Association pour l’Histoire de l’Administration des Douanes
Commémorations d’Hermonville
Les douaniers missionnaires spéciaux à l’honneur
A l’initiative de la municipalité d’HERMONVILLE, localité située à quelques kilomètres de REIMS, et de la direction régionale des douanes et droits indirects de Champagne-Ardenne, une cérémonie a été organisée le dimanche 7 juin 2015 pour commémorer le centenaire de l’Ecole des Missions Spéciales implantée dans cette localité proche du front pendant la Grande Guerre.
Cet événement chargé d’émotion a permis au public de prendre conscience du rôle joué par plusieurs douaniers engagés pour servir lors de missions d’une particulière dangerosité. A bord des biplans, conjointement avec les premiers « As » de l’aviation naissante (Guynemer, Védrines), ces douaniers de l’ombre ont apporté leur contribution et parfois payé de leur vie pour éclairer les forces militaires françaises ou saboter les plans ennemis.
En présence de personnalités politiques nationales et locales, l’AHAD a rappelé le sens de l’engagement de nos aînés, ainsi que la portée de leurs contributions dans l’Histoire.
Le directeur régional des douanes et droits indirects, Denis ARSENIEFF, a dévoilé avec Madame le Maire d’HERMONVILLE, Katia BEAUJARD, une plaque commémorative qui honore l’histoire des douaniers formés dans l’école des missions spéciales implantée dans cette commune.
L’AHAD était représentée par Arnaud PICARD, qui a prononcé le discours reproduit ci-après :
Monsieur le sénateur,
Madame le Maire,
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames et Messieurs les représentants des autorités civiles et militaires,
Mesdames, Messieurs,
1915, Hermonville..
Ceux qui viennent fréquenter l’école des missionnaires spéciaux devront exécuter des missions secrètes dans le but de renseigner les autorités militaires sur l’ennemi dont les lignes sont toutes proches, voire de saboter les voies de chemin de fer pour désorganiser la montée en ligne des troupes ennemies.
Ces missions sont l’affaire de pilotes dont les faits sont aujourd’hui gravés dans l’Histoire. Mais ce sont aussi des opérations à haut risque, confiées à des volontaires qui connaissent le terrain pour l’avoir arpenté, lors de leurs patrouilles frontalières, et qui connaissent les populations pour s’être attachés dans ces régions, y avoir épouses et enfants… Ces volontaires sont, le plus souvent, des douaniers.
Ils savent qu’ils risquent leur vie en décollant depuis les terrains de Muizon, de Merval ou de Baslieux-les-Fismes, à bord des biplaces de l’aviation naissante. L’un des pilotes, l’adjudant BODIN, se souviendra quelques années après : «Notre travail à nous aviateurs était bien pâle à côté du leur, et de la somme de courage et de volonté qu’ils devaient déployer pour réussir. Ils furent des exemples d’héroïsme et de stoïcisme qu’on ne mettra jamais assez en valeur: c’étaient des hommes ! »
L’Association pour l’Histoire de l’Administration des Douanes (AHAD) a vocation à rédiger l’histoire de cette institution, en encourageant la recherche et en publiant des ouvrages consacrés à son passé.
La commémoration de ce jour nous amène donc naturellement à saluer les recherches de Damien ROCHA, auteur de « 14-18, l’aviation des missions spéciales », ainsi que celles de Gilberte TOURET, adjointe au Maire d’Hermonville et correspondante à l’Union, pour son ouvrage consacré à « Hermonville, Mémoires de la Grande Guerre ».
De son côté, l’AHAD a réédité trois ouvrages de Jacques Mortane, écrivain spécialiste de l’aviation et confident des plus grands pilotes de la Grande Guerre, ouvrages consacrés aux douaniers engagés dans ce conflit et à leurs actions d’éclat.
2015, Hermonville.
La commémoration de ce jour prend sa place dans l’Histoire. Nous rendons hommage à ces douaniers, et à leur comportement exemplaire.
Nous saluons Madame le Maire d’Hermonville et son conseil municipal, ainsi que la direction régionale des douanes et des droits indirects, réunis aujourd’hui pour cette occasion… Pour terminer, je citerai Jacques Mortane : « les douaniers n’ont jamais reculé devant le danger : ils ont toujours réclamé l’honneur de partir, même sachant qu’ils n’avaient aucune chance d’échapper à la mort.
Si l’on oublie, qu’est-ce donc que la justice ? ».
1915… 2015. Cent ans nous séparent… Nous ne vous avons pas oubliés.