Association pour l’Histoire de l’Administration des Douanes

Les réunions douane – magistrature

Mis en ligne le 1 septembre 2021

L’article publié dans le journal La vie de la douane en 1979 (J.F.P. n°179) retrace l’origine des journées d’études douane – magistrature, organisées pour la première fois en 1975 sous l’égide de M. Jacquemart, sous-directeur en charge des questions juridiques, contentieuses et de la lutte contre la fraude.

 


 

Des résultats fructueux

Les journées d’études douane-magistrature ont été organisées pour la première fois en 1975, pour que soient examinés au niveau régional, à la faveur des questions posées par les magistrats et des cas d’espèce soumis à leurs juridictions, les problèmes particuliers soulevés par l’application du droit pénal douanier.

 

L’objectif était ainsi de surmonter, grâce à une meilleure information entre service douaniers et magistrats, les difficultés qui pouvaient naître à l’occasion des poursuite judiciaires engagées pour la répression des infractions douanières et de change.

 


 

M. Jacquemart

 

Ces journées d’études sont le prolongement normal au plan régional des relations confiantes et amicales qui se sont instaurées depuis plusieurs années entre les services de la chancellerie et ceux de la direction générale des douanes. Ces relations se sont d’abord établies à l’occasion des diverses réunions interministérielles consacrées à l’étude des projets et conventions internationales, des textes communautaires et des textes législatifs ou réglementaires intéressant directement ou indirectement l’administration des douanes ; elles se sont développées plus récemment au sein du groupe de travail créé pour l’élaboration de l’instruction commune sur les poursuites judiciaires en matière douanière et cambiaire. Elles se sont naturellement poursuivies pour examiner les difficultés que pouvait soulever l’application de la loi du 29 décembre 1977 accordant des garanties de procédure aux contribuables, laquelle, en particulier, organise sur des bases nouvelles les rapports entre les services douaniers et les autorités judiciaires.

L’intérêt de telles rencontres peut s’expliquer aisément. En premier lieu, il faut bien reconnaître que, faute d’information de notre part, le droit pénal douanier, droit spécial, était parfois mal connu quant à ses finalités de ceux qui étaient appeler à le traiter au niveau judiciaire.

Les pouvoirs dévolus aux agents des douanes, la force probante attachée à leurs procès-verbaux, les présomptions légales d’infraction résultant par exemple de la réunion d’éléments matériels tels qu le transport ou la détention, sans justification d’origine, de certaines marchandises alimentant des trafics frauduleux, étaient mal compris. Il n’apparaissait pas toujours clair que les particularités du droit pénal découlaient du caractère très fugitif de l’infraction douanière qui ne peut généralement être constatée qu’au moment du franchissement de la frontière.

 

LA NECESSITE D’UNE CON­CERTATION

 

Dans le même ordre d’idées, il de­venait de plus en plus opportun d’expliquer les difficultés rencon­trées par les services douaniers pour constater des fraudes élabo­rées d’une manière toujours plus astucieuse à la faveur des régle­mentations nouvelles nationales ou communautaires souvent com­plexes et des facultés accordées pour développer les échanges in­ternationaux. Il était bon aussi d’informer les magistrats des ca­ractéristiques des plus graves in­fractions relevées et de leurs con­séquences (versement d’avantages indus portant sur les montants compensatoires monétaires, les restitutions à l’exportation, la constitution d’avoirs à l’étranger sous le couvert de transferts fi­nanciers ayant comme supports de subtiles majorations de valeur de marchandises importées, par exemple).

 

La nécessité d’une concertation entre les magistrats et les agents des douanes se faisait également d’autant plus sentir que le code des douanes, jusqu’à la loi du 29 décembre 1977, contenait des dis­positions contraires aux nouveaux textes libéraux du code de procé­dure pénale en matière de déten­tion provisoire et, surtout, limitait considérablement le pouvoir d’ap­préciation des juges au moment où le législateur leur accordait des pouvoirs accrus notamment par la loi du 11 juillet 1975, pour indi­vidualiser les sanctions applicables aux délits de droit commun.

 

Réunion douane – magistrature

Enfin, il fallait que s’établisse une meilleure information réciproque sur les responsabilités incombant respectivement à l’administration des douanes et au ministère public dans le domaine de la répression des infractions douanières. Telles sont les principales préoc­cupations qui ont conduit à l’or­ganisation de journées d’études douane-magistrature.

 

UN CLIMAT DE MUTUELLE COMPREHENSION

 

Les chefs de service interrégio­naux et directeurs régionaux des douanes en liaison avec les premiers présidents et procureurs généraux des cours d’appel réunissent donc périodiquement les responsables des services douaniers régionaux, les magistrats qui ont à connaître des procès douaniers et les fonc­tionnaires de la direction générale des douanes et droits indirects. Participent également à ces réu­nions un représentant du minis­tère de la justice, le chef de l’agen­ce de poursuite de la direction na­tionale des enquêtes douanières et le chef des services de police déta­chés auprès de cette direction na­tionale.

 

L’ordre du jour de ces réunions établi à partir des questions po­sées par les magistrats intéressés est généralement consacré aux questions évoquées ci-dessus, mais depuis 1978 les dispositions de la loi du 29 décembre 1977 sont éga­lement examinées. Ce sont plus spécialement celles concernant les nouvelles relations qui doivent s’instaurer entre les services doua­niers et les autorités judiciaires pour l’exercice du droit de tran­saction après engagement des poursuites et pour l’octroi de re­mises totales ou partielles des sanctions fiscales, après jugement définitif.

 

Précédée d’un court exposé intro­ductif des représentants qualifiés de la direction générale, chaque question donne lieu à un débat très ouvert où sont confrontés, en toute franchise et dans un climat de mutuelle compréhension, les divers points de vue. L’intérêt que suscitent certaines questions se prolonge d’ailleurs souvent au cours des échanges de vue qui s’en­gagent tout le long du repas amical qui clôture ces rencontres.

 

Les journées d’études douane-ma­gistrature contribuent ainsi à développer des relations amicales entre responsables des services douaniers et magistrats afin que des rapports suivis et empreints de confiance soient entretenus au plan local pour surmonter les difficultés qui pourraient apparaî­tre à l’occasion de certaines affai­res dans le respect mutuel des res­ponsabilités incombant aux uns et aux autres.

 

Leurs résultats ont toujours été très fructueux. C’est ainsi qu’à partir des observations formulées par les magistrats à l’occasion de ces réunions, la direction gé­nérale des douanes et droits indi­rects en accord avec la direction des affaires criminelles et des grâ­ces a été conduite à modifier ou compléter certaines dispositions de l’instruction commune sur les poursuites judiciaires des infrac­tions douanières et de change, concernant les modalités de mise en mouvement de l’action fiscale.

 

Après quelques années d’expérien­ce, il m’est agréable de constater que les objectifs assignés à ces réu­nions ont été atteints.

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M. Jacquemart

 


 

La Vie de la Douane

 

n°179

 

Mars 1979

 


 

 

 

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