Association pour l’Histoire de l’Administration des Douanes
Un motard ? Qu’est-ce donc ?
Nous vous invitons à partager la lecture de cet article paru en octobre 1954 dans lequel M. Rossi, à l’époque Moniteur à l’Ecole des Brigades à Montbéliard, délivre une véritable « profession de foi du motard des douanes »; une déclaration pleine de conviction et d’authenticité.
L’équipe de rédaction
« Un motard ? Qu’est-ce donc ? »
C’est là une question qui bien des fois m’a été posée soit par des camarades ou des usagers de la route, soit par de jeunes Préposés-Stagiaires récemment arrivés à l’Ecole des Brigades de Montbéliard.
Pour eux tous, un « motard » est un espèce de téméraire qui fonce à « travers le brouillard », comme un fou, sur une motocyclette et, c’est tout …
Je vais donc essayer de donner là signification que résument ces quelques lettres pleines de vie et de pensées et vous dire la joie de celui d’entre-nous qui peut se dire secrètement: oui, je suis un vrai « motard ».
Un motard, c’est d’abord un agent qui a les qualités nécessaires et les connaissances indispensables pour Piloter avec douceur, calme et sang-froid, en tous lieux, tous temps et toutes circonstances, une motocyclette rapide et puissante. C’est celui qui, tel un cavalier mène sa monture avec une « main d’acier dans un gant de velours », conduit une moto, a constamment la maîtrise des réactions toujours possibles de celle-ci. C’est le pilote qui a, en outre, à tout instant, l’assurance de ses propres réflexes par un équilibre physique parfait. C’est encore un être dynamique, sportif, résistant et plein de santé.
Un vrai motocycliste est aussi celui qui a des connaissances assez étendues sur les organes essentiels qui composent la mécanique, auxiliaire précieux dans ses déplacements fréquents, parfois longs et rapides, de jour comme de nuit; ceci afin de remédier par ses propres moyens à toutes espèces de pannes qui nous guettent et peuvent surgir à tout instant.
Celui qui ne possède que ces qualités n’est pas digne de prétendre à ce titre. Mais un « Motard » n’est pas seulement cela. Un « motard » c’est plus encore, et c’est surtout posséder un esprit d’équipe et d’abnégation.
Qu’est-ce « l’esprit motard » ? Et bien, c’est le plus bel esprit. C’est être charitable, courageux, dévoué et serviable. C’est avoir le caractère ouvert, être franc et loyal avec soi-même et ceux qui vous entourent. Avoir l’esprit Motard c’est être discipliné et coquet, c’est savoir faire contre mauvaise fortune bon coeur et aussi être gai.
Courageux ? Oui, car le vrai motard n’hésite pas devant ses propres devoirs et ne marchande pas sa peine à l’ouvrage.
Serviable ? Oui encore, car il aime à donner partout où l’occasion se présente, sans pour cela nuire à ses obligations, un coup de main à quelque usager en panne, ou à ses camarades si ceux-ci ont des ennuis mécaniques soit sur route soit au moment de la rentrée au poste.
Charitable, dévoué ? Quoi de plus naturel pour lui que l’aide qu’il procure, que l’indulgence qu’il manifeste envers ses collègues et amis, en un mot être disposé à leur rendre service en toutes circonstances;
Discipliné ? Oui encore car il a librement consenti dette règle de conduite qui lui a été tracée par ses anciens. et dont il a tout de suite compris la nécessité absolue..
Coquet ? Là encore il sait que c’est une qualité qui est l’image du plus profond de lui-même et que ce n’est pas seulement du « vernis de parade ».
Gai enfin, car c’est sa gaieté même qui l’aidera à.supporter tous ces petits ennuis journaliers, à surmonter les peines qui pourraient un jour l’accabler.
C’est tout cela réuni qui pourra nous permettre d’être un « vrai motard ».
Hélas nul n’est parfait et pour posséder toutes ces qualités c’est parfois long et difficile, il nous faut une volonté ferme, faire pas mal de sacrifices. Mais à qui veut, rien n’est impossible dans ce domaine et si nous ne pouvons toutes les réunir aujourd’hui, tâchons de les acquérir dans l’avenir. C’est ce but que nous nous sommes engagés d’atteindre quand nous avons reçu notre « plaque motocycliste ». Nous ne resterons pas en chemin et nous nous élèverons, les uns d’abord, d’autres ensuite, afin de mériter la confiance dont nous sommes dépositaires.
La remise des motos aux nouveaux motards (1954)
Et un jour, je l’espère nous serons tous de' »Vrais Motards » car si nous possédons tous, aujourd’hui les qualités premières qui nous ont fait choisir pour notre belle fonction, nous avons tous quelques qualités morales à créer ou à développer en nous. Lorsque nous y serons parvenus, nous pourrons nous dire fièrement et avec la satisfaction du devoir accompli : « Maintenant, je suis un Vrai Motard ».
M. Rossi
Moniteur à l’Ecole des Brigades
Montbéliard
Journal de Formation Professionnelle
N° 41
Octobre 1954