Quand Jean Tulard préfaçait un numéro spécial des Cahiers d’histoire des douanes 

Mis en ligne le 1 novembre 2025

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En septembre 2001, notre association consacrait une édition spéciale de ses Cahiers d’histoire à la douane etl’Empire. Cette édition faisait logiquement suite à celle précédemment dédiée au bicentenaire de la création de l’administration des douanes (1791-1991).

 

Attendu avec impatience par la communauté douanière, ce numéro « hors série » comportait un sommaire conséquent. La « belle étude de Jean Clinquart » (**) « L’administration des douanes sous l’Empire » précédait les deux contributions de Félix Gambini – « Les tentatives de militarisation de la douane » et « Les uniformes ». Tout aussi « mémorables» (*°) étaient celles de Jean Bordas qui évoquait quant à lui «  La douane face à la contrebande » et « Les douaniers dans la guerre ». Agréablement agrémentée des gravures d’Ernest Fort, cette véritable fresque des hussards verts de l’Empereur était complétée par une série de « Réflexions » (***)  sur la douane sous Napoléon.

 

 

A cette date, l’ouvrage est introduit par Jean Tulard grâce à une préface qui a fait date à plus d’un titre. La signature d’un spécialiste de l’Empire d’une telle renommée attestait implicitement la qualité des études présentées sur  un thème majeur de l’histoire douanière après 1791. De plus,  les mots employés par Jean Tulard ne pouvaient qu’aller droit au coeur des membres de la communauté douanière.   En  témoignent ces phrases que nous vous laissons découvrir ou redécouvrir.

 

Patrick Deunet

 


 

 

 


 


Jean TULARD
Membre de l’Institut
Professeur à la Sorbonne

 

 

 

Sans grognards, ni Austerlitz, ni Wagram; les conseillers d’État évoquent la genèse du Code Civil et les préfets sont l’incarnation de la centralisation napoléonienne.

Dans cette galerie des grandes figures de l’épopée impériale, on oublie trop souvent le douanier. Il a pourtant autant compté que le soldat, le conseiller d’État et le préfet.

Après Trafalgar, Napoléon décide en effet de livrer contre l’Angleterre, faute de pouvoir débarquer sur les côtes de « la perfide Albion », une guerre économique sans merci. Il faut frapper l’Angleterre en plein coeur en ruinant son commerce. La livre sterling ne pourrait survivre à un arrêt des exportations.

Progressivement maître du continent, Napoléon découvre qu’il est en mesure de fermer les ports de l’Europe aux navires anglais. Il signe, le 21 novembre 1806, le décret de Berlin qui interdit aux pays soumis et alliés de commercer avec Londres. Le Blocus continental est né.

Pour mener à bien cette politique, l’Empereur a eu besoin des douaniers : ils étaient 12.500 en 1801, ils sont 35.000 en 1812.

 

Depuis le 16 septembre 1801 existe une direction générale des douanes sous l’autorité de Collin de Sussy puis de Ferrier. L’interdiction de commercer avec Londres s’est accompagnée d’un essor prodigieux de la contrebande : on parlera de 100.000 contrebandiers, chiffre peut-être excessif. Il n’en reste pas moins que les fraudeurs peuvent aligner de véritables armées et voient leurs entreprises… assurées par les compagnies anglaises !

La bataille a été rude. Elle n’a pas été perdue dans les ports ou sur les côtes, mais sur les champs de bataille. Quant à la corruption elle est plus le fait de généraux ou de politiques comme Bourrienne que du personnel des douanes.

De la nouvelle organisation des douanes et des épisodes d’une guerre moins spectaculaire que celle livrée par la Grande Armée, mais plus décisive peut-être, il est beaucoup question dans ce numéro. Un numéro qui, après la belle étude de Jean Clinquart et le mémorable article de Jean Bordas et Félix Gambini dans le Dictionnaire Napoléon, est appelé à devenir pour les chercheurs comme pour les simples curieux, un ouvrage de référence.

 


LES CAHIERS D’HISTOIRE DES DOUANES ET DROITS INDIRECTS – N° 24 – 2e SEMESTRE 2001

 


 

Notes :

(*) Photo: Wikipédia / G. Garitan

(**) Selon les termes de Jean Tulard dans sa préface

(***) L’article  “L’Administration des douanes sous l’Empire : réflexions” peut également être consulté sur ce site , cliquez ici