Association pour l’Histoire de l’Administration des Douanes
Électronique : « La nouvelle recrue » de 1961 (2)
Est repris ci-après le second article destiné à présenter, au tout début de l’année 1962, les caractéristiques de la « nouvelle recrue » et de ses possibilités d’emploi par l’institution douanière.
L’équipe de rédaction
Panoplie disparate que celle de la Douane : D’un côté, quelques bons vieux principes de Colbert toujours respectés, de l’autre, un ordinateur électronique.
— Pérennité donc, mais aussi : actualité.
Une transformation en profondeur, se prépare. Aussi, parait-il utile, dès maintenant, d’éveiller l’attention et de susciter l’intérêt de tous pour ce fait nouveau qu’est la mise de l’électronique au service de notre Administration.
L’ordinateur électronique est un phénomène global qui recouvre bien d’autres choses que les seuls appareils installés rue St Honoré. Comme l’automobile, il réclame une infrastructure, de l’énergie, des stations-service; transposons : des circuits administratifs, des documents exploitables, des bureaux-relais. C’est en ce sens que chacun est concerné, et non pas seulement une équipe spécialisée , dans le dessin des routes – analystes – ou la conduite de la machine -programmeurs-.
Certes, jusqu’à présent, personne n’a pu se sentir directement concerné. En effet, l’équipe électronique a investi, pour ses premières armes, un terrain déjà fortement structuré : celui de statistique. Élaborées jusqu’ici en mécanographie, les statistiques avaient donné lieu à l’implantation de Centres mécanographiques, d’un réseau d’acheminement des déclarations et des cartes perforées. Tout au plus a-t’on redessiner quelques circuits. Mais d’autres taches seront confiées à l’ordinateur : nouvelles statistiques-Transport, A.T. Entrepôt, etc… – comptabilité, contrôle du rapatriement des devises etc…
On peut donc s’attendre à ce que, progressivement, s’installent dans diverses directions des circuits nouveaux apportant les informations de base à I ‘ordinateur et remportant calculs, ventilations, états etc… pour telle direction technique de ministère, telle banque domiciliataire, pour le directeur régional, le chef de bureau.
Aussi faut-il, dès maintenant, que chacun soit dans le coup. Bien sûr, toute technique nouvelle est entourée d’une sorte de mystère qui est source de méfiance; scepticisme ou simplement indifférence. L’électronique, dans notre administration, n’échappe pas à cette règle. Il ne s’agit cependant pas d’un domaine réservé à quelques initiés. Une approche simple et dans la mesure du possible, claire, de la technologie et de l’Utilisation de l’ordinateur suffirait.
Les chroniques que nous comptons ouvrir dans ce bulletin n’auront pas d’autre objet.
L’ordinateur électronique
Généralités – l’IBM 1401
Généralités
a) Organes constitutifs.
Quel que soit le type d’ordinateur considéré, on retrouve toujours en lui trois fonctions essentielles.
– Fonction de lecture et écriture.
– Fonction arithmétique.
– Fonction logique.
lire : des cartes ou bandes perforées ; des enregistrements sur rubans magnétiques. (demain : le journal (1) ).
Écrire : sur carte en la perforant, sur bande magnétique, ou impression sur papier.
Calculer : les quatre opérations fondamentales.
Décider : Cette fonction dite « logique » lui a valu abusivement parfois l’appellation de « Cerveau ».
En fait, à la différence du cerveau humain qui prend lui-même l’initiative d’une décision, l’ordinateur peut seulement être invité à prendre option par le jeu.
1) de la comparaison
2) du test
Dans le premier cas, il peut comparer « A » et « B » et l’on peut lui préciser de faire telle chose si « A » = « B », telle chose si « A » est plus petit, ou encore telle autre chose si « B » est plus petit.
Dans le deuxième cas, on peut l’inviter à s’ interroger : n’y a-t-il plus de cartes à lire ? La bande est elle terminée ? Y a-t-il tel caractère ou telle valeur dans telle mémoire ? etc… et l’orienter selon l’affirmative ou la négative vers une chaine préétablie d’ instructions.
A la différence du matériel classique, cette double possibilité permet de traiter les cas particuliers. Pour assurer ces différentes fonctions, l’ordinateur sera donc constitué ainsi :
1) des organes d’entrée de l’information brute.
2) des organes de traitement.
3) des organes de sortie de l’information travaillée.
b) Différentes types d’ordinateurs.
Une classification, entre autres, retient l’ attention :
– ordinateurs scientifiques.
– ordinateurs de gestion.
Les premiers, destinés aux centres de recherches, aux laboratoires, ont des moyens d’entrée et sortie relativement modestes. Quelques cartes suffisent pour une mise en équation. De même, il peut suffire d’une seule ligne pour imprimer le résultat. Par contre l’organe de calcul est très développé.
Les ordinateurs de gestion, destinés aux banques, assurances, entreprises privées ou publiques voient leurs organes d’entrée et de sortie fortement développés. Il leur faut absorber des masses. énormes d’informations : milliers de polices d’assurances, milliers de comptes-clients, etc… Inversement, le plus souvent, le traitement arithmétique est simple : il s’agit d’ additionner ou soustraire (mise à jour d’un stock : solde d’un compte) ou multiplier (prix par quantité pour une facturation). L’organe de calcul demeure modeste.
L’ordinateur IBM 1401.
L’ordinateur IBM 1401 dont est équipée notre Administration appartient à ce dernier type. On retrouve les différents organes constitutifs d’un ordinateur. Au centre, une « Unité Centrale » dotée de 4 000 mémoires pouvant retenir chacune un chiffre ou une lettre, soit quelques 500 instructions qu’elle exécute grâce à son pouvoir arithmétique et logique. D’un côté, un lecteur perforateur de cartes, de l’autre une imprimante ; enfin une batterie de armoires à bandes lisant et écrivant sur rubans magnétiques.
des chiffres :
– le lecteur-perforateur lit 800 cartes/minute.
– le lecteur-perforateur perfore 200 cartes/minute.
– l’imprimante débite 600 lignes (de 132 caractères) à la minute.
– les unités de bandes magnétiques lisent ou écrivent 62 500 caractères à la seconde.
– A l’intérieur de l’unité centrale le temps d’accès d’une mémoire est de 11,5 millionième de seconde.
Le divorce est flagrant. D’un côté (entrée et sortie) on parle en « minutes » de l’autre en « microsecondes ». Si remarquables que soient les performances du lecteur de cartes ou de l’imprimante, on doit attendre quelques millièmes de secondes avant de lire la carte suivante ou avant de pouvoir imprimer la ligne suivante ; ces millièmes de seconde sont, le plus souvent largement suffisants pour que l’unité centrale exécute le traitement de la carte lue. On est ainsi en présence de deux goulots d’étranglement : entrée des cartes ; sortie des imprimés. Cela s’explique par le fait que lecture et impression mettent en œuvre des organes mécaniques. Dans l’état actuel des techniques, un palier semble atteint en ce qui concerne ces performances mécaniques. Par contre, en unité Centrale, les opérations de traitement et de calculs résultent de la circulation de courant électrique, et l’on peut atteindre des performances proches de celle de la vitesse de l’électricité. Aussi est-on conduit à recourir le plus souvent possible au ruban magnétique. Pouvant entrer en unité centrale ou extraire les informations au rythme de 62 500 caractères par seconde, des organes d’entrée et de sortie sont ainsi plus en rapport avec les possibilités de l’organe de calcul et traitement.
Les mémoires
Les mémoires constituent l’un des éléments les plus intéressants d’un ensemble électronique. Qu’entend-on exactement par « mémoire » ? Au sens large, peut être considéré comme « mémoire » tout dispositif capable de retenir une Information que l’on pourra ultérieurement consulter à volonté. A ce titre, la carte perforée est déjà, par elle-même, une mémoire. Mais il s’agit en l’espèce d’une mémoire encombrante, fragile, peu facile à compléter. La bande magnétique constitue, an même titre, une mémoire. Une bobine de bande magnétique en longueur standard de 730 mètres peut recevoir quelques 14 millions de caractères. Si l’on prend un ordinateur du type IBM 1401 avec 7 unités de bande magnétique on obtient donc un potentiel théorique de 7 x 14 = 99 millions de caractères. Après lecture ou écriture d’une bande complète, il suffit de recharger les unités de bandes magnétiques avec de nouveaux rubans pour obtenir à nouveau un potentiel équivalent à 98 millions de « mémoire » et ainsi de suite. Il s’agit donc là d’une mémoire sans limite.
Dans un sens plus restreint, on entend généralement par mémoire, le dispositif intégré dans l’ordinateur qui permet de stocker et exécuter le programme de travail. Ce type de mémoire ne répond pas aux mêmes besoins. Dans le premier cas – mémoire de stockage – telles les cartes Perforées, les bandes magnétiques, les tambours magnétiques, il s’agissait avant tout de disposer d’une vaste capacité de manière à absorber des fichiers entiers, des masses énormes d’informations. Avec la mémoire de travail, au contraire, l’objectif recherché est avant tout la rapidité. C’est dans cette mémoire que l’on charge le « programme », c’est-à-dire l’ensemble des instructions que doit exécuter la machine. En ce qui concerne la capacité, quelques milliers de mémoires suffisent. Par contre, il faut que le contenu de ces mémoires soit atteint très rapidement. En d’autres termes, il faut que la machine sache très vite ce qu’elle a à faire.
Aussi de telles mémoires sont-elles le plus souvent du type « mémoires à ferrites ». Ces mémoires font appel uniquement aux phénomènes électriques. Cette particularité explique que leur temps d’ accès soit très court : 11,5 microsecondes pour un IBM 1401. C’est précisément l’organisation, la structure, ces méthodes de travail de ces mémoires qui imposent une discipline très stricte aux équipes spécialisées dans la programmation et qui posent les limites de la mise en forme des solutions pour les agents chargés d’analyser les problèmes qui doivent être traités en électronique.
L’analyste
Deux catégories d’agents gravitent autour d’un ensemble électronique :
Les analystes, les programmeurs.
L’ action de l’analyste s’exerce sur deux plans bien distincts. Il procède d’abord à une étude en termes administratifs. Les objectifs définis au niveau de la Direction – première étape de la « Conception »- doivent en effet être repris et mis en forme. Il s’agit de répondre aux questions où, qui, quoi, comment, quand ? En d’autres termes, il convient de définir la nature du renseignement brut, la contexture de l’imprimé, la périodicité, etc.. A cet effet lorsque la matière est neuve, la Statistique des transports par exemple, l’étude préliminaire est effectuée par un groupe réunissant diverses personnes de l’Administration, voire même d’autres administrations. L’ analyste collabore aux travaux de ce groupe. Lorsque la matière est classique ou bien délimitée, cette étude est le fait des seuls analystes qui prennent les contacts nécessaires avec les services intéressés par l’objet de l’analyse. Cette collaboration à un groupe d’étude ou cette approche par enquête permet à l’analyste de situer dans leur ensemble les données du problème. Il connait ainsi les « contraintes » administratives. Grâce à la Formation qu’il a reçue chez le constructeur et à l’assistance technique qui lui est apportée ultérieurement, l’analyste est d’ autre part en mesure d’apprécier exactement les limites de la machine, c’est- à-dire « les contraintes techniques ». Il reste alors, tenant compte de ces deux catégories de contraintes, à mettre les objectifs définis en équations, en langage électronique : c’est la deuxième phase de l’analyse, elle se situe sur le plan technique.
L’étude administrative avait été traduite sous forme de schémas et organigrammes que l’on retrouve dans tous les bureaux d’organisation et de méthodes. Il s’agit Maintenant de convertir ces organigrammes en « ordinogrammes ». Ces derniers reprennent les opérations dans leurs détails et dans un enchaînement assimilable par l’ordinateur. C’est là un travail délicat, car tous les cas particuliers doivent être prévus, et toutes les hypothèses envisagées. Ce « Génial imbécile » qu’est l’ordinateur, en dépit de ses vitesses et mémoires prodigieuses se contentera d’exécuter. Prenons un exemple simpliste mais clair pour résumer les différentes étapes des travaux.
Le Concepteur décide : Paul fera des études mathématiques pour devenir ingénieur.
Le Groupe d’étude après examen, conclut : le mieux, est de diriger Paul sur le lycée xxx qui présente les deux avantages suivants : bonne préparation mathématique et proximité du domicile.
L’ analyste qui reprend l’ensemble de ces données sous forme d’un organigramme général décompose alors chaque point en fonction de l’ordinateur. Et le simple lever de Paul en terme d’ordinogramme, se traduit par une suite d’interrogations et instructions :
Est-il Dimanche ? – Oui ? Reste au lit.
Non ? Alors est-il 7 heures ?
Non ? reste au lit. Oui ? lève toi, lave toi, habille toi !
Est-il 8 heures ? Non ? prends ton temps. Oui ? vite prends la direction du métro !
tourne à gauche! tourne à droite etc
Il faut imaginer absolument toutes les opérations élémentaires. Cela implique que l’analyste connait très exactement la nature de toutes les opérations que peut réaliser l’ordinateur et comment celui-ci réagit, en d’autres termes, il doit pouvoir « programmer », mais en fait cela est le rôle du programmeur.
Le programmeur
Chaque interrogation ou chaque instruction de l’ordinogramme élaboré par l’analyste est repris et converti en codes-machines par le programmeur qui complète d’autre part, l’ordinogramme par une série d’instructions supplémentaires:
Dans l’exemple pris plus haut, il aurait introduit la question : le réveil-matin est-il remonté ? etc… L’ ensemble des instructions ainsi codées constitue le « programme ». Celui-ci est perforé sur cartes et introduit dans les mémoires par l’intermédiaire du lecteur de cartes. On procède alors à des essais sur fichier de données fictives ou réelles.
Le programmeur surveille le déroulement du programme au pupitre de l’ordinateur qui a tôt fait de manifester son incapacité à exécuter un ordre si celui-ci est aberrant.
Reprenons notre exemple à supposer que l’on ait donné, en séquence, les ordres suivants :
Descends l’escalier
Pousse la porte
Prends le sentier à gauche
Prends la tue à droite.
Que se passera-t-il ? Paul, bêtement discipliné, descendra intégralement l’escalier, prendra le couloir des caves à gauche et ira buter contre le mur. Le programmeur s’empressera alors de rectifier en introduisant un test :
Suis-je au rez-de-chaussée ?
– Non ?
Descends- toujours
Oui ?
Pousse la porte etc…
Il s’ agit donc d’un travail minutieux. Dans l’exemple choisi les redressements semblent aisés. Mais en fait, les programmes intéressent des opérations beaucoup plus abstraites : mouvements, transferts de données etc… et excessivement délicates, et tel point que le programmeur devrait demander à Paul de compter le nombre de marches à chaque palier et de confronter le résultat au nombre réel qu’on aura pris soin de lui faire enregistrer dans un coin de la mémoire. De cette façon on obtient un auto-contrôle.
Lorsque le programme, après de tels redressements, est mis au point, il peut être exploité pour une production massive de résultats.
Quelques chiffres pour conclure : les statistiques du commerce extérieur ont donné lieu à 85 programmes.
L’ordinogramme général de cette chaine de travaux a été élaboré en 1 mois.
Les 85 ordinogrammes détaillés ont demandé treize mois. La quasi-totalité des ordinogrammes ont été codés par les programmeurs.
La moitié est en cours de test et essais ou en pré-rodage.
Après cette présentation schématique de l’ordinateur, l’étude des applications douanières qui sont envisagées par notre Administration permettra à chacun d’entre nous d’être vraiment « dans le Vent Électronique ».
Applications Douanières
1) Statistiques du commerce Extérieur
Ces statistiques, jusqu’à présent, établies au moyen de machines à cartes perforées, étaient des instruments de travail intéressants mais freinées dans leur évolution par la saturation de l’actuel atelier qui travaille à la limite de ses possibilités.
Le problème était de moderniser ces statistiques pour qu’elles répondent aux divers besoins économiques et financiers, et qu’elles deviennent un instrument maniable et rapide d’information.
L’innovation due à l’ordinateur est la transformation de ces statistiques mensuelles et statiques en statistiques quotidiennes et dynamiques.
Les cartes perforées établies à partir des déclarations en douane sont chaque jour prises en charge par l’ordinateur qui les enregistre sur bande. Ces bandes sont fusionnées périodiquement pour créer des bandes cumulées mensuelles et annuelles.
Cette prise en charge journalière offre deux avantages particuliers :
a) contrôle systématique des informations.
Les informations statistiques sont vérifiées, soit sur les cartes lors de leur prise en charge, soit sur la bande quotidienne qui est confrontée à une bande type de contrôle. Ce rapprochement provoque l’exclusion des données suspectes ou erronées tels les faux numéros de nomenclature, les faux pays, les droits de douane mal liquidés, les fausses perforations et les absences de quantités complémentaires.
Dans un proche avenir l’ordinateur contrôlera la valeur des marchandises déclarées. mais cette vérification demande une mise au point très minutieuse.
Si les valeurs barèmes ne posent aucun problème particulier, il n’en va pas de même dans tous les autres cas, où il faudra au préalable, déterminer une fourchette de valeur fixant le prix Minimum et maximum des marchandises considérées.
La difficulté majeure provient de l’écartement à donner à ces fourchettes : trop serrées, elles provoqueront une série d’exclusions, trop larges, elles n’auront plus aucune signification.
Il faut donc étudier pour chaque produit les fluctuations normales de la valeur et constituer un fichier pour toute la nomenclature ; c’est un travail de longue haleine mais qui pourra donner des résultats intéressants.
Tous ces contrôles étaient déjà effectués par des sections spécialisées de la Statistique mais ils présentaient le double inconvénient d’être, d »une part, longs et fastidieux ce qui entrainait des risques d’oubli et d’erreurs, d’autre part, de s’effectuer en fin de mois ce qui obligeait à extraire des résultats statistiques toutes les erreurs relevées, entrainant de ce fait une modification certaine de ces résultats.
Ces deux inconvénients n’existeront plus.
– l’ordinateur effectuant lui-même les contrôles il n’y a plus de lassitude à craindre et le Contrôle devient systématique.
– les erreurs sont exclues au jour le jour, sous forme de « cartes-erreur » interprétées en clair et susceptibles d’être envoyées dans les différents bureaux pour rectification.
Ce système remplacera les correspondances mensuelles entre les bureaux et la Statistique, il sera plus simple et surtout plus rapide, ce qui permettra de publier des résultats statistiques plus conformes à la réalité.
Par ailleurs, les sections de contrôle, dégagées de ces tâches fastidieuses, pourront être utilement employées à des fonctions plus intéressantes.
b) Information statistique rapide.
Les bandes quotidiennes peuvent à tout moment, être interrogées sur leur contenu.
Ces interrogations peuvent revêtir des formes variées :
– échanges globaux d’un pays déterminé
– nomenclature déterminée, pour tous pays
– ou pour un pays déterminé. Il est même possible de connaître le trafic d’un bureau pour une ou plusieurs marchandises.
Cette faculté d’interroger les bandes, permet de donner au gouvernement des Informations sur la tendance générale du commerce extérieur, et des résultats au jour le jour concernant quelques produits sensibles (importations de choc, contingentements etc…).
Avantage certain pour le gouvernement, mais aussi pour les particuliers, car grâce à la Banque des Renseignements statistiques, ils pourront se procurer aisément tous les renseignements susceptibles de les intéresser.
Les Publications périodiques récemment rénovées seront mises à la disposition du public dans un délai plus court ; grâce à un procédé d’impression particulier à l’ordinateur un gain de temps d’une quinzaine de jours peut-être espéré pour les publications trimestrielles.
Ces informations concernent le commerce extérieur français seront bientôt complétées par une statistique des « Pays-vendeurs et des Pays-acheteurs » qui donnera un aperçu des débouchés extérieurs et de la concurrence des produits français à l’étranger. Cette étude établie en collaboration avec te Centre National du Commerce Extérieur, devrait simplifier la tâche des exportateurs francais en leur facilitant la prospection des marchés étrangers.
Les statistiques de mouvements de marchandises, seront complétées par une statistique nouvelle des Transports, car il est intéressant de connaître comment est transporté notre commerce extérieur.
Différents tableaux établiront les activités des divers modes de transport, en faisant apparaître les points de passage – une étude plus approfondie sera entreprise pour connaitre les transports au-delà du point de passage de la frontière, ce qui fera apparaitre la part de la concurrence étrangère et les détournements éventuels de Trafic.
Enfin, grâce à une vue d’ensemble du coût des transports il sera possible en la rapprochant des autres résultats, de rechercher les points faibles de notre équipement national et d’essayer d’y apporter un remède : c’est une collaboration précieuse de notre Administration au ministère des Transports.
Le troisième volet des statistiques du Commerce extérieur sera constitué par une Statistique financière, prévisionnelle qui regroupera les données financières des mouvements de marchandises et des Transports. Une telle synthèse financière est une innovation particulièrement intéressante dans un domaine très mal connu, et elle permettra de donner au gouvernement des renseignements précieux sur les prévisions d’entrée et de sortie des devises.
2) Contrôle des Changes et Contrôle fiscal
Notre Administration va procéder à une réforme complète du contrôle des changes.
Très prochainement de nombreuses formalités vont être supprimées (certificats d’importation, engagements de changes) et la déclaration en douane deviendra le seul élément de contrôle.
Grâce à l’ordinateur, il sera Possible par un travail mené de front avec les établissements bancaires, d »établir périodiquement :
– un bilan financier et un bilan commercial des Importations et des Exportations ventilés par pays et par client.
– La création de fichiers Importateurs-Exportateurs, permettra, tout en simplifiant les formalités de rendre les contrôles plus efficaces. Une étude comparative des valeurs déclarées et des rentrées ou sorties de devises ainsi, que la recherche des minorations ou majorations de valeur entrainant des dégrèvements ou des détaxations indues, faciliteront grandement la recherche et la répression des fraudes fiscales.
Pour son propre compte, l’Administration utilisera l’ordinateur pour assurer un Contrôle Fiscal efficace.
– Grâce à la vérification à la base des quotités de droits, de la valeur et des liquidations, le contrôle des Recettes budgétaires sera renforcé.
– Le budget des recettes douanières établi, avec un maximum de rapidité et d’exactitude facilitera les travaux annuels d’évaluations budgétaires.
Enfin une statistique spéciale des pétroles et un état des dégrèvements ou décharges de taxe à l’exportation permettra un meilleur contrôle budgétaire, tout en donnant une vue d’ensemble sur le plan économique.
3) Gestion administrative et modernisation des Rapports administration-entreprises
Prochainement, la paye du personnel déjà liquidée sur matériel classique, sera prise en charge par l’ordinateur, ce qui devrait permettre un gain de temps appréciable, tout en effectuant automatiquement l’ensemble des états relatifs à la liquidation des appointements (virements, comptabilité, montants imposables etc.. ).
Il est également envisagé de procéder à une gestion électronique des immeubles et matériels de transports (parc automobile, vedettes etc…), gestion qui faciliterait la tâche des services du Matériel, en leur donnant de nouveaux moyens d’ action.
En ce qui concerne le Personnel, on peut également imaginer une gestion automatique des cadences d’avancement, ce problème étant relativement aisé à résoudre en électronique – des études seront certainement entreprises dans ce sens.
Une application douanière très spectaculaire va être tentée pour planifier la fraude. Grâce à la création de fichiers spéciaux qui permettront d’obtenir des Informations précises sur les produits qui l’alimentent, sur les types de fraude et les points de passage les plus usités, il sera possible de réaliser une synthèse à l’échelon national.
Cette synthèse facilitera sans doute une meilleure recherche des moyens de répression par l’ évolution de l’organisation du service et de l a réglementation douanière.
Enfin, l’ordinateur va être l’Instrument idéal de rénovation des rapports entre Administration et les entreprises d’Importation ou, d’Exportation. Un premier stade déjà franchi, consiste à accepter de certaines grandes entreprises (aviation – automobile) l’établissement de déclarations et l’apurement de comptes d’admission temporaire au moyen de procédés électroniques ou mécanographiques.
L’octroi de ces facilités, conditionné à une étude en commun des problèmes administratifs et techniques par les deux parties, permet tout en simplifiait les formalités, d’instaurer un climat de confiance favorable à notre Administration. Le deuxième stade, sera peut-être le remplacement de la déclaration par une carte perforée, document directement exploitable par l’Administration supprimant ainsi tout le formalisme actuel ; mais ce n’est encore qu’un projet qui demande une longue et minutieuse gestation.
La nouvelle « recrue » que nous vous avons présentée, semble donc répondre aux besoins qui l’ont faite adopter et le programme de travail de l’ordinateur s’ avère suffisamment ambitieux pour utiliser à plein rendement son énorme capacité de travail.
Souhaitons donc que la Technique nouvelle devienne le puissant facteur de rénovation qu’elle peut être, en entrainent une modernisation de toute notre Administration pour le plus grand profit de tous les agents.
(1) Lecteurs optiques de documents dactylographiés déjà commercialisés aux U.S.A
Journal de formation professionnelle
N° 103 – janvier 1962