Association pour l’Histoire de l’Administration des Douanes

Sur la ligne : de Mondorff à Schengen …

Mis en ligne le 1 novembre 2023

 

Situé sur la frontière entre la France et le Luxembourg, à quelques kilomètres de la localité luxembourgeoise symbolique de Schengen ( accords du même nom signés en 1985 et 1990 ), le poste de Douane de Mondorff a cessé définitivement son activité lors de l’entrée en application de ces accords pour la libre circulation des personnes et des marchandises.

 

C’est le traité du 16 mai 1769 entre la France et l’Autriche qui avait fixé la frontière à Mondorff, à l’origine village unique, qui s’est donc trouvé séparé en deux parties, de part et d’autre de la rivière « la Gander ». Le côté français a gardé le nom de Mondorff, le côté luxembourgeois a pris le nom de Mondorf, avec un seul « f », à la suite d’une erreur de transcription, et complété par « les-bains ».

 

En effet, la découverte au 19ème siècle d’une source a fait de Mondorf-les-bains une station thermale réputée où, entre autres, Victor Hugo venait se faire soigner durant son exil de France qu’il partageait entre Guernesey et le Luxembourg.

 

Le point de passage entre les deux guerres – photo : Mairie de Mondorf-les-Bains

 

En 1950, probablement déjà par souci de rapprochement, un bâtiment commun aux douanes des deux pays, a été construit sur le pont route qui enjambe la rivière-frontière.

 

En 1952/1953, Jean Monnet, l’un des « pères de l’Europe « et premier Président de la Haute Autorité (l’organe exécutif de la communauté européenne du charbon et de l’acier ) séjourna à Mondorf-les-Bains pour travailler à la mise en œuvre des accords de Paris du 18 avril 1951 instituant la C.E.C.A. (Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier) et entrés en application le 10 février 1953.

 

Aubette de Mondorff avant le marché intérieur – Photo F. Roche

 

Bureau de douane de Mondorff avant le marché intérieur – Photo F. Roche

 

Au 1er janvier 1993, les douaniers français et luxembourgeois, comme partout sur les frontières communautaires, ont commencé à quitter les lieux.

 

A noter que c’est dans le cadre de l’accord dit « de Mondorff » du 09/10/1997 (article 17) qu’a été autorisé l’emploi des moyens aériens des polices et douanes françaises et allemandes pour la réalisation d’interventions transfrontalières et la mise en œuvre d’assistances mutuelles entre ces services

 

Le poste frontière définitivement abandonné par les services, les municipalités françaises de Mondorff et luxembourgeoises de Mondorf-les-bains ont décidé de conserver ce patrimoine à valeur historique et en ont co-financé la rénovation en 2017.

 

Aubette de nos jours (photo collection privée)

 

Cette initiative, que nous saluons chaleureusement, marque l’attachement aux douanes des deux localités qui ont accueilli les initiatives à l’origine de l’ouverture des frontières européennes (*).

 

Profitant de notre évocation de « Quatre-Vingt-Treize », nous vous proposons de poursuivre notre chemin le long de cette portion de frontière trop peu souvent revisitée et pourtant témoin de nombreuses pages de l’histoire douanière (**).

 

En laissant plus au sud les sites de Rodemack et de Sierk-les-bains pour longer la ligne de frontière vers l’ouest jusqu’aux rives de la Moselle aux abords d’Apach. Quelques kilomètres suffisent pour atteindre la zone dite des « trois frontières » là où se rejoignent les territoires luxembourgeois, allemand et français.

 

Côté français, plusieurs installations douanières implantés le long de cette portion de frontière furent abandonnées après la mise en place du marché intérieur comme celle du lieu-dit de Wampesbongert à Contz-les-bains. Situé sur la route de Schengen, ce petit édifice de 12 m2 fut construit en 1952 (***).

 

Photo F. Roche

Un peu plus loin, on retrouve la localité de Schengen dont le nom allait être associé à l’ouverture des frontières européennes.

 

Marché Unique, Schengen autant de mesures qui vont conduire les services douaniers européens à revoir non seulement le traitement des formalités mais aussi à abandonner leurs installations aux points fixes de contrôle à leurs frontières intérieures.
 
 
Ce fut le cas pour ces points de contrôle utilisés par les différents services des trois pays frontaliers ; nous reproduisons ci-dessous plusieurs clichés pris pour la revue « La vie de la Douane » à l’occasion de divers reportages.
 
 
Photo F. Roche

 

 

 

Ci-dessus, cet autre cliché tiré de l’ouvrage « Aubettes, bureaux et Casernes – aspects du parc immobilier de la Douane avant la réalisation du marché unique (1er janvier 1993) – DGDDI » qui relevait dans sa légende : « Annexe de Schengen-Kontz les bains (Moselle). Rien dans la modestie de l’implantation douanière, ne laissait présager que le village frontalier de Schengen allait devenir le haut lieu de la libre circulation des personnes avec la signature le 14 juin 1985 de l’accord du même nom ».

 

Ci-dessous, un contrôle à l’entrée dans le Grand-duché d’un véhicule en provenance de RFA.

 

 

Si vos pas vous font franchir la frontière, vers la localité de Schengen, n’hésitez pas à visiter le musée consacré à l’histoire et à la signification des accords de Schengen. Pour plus d’informations, voici le lien :

 

https://www.visitschengen.lu/musee-europeen/

 

Une vitrine du musée :
képis et casquettes des douanes des différents pays de l’UE (avant Brexit)

 

Nous aurons bien entendu l’occasion de revenir plus longuement sur la génèse et l’histoire des accords de Schengen dans une autre édition.

 

 

Patrick Deunet & Marc Langlet

 

 


 

Notes:

 

(*) Les liens avec les syndicats d’initiative de ces deux communes frontalières sont les suivants:
– Municipalité de Mondorff (France) : https://www.mondorff.fr/

– Municipalité de Mondorf-Les-Bains (Grand Duché de Luxembourg) : https://www.mondorf-les-bains.lu/

 

(**) On se souviendra d’un épisode de l’histoire de la Moselle rapporté à la fois par Roger Corbeaux dans son article « les douaniers de l’Empereur » qui relate la défense héroïque des cents douaniers de Rodemack en juin 1815 (La vie de la Douane n°168 – Juillet 1976) et par Raphaël Schneider dans son ouvrage « La douane française au combat » Ed. La gare – 2020).

 

(***) Source: « Aubettes, bureaux et Casernes – aspects du parc immobilier de la Douane avant la réalisation du marché unique (1er janvier 1993) DGDDI ».

 


 

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