Association pour l’Histoire de l’Administration des Douanes

« Le poste des douaniers » dans la peinture française

Mis en ligne le 1 juillet 2020

Claude Monet
La cabane des douaniers. Effet d’après-midi en 1882

 

 

« Si vous avez l’occasion de visiter les côtes de la Manche et de parcourir, soit en chassant ,soit en herborisant, ce qu’on appelle la ligne des douanes, vous apercevrez, de lieue en lieue, sur les points culminants les plus avancés dans la mer, une baraque à côté de laquelle est un homme regardant le temps qu’il fait. La baraque s’appelle le poste des douanes, et l’homme un douanier. »

 

Les Masques, Mme Mathurin

J. Boucher de Perthes

 

 

Le poste des douaniers que Boucher de Perthes évoque avec un poétique humour est l’un des nombreux abris qui, au siècle dernier, jalonnaient les côtes. Souvent construits par les agents eux-mêmes, en tout cas plus ou moins soigneusement entretenus par eux, ces édifices faisaient alors partie intégrante du paysage.

 

Dénommés cabanes, gabians, pailiottes ou simplement postes, ils servaient à protéger les douaniers contre les intempéries. Certains chefs estimèrent, au début du XXè siècle, qu’il s’agissait d’un équipement périmé ; les effectifs avaient été diminués et la tendance était de compenser cette perte de moyens en accroissant la mobilité des escouades. L’objectif se mariait mal avec des stationnements prolongés sous abri !

 

Aussi décida-t’on de réformer un grand nombre de baraques-abris, nonobstant les véhémentes protestations de la presse Corporative. Les postes des douaniers cessèrent alors d’être entretenus, ce qui les vouait à une prompte disparition.

 

Et pourtant, ces modestes constructions ne déparaient pas le paysage. Sans doute présentaient-ils même un intérêt esthétique puisqu’ils attirèrent, à la fin du XIXe siècle l’attention des peintres. Claude Monet, en particulier, a peint inlassablement, à Varengeville, ce qu’il appela La Maison des douaniers. Varengeville se trouvant, au temps de Boucher de Perthes, dans le ressort de la direction d’Abbeville, on peut imaginer que le Père de la Préhistoire se plut à contempler un site dont Monet allait fixer l’image. L’une des toiles que ce peintre consacre à La Maison des douaniers constitue l’une des plus belles pièces du Musée des douanes à Bordeaux.

 

Si toutes les peintures similaires de Monet pouvaient être rassemblées et si l’on y adjoignait les oeuvres que Paul Sérusier (1864-1927), peintre de l’école de Pont-Aven, et Adolphe Beaufrère (1876-1960) ont consacrées à La cabane des douaniers du Pouldu, on réaliserait une étonnante exposition et l’éblouissante résurrection d’un aspect oublié de l’histoire douanière. Il n’est pas défendu de rêver!

 

 

 

Cahiers d’histoire des douanes françaises
N° 6 – Septembre 1988 (Numéro spécial)
Bicentenaire de la naissance de Jacques Boucher de Perthes
« père de la préhistoire » et fonctionnaire des douanes 1788-1988)

 

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