col aiglon – apporte une modification notable dans les attributs de grade. Elle n’est d’ailleurs pas mineure pour l’Administration puisque ladite Lettre commune l’expose clairement. Une note au ministre du 14 juin 1938 montre d’ailleurs que la question est considérée en grande partie par rapport aux autres administrations en uniforme. On y expose que « au moment où l’importance des fonctions dévolues au service des brigades vient d’être consacrée par la réorganisation résultant du décret du 6 avril 1938, il a semblé opportun, au point de vue des attributs de grade, de doter les agents des brigades de galons à peu près identiques à ceux des militaires de la gendarmerie et de la garde mobile […]. La mesure se justifie, au surplus par des considérations d’esprit de corps, de niveau de recrutement des agents, dont bon nombre sont d’anciens militaires ayant servi au delà de la durée légale de présence sous les drapeaux, déjà traités dans les hopitaux militaires comme des sous-officiers et ne devant le salut qu’aux officiers ».

Grades adoptés en 1938. © Xavier RAUCH

 

La Direction générale avance d’ailleurs pour finir de convaincre le Cabinet du ministre que « le département de la Guerre, consulté officieusement, a fait savoir qu’il n’élevait aucune objection ». Les préposés abandonnent par ailleurs les attributs garance et la jugulaire en cuir, arborant des attributs en argent mélangés de soie-garance, comme les sous-brigadiers. Les brigadiers et chefs de poste principaux arborent quant à eux des attributs intégralement argent, et un grade similaire aux adjudants de l’Armée [comprendre de l’Infanterie], jusqu’alors l’apanage des garde-magasins.

Ces grades sont encore ceux-arborés au sortir de la seconde guerre mondiale, comme le confirme la lecture de l’édition 1950 du Manuel des brigades. Ils ne resteront pas longtemps sans modification : la seconde moitié du siècle verra son lot de modifications en matière de galonnage.

 

 

Xavier RAUCH

 

Grades décrits dans l’édition 1950 du Manuel des Brigades. © Xavier RAUCH

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