Association pour l’Histoire de l’Administration des Douanes
Ernest Fort, peintre de l’uniforme des douanes, 1ère partie (1789 – 1852)
Est reproduite ici, en deux parties, une étude très détaillée des travaux d’E. Fort. D’abord publiée dans « Les Annales des douanes », elle fut reproduite sous une forme plus condensée dans le numéro 19 des « Cahiers d’histoire des douanes » d’octobre 1998. Nous ne résistons pas au plaisir de reprendre les mots de Roger Corbaux qui introduisaient cet article à cette époque:
« Tous les douaniers qui recevaient autrefois « La Vie de la Douane » connaissent évidemment les aquarelles de Fort qui accompagnèrent chaque parution et beaucoup les ont collectionnées.
A l’intention des plus jeunes de nos collègues qui n’ont pas eu cette chance, il a paru utile de rappeler ce qu’est cette collection et qui était son auteur ».
L’équipe de rédaction
Ernest Fort a toujours porté le plus vif intérêt à certains aspects de la vie des brigades. Son existence passée parmi les livres, dans ces merveilleux domaines de l’esprit qu’aucun horizon ne borne parce qu ils sont infinis, le portait, par un tour naturel, à la découverte des traits mal connus d’une administration au caractère si particulier, qui plonge ses racines fortement dans le passé et à laquelle des liens familiaux très puissants l’attachaient.
Lettré, amateur et collectionneur sagace, membre de la Sabretache, passionné d’histoire, il s’adonna à de multiples et fort longues recherches sur les transformations, depuis qu’elle fut créée, de la tenue des agents des douanes. Le fruit de ses patients efforts est concrétisé par un volume dont il n’existe qu un seul exemplaire, tout entier écrit de sa main. On songe, en le feuilletant, à l’art précieux des manuscrits du Moyen-Age.
La documentation en est précise, minutieuse ; elle est appuyée de nombreux dessins à la plume, rehaussés de couleurs, qui illustrent un texte nourri, attentif au détail parce que constamment soucieux d’être exact.
L’ensemble forme un ouvrage du plus haut intérêt pour les annales des douanes françaises, car, à travers les modifications successives de la tenue des agents actifs et sédentaires, on découvre, non sans surprise parfois la vie même des diverses époques, les changements de régime et la marque des événements politiques ou militaires du moment. Si bien que sous les coloris variés dont s’est orné, au cours des cent cinquante dernières années, le tissu dont on fait l’uniforme de douanier, c’est la tranche même de l’histoire qui apparaît.
Manifestement, M. E. Fort s’est livré à ses recherches avec tout son coeur. Dans une très belle préface, M. Bucquoy, docteur es lettres, qui a été témoin de son beau labeur, constate, que l’auteur connaît « à fond » son sujet, «le corps des douanes», et qu’il l’aime. « Petit fils d’un combattant du Premier Empire qui fût quelque temps brigadier des douanes, vous avez vu pendant quarante ans votre père suivre avec honneur cette carrière et se retirer en 1878 avec l’épaulette de capitaine. N’est ce point dire que tous vos souvenirs de jeunesse vibrent au seul nom de ce corps, et que vous unissez dans un même sentiment votre profonde admiration pour le rôle héroïque du douanier et votre pieuse vénération pour un père tendrement aimé.» Ces quelques lignes donnent à l’oeuvre son sens vrai. Elle apparaît avant tout comme un hommage au corps des douanes. Et c’est un hommage si précieux qu’il nous a semblé répondre à la pensée de ce fils et petit-fils de douanier, en donnant à nos lecteurs une analyse aussi complète que possible de son travail fait d’érudition, d’un effort patient et d’un sentiment d’émotion de la plus haute qualité. Nous publierons en même temps, pour illustrer le texte, des reproductions de quelques-uns des dessins si vivants par lesquels M. E. Fort témoigne que le savant qu’il fut était doublé d’un véritable artiste.
M. E. Fort a consacré plusieurs années à son étude. Il a voulu qu’elle repose sur une documentation exacte. Cependant, la tâche n’était pas aisée : elle ne pouvait réussir que par la rencontre exceptionnelle et nécessaire de plusieurs circonstances favorables. L’auteur nous le dit lui-même en nous indiquant ses sources dans une courte introduction.
«Il fallait, pour entreprendre et mener à bien un travail de ce genre, des notions spéciales d’uniforme et posséder ou connaître les sources où il était possible de puiser le document graphique irréprochable. Nous occupant exclusivement de notre passé militaire et recherchant sans cesse le moyen d’augmenter et de perfectionner nos collections, nous sommes en relations suivies avec tous les chercheurs et collectionneurs en la matière… Nous avons, en outre, consulté le recueil dit «du Bourgeois de Hambourg», les planches gravées de Martinet, les dessins de Raffet, la collection Valmont à la Bibliothèque nationale; les lithographies de Laiaisse, les souvenirs personnels laissés par notre père et notre grand-père, ceux d’un grand nombre d’officiers et de douaniers en retraite, nos dessins pris sur le vif, tel est encore l’appoint supplémentaire que nous avons apporté dans l’exécution de notre travail. » En faisant ainsi dune «documentation sûre» la base de son ouvrage, M. Fort lui a conféré une valeur historique et scientifique certaine.
Dans l’histoire de l’uniforme du personnel des douanes, M. Fort distingue huit périodes : 1791 à 1815, 1815 à 1835,1835 à 1845, 1845 à 1852, 1852 à 1870, 1870 et 1871, 1871 à 1904 et 1904 à 1910. Elles marquent les étapes principales des modifications successives de la tenue, et plus d’une fois, on le constatera avec l’auteur, ces changements sont dus aux événements importants de l époque.
Entre 1791 et 1815 se placent les années si mouvementées de la Révolution, du Consulat, de l’Empire et de la Restauration. On sait que le statut organique de l’Administration des Douanes découle de la loi du 5 novembre 1790 qui supprimait les droits de traite dans tout le Royaume pour reporter les douanes à la frontière. Auparavant, c’est-à-dire sous l’Ancien Régime, la perception des divers droits, aides, traites, etc., était confiée aux fermiers généraux dont l’esprit et les pratiques n’avaient souvent aucun rapport avec la notion de grand service public. Constituée en service d’Etat, cette administradon, en raison même de sa mission et des procédés mis en oeuvre pour la remplir, devait pourvoir son personnel d’un signe distinctif.
Aussi, la loi des 6-22 août 1791 attribue-t-elle aux agents du service actif des douanes «une bandoulière avec plaque portant en exergue « Police du commerce extérieur. La Nation, la Loi, le Roi ». Ce fut la l’origine de l’uniforme ; effort d’assez peu d’imagination, on en conviendra.
«L’uniforme complet ne vint que plus tard, expose M. Fort, ordonnancé par l’arrêté du 14 février 1800 (25 pluviose an VIII). Cet arrêté donnait à tous les agents du service actif, depuis et y compris le grade de capitaine, une tenue militaire dont ils devaient se pourvoir à leurs frais.» «Cet uniforme consistait en un habit de drap vert, doublé de même ; collet montant et rabattu, parements fermés par trois boutons, poches en travers garnies de trois boutons, gilet rouge, culotte verte, boutons en cuivre jaune portant ces mots : République française. Douanes nationales. Les officiers, au lieu de baudrier, un simple collet jaune pour les distinguer de leurs subordonnés.» Un peu plus tard, un décret du 7 frimaire an X (28 novembre 1802) fixait la tenue des fonctionnaires du cadre sédentaire, y compris le directeur général, les administrateurs, le secrétaire général et les directeurs. Ce texte, explique M. Fort, «donnait à tous, en même temps qu’une arme, un habit croisé de drap vert avec le pantalon ou culotte de même couleur verte, gilet blanc ou vert, chapeau français. L’habit était plus ou moins rehaussé de broderies suivant le grade». Le même décret modifiait les insignes de grade des officiers, le collet jaune du règlement précédent n étant pas très décoratif. Dorénavant, les contrôleurs des brigades porteraient un galon simple au collet et double aux parements. «Les capitaines recevaient un galon double aux parements, mais ne portaient rien au collet ; les lieutenants principaux et d’ordre un galon simple aux parements : les lieutenants, deux boutonnières au collet en galon d’argent ; les sous-lieutenants, deux boutonnières de même à chaque purement. »
Ce règlement demeura en vigueur jusqu’en 1815. Mais il finit par donner lieu à une application un peu fantaisiste. L’armée montrait, d’ailleurs l’exemple, car il était alors de bon ton chez les officiers d’ajouter, au dessin réglementaire des uniformes, des ornements au gré et au goût de chacun. La Douane donna naturellement dans ce travers, si bien que, écrit M. Fort, «on vit bientôt apparaître des gilets de diverses couleurs, des habits passepoilés, des collets ornés de pattes et de boutons, des pompons, des plumets de toute forme et de couleurs variées à l’infini.» «La Douane, poursuit M. Fort, eut pendant assez longtemps un corps à cheval détaché dans le Nord et dans l’Est. Ces cavaliers avaient à leur début l’uniforme des faibles différences. Le gilet vert était tressé à la hussarde ainsi que la culotte ; le chapeau surmonté d’un haut panache blanc et vert et les petites bottes garnies d’un gland. L’équipage du cheval était composé d’une schabraque en peau de mouton à dents rouges. L’armement du cavalier comportait deux pistolets d’arçon, un sabre et un mousqueton. Le douanier à pied avait le fusil à silex et le sabre-briquet. Deux baudriers blancs croisaient sur la poitrine, l’un supportait la giberne, l’autre le briquet. Celui qui portait le sabre-briquet avait le plus souvent une plaque de métal blanc ou jaune à dessins variés, combinés, arrangés selon les goûts de l intermédiaire chargé des achats d’équipement. Dans la composition de ces dessins de plaque entraient l’aigle, l’oeil à rayons, attribut de la douane, un phare, des ballots, des navires de mer, etc. Le bouton de la Douane, jaune au début, devint blanc, à partir de l’an X. Celui de l’Empire avait une aigle surmonté d’un oeil à rayons. «L’uniforme des tambours de la Douane ne différait guère de celui du simple préposé ; les cercles de caisse étaient bleus, rouges ou tricolores.» S’il faut en croire Boucher de Perthes, inspecteur sous le Premier Empire, les tambours de la Douane étaient réputés. M. E. Fort le rappelle en reproduisant l’extrémité suivant d’une lettre que ce fonctionnaire supérieur écrivait de Gênes au mois de mai 1806 : «Pour les processions, la musique militaire la plus bruyante est la plus recherchée, la vogue des tambours n’est pas moins grande. Ceux des douaniers, qui passent pour les meilleurs de la garnison, peuvent gagner en un jour autant que leur paye d’un mois… Aussi faut-il voir comme ils sont devenus dévots.»
En vertu des lois de l’époque révolutionnaire, les douaniers étaient dispensés de tout service militaire, mais Napoléon en fit, à la vérité, de véritables soldats, car, c’est encore Boucher de Perthes qui nous le dit, il en «couvrit» les frontières terrestres et maritimes. «C’était 25 000 douaniers que le César moderne ajoutait à ses légions. Anciens militaires pour la plupart, ces hommes maniaient non mois bien la baïonnette que la sonde et le plus souvent c’était du premier instrument seul dont on les armait. Aussi, dans les derniers temps de l’Empire, la consommation des préposés des douanes était tout aussi grande que celle des autres troupes, si elle ne l’était pas davantage, car placés partout aux avant-postes, il n’y avait, pour ces malheureux, ni paix ni trêve. Quand ils n étaient plus en présence des armées ennemies, ils étaient en face de populations exaspérées par les lois près desquelles celles de Dracon étaient la douceur même… »
Les douaniers entraient donc en campagne comme les troupes. Ils portaient alors «le shako et l’épaulette et chaque grade avait les attributions de celui correspondant dans la ligne. Cependant, si le gros shacko fît son apparition sous le Premier Empire, le chapeau continua à être porté par le plus grand nombre des préposés. La plaque, qui décorait le devant du shako, variait de forme dans chaque légion ou division et peut-être même par fractions moins importantes d’unités réunies. Mais le dessin de ces plaques est toujours inspiré par l’aigle et l’oeil à rayons.
La Restauration s attacha tout d’abord à remplacer les insignes de l’Empire par ceux de la Royauté. Une circulaire du 21 avril 1814 informe les directeurs que «la cocarde blanche redevient la cocarde nationale». Les chefs et préposés des brigades devront, en conséquence, porter « la cocarde uniforme en basin blanc, plissé. Les aigles placées sur le devant des shakos et sur les pans retroussés de l’habit doivent disparaître. Les boutons devront aussi être changés le plus promptement possible…» Cependant la réorganisation des nouvelles lignes de douane entraînait l’amalgame, dans les brigades, des unités venues des anciennes directions de Hollande, de Belgique et d’Italie et réunit ainsi des agents dont la tenue manquait d’uniformité. Chaque région avait marque son particularisme par quelque détail dans la tenue du personnel, si bien qu’il apparut nécessaire de remédier à trop de diversité. Ce fut l’oeuvre du règlement du 25 février 1815 qui «conserve encore l’habit surtout boutonné droit par neuf boutons, mais dont la forme en est un peu changée sur le devant ; parements fendus et pans retroussés, la veste de drap blanc à poches factices et taillées en faites ; le pantalon vert et la demî-guêtre noire sans floche ni liseré restent ceux du premier règlement». Les lieutenants et sous-lieutenants sont autorisés à porter la batte, mais la guêtre reste obligatoire dans les inspections et les revues. Le shako remplace le chapeau pour les préposés et les sous officiers, le chapeau étant ré-serve aux officiers. La capote est gris bleu, du modèle de l armée,avec une seule rangée de boutons blancs. L’armement comprend le fusil, le sabre-briquet ; l’équipement, la giberne, le porte giberne et le baudrier. Les cavaliers portent «l’habit vert à revers et à retroussis» comme celui des chasseurs, de gilet rouge,le pantalon et la botte à la hussarde.» Une schabraque en drap vert bordée d’un galon de fil blanc est ajoutée a. celle de peau qui ne sert qu’en petite tenue et en tournées.» Le retour de Napoléon de l’île d’Elbe ramena la cocarde tricolore et l’aigle qui se substituèrent à.la cocarde blanche et à la fleur de lys ; mais lorsque Louis XVIII reprit le pouvoir, le même changement s’opéra en sens inverse « les retroussis des habits se garnirent aussi de fleurs de lys, et, cette fois,d’une manière définitive jusqu’en 1830″.
Le douanier de Louis XVIII n’est pas celui de Napoléon. Les longues guerres de l’Empire avaient creusé de larges vides dans les rangs des hommes en âge de porter les armes. Aussi, après cette période, le recrutement des douaniers avait rencontré des difficultés et beaucoup d’entre eux étaient d’anciens soldats blessés, plus ou moins valides. Bien des agents, vieillis, portaient mal l’uniforme et les brigades de la Restauration ne rappelaient certes pas «les magnifiques et solides divisions douanières de Napoléon».
La circulaire du 12 avril 1827 apporte quelques modifications de détail dans la tenue. Le shako (coiffure) est plus droit, donc moins évasé vers le haut. «Le bonnet de police et la casquette de drap vert garnie de sa coiffe se portent en petite tenue». L’habit ne doit comporter ni liseré ni passe poils. Comme les agents paient de leurs deniers leur uniforme et les objets d’équipement, comme d’ailleurs leurs armes, et que cette dépense est fort lourde pour leur maigre budget, le règlement de 1827 crée, en effet, une petite tenue: gilet rond à manches en drap gris bleuté et à un rang de boutons, avec collet , pattes d’épaules et parement verts. Le prix en est de 20 francs. Un pantalon gris bleuté à passe poil vert et la casquette complètent cet uniforme. La capote reçoit un collet vert; elle coûte 56 francs. La nuit, les agents portent un grand manteau-cape dont le prix est de 60 francs. Le sac en peau se paie 9 francs; le carnier, 13 francs; le fusil, 36 francs; le sabre, 8 francs et la giberne (équivalent d’une boîte à cartouches) 4 francs; or le douanier recevait un traitement annuel de 600 francs. L’achat de l’uniforme, des objets d’équipement et des armes constituait donc, pour le préposé et le sous-officier une charge très lourde; plus lourde encore pour le cavalier dont le manteau vaut 100 francs, le pantalon 30 francs, le shako 14 francs, la schabraque (pièce de drap ou de peau de mouton destinée à recouvrir la selle et la charge) 20 et 40 francs selon la tenue, la carabine 30 francs, le sabre 24 francs.
En 1829, le chapeau est supprimé pour les officiers. Ceux-ci porteront désormais le shako du modèle règlementaire, orné d’un galon d’argent dont la largeur varie avec le grade. «La calotte et la visière seront en cuir verni, le bourdaloue (6) en velours noir, la cocarde, en argent, la plaque et la jugulaire, en cuivre doré.»
Après la chute de Charles X, la cocarde redevient tricolore, les fleurs de lys disparaissent et sont remplacées par les mots ‘Douanes françaises’, avec une double palme de lauriers et d’olivier. Sous Louis-Philippe, « la plaque de shako représente un coq entouré de feuilles de chêne et de laurier avec soubassement et les mots ‘Douanes françaises’. Le fusil du voltigeur remplace l’incommode fusil à silex.
Malgré les prescriptions règlementaires, l’uniformité n’avait jamais été réalisée dans la tenue. Des différences existaient de direction à direction. M. Fort nous en donne la raison: « Si tous les douaniers se reconnaissaient à l’ensemble du même habit et du même pantalon de couleur verte, dit-il, la coupe de ces effets devait forcément varier dans chaque direction puisqu’il n’existait pas un modèle-type. »
Les années passant, la physionomie du douanier se transforme. Les anciens agents fatigués, péniblement recrutés après 1815, ont disparu. Le préposé, observe l’auteur, «conserve la lèvre supérieure rasée, il a le plus souvent des favoris, d’aspect plus bourgeois que militaire. Quelques timides moustaches apparaissent cependant chez les nouveaux admis, libérés de leur service militaire de sept ans. Ces derniers apporteront dans la Douane, avec les solides qualités d’endurance et de finesse du soldat d’Afrique, une allure plus militaire que celle des prédécesseurs de 1816 à 1825, et une aisance à porter l’uniforme oubliée depuis le type cocardier de l’Empire.
En 1835, un règlement nouveau adopte les mesures jugées heureuses et déjà en vigueur dans certaines directions; il tend, en outre, à réaliser l’uniformité de la tenue. «L’habit est conservé tel qu’il est, mais il sera rehaussé d’un passepoil garance, (couleur rouge, tirée de la plante éponyme) les retroussis recevront une étoile d’argent pour les officiers et en drap garance pour les employés. Le changement le plus important consiste dans l’adoption du drap bleu piqué de 6% de blanc pour la confection du pantalon qui sera en outre passepoilé de garance. Le shako droit, modèle de l’infanterie légère, aura un galon de pourtour garance pour la troupe et d’argent pour les chefs. L’épée à poignée dorée devient l’arme des directeurs, inspecteurs et sous-inspecteurs; les capitaines et lieutenants seront armés du sabre d’officier d’infanterie; les agents du service actif conservent le fusil, le sabre-briquet, la giberne sans ornement, les buffleteries (c’est à dire les pièces de cuir) en croix sans piqûres. Les broderies déterminées par l’arrêté du 7 Frimaire an X (28 novembre 1802) sont maintenues au collet, au parement, aux pattes de poches et en écusson aux boutons de la taille pour les directeurs. Pour les inspecteurs, mêmes ornements, sauf aux pattes de poches. Les sous-inspecteurs auront les mêmes broderies, mais elles ne prendront que le quart du parement qui devra être entouré d’un galon brodé sur l’étoffe. Les contrôleurs de brigades, même broderie, mais au quart du collet qui sera entouré d’un galon brodé sur l’étoffe; les lieutenants principaux, double galon brodé sur l’étoffe du collet et les lieutenant d’ordre un simple galon brodé sur l’étoffe au collet. Les brigadiers orneront leurs manches d’un double galon soie et argent placé en chevrons au-dessus du parement et les sous-brigadiers, d’un galon simple placé comme pour le brigadier.» Des modèles-types sont adressés à chaque directeur afin que l’uniformité nécessaire soit enfin rigoureusement obtenue. Quelques modifications sont apportées à ce règlement par la circulaire du 24 juillet 1840. «Le galon de brigadier et sous-brigadier devient en argent plein… Les guêtres en cuir sont autorisées à titre d’essai. Le pantalon et les guêtres écru remplacent en été le pantalon et la guêtre en étoffe de coton gris-bleuté. Les lieutenants, les capitaines et les chefs supérieurs porteront à l’avenir, sur les coutures extérieures du pantalon, un galon en argent variant de largeur suivant le grade. Les directeurs auront le chapeau à plumes noires et cette coiffure restera facultative, mais sans plumes, pour les capitaines en petite tenue.» En 1844, le fusil voltigeur est remplacé par le fusil à percussion en service dans la gendarmerie; en outre, dans certains postes, les préposés sont armés du pistolet à percussion.
En 1845, on note un effort de modernisation. Une circulaire du 6 février adapte l’uniforme au port du ceinturon. «La capote est à taille mais assez ample. La giberne, sa banderolle et le baudrier du sabre, le shako en feutre, le bonnet de police et le képi sont supprimés et remplacés par la cartouchière, le ceinturon en cuir, le shako-képi et la casquette-képi… Le havresac est également supprimé et remplacé par le carnier.» Le shako en feutre des officiers est remplacé par le shako-képi. «La petite tenue des officiers de tous grades doit se composer d’une capote en drap vert sans broderies de la coupe des officiers d’infanterie de ligne, d’un pantalon gris-bleuté passepoilé comme celui des préposés, d’une casquette-képi avec tresses en argent selon le grade.»
« Les Annales des douanes » n° 52 du 26 décembre 1940