Association pour l’Histoire de l’Administration des Douanes
Mais qui donc appelait-on « les noirs » : premiers éléments de réponse
Dans le cadre de l’appel à contributions à nos lecteurs destiné à enrichir Le répertoire – « parlez-vous douanier ? », plusieurs internautes nous ont suggéré d’intégrer l’expression « les Noirs ».
Deux d’entre-eux nous rappelaient que « dans les années 70, les agents des brigades mobiles de surveillance (frontalières) étaient appelés « les noirs ». Ces chasseurs pouvaient vous tomber dessus à tout moment et en tous lieux. La crainte qu’ils provoquaient était accentuée par l’austérité de leur tenue. La tenue dite « de mobile » de couleur bleu foncé, presque noire, était composée d’un calot, d’une veste sans boutons apparents portant seulement une petite marque de grade, d’un pantalon et souvent d’une paire de rangers ».
Nous ne disposons malheureusement pas pour le moment de documents, notamment photographiques, permettant d’illustrer cette description. Par contre, ces deux internautes ont évoqué l’apparente ressemblance de la tenue d’uniforme des unités mobiles des années 70 avec celle portée par les stagiaires de l’Ecole des douanes de La Rochelle.
Pour illustrer leur propos, chacun d’entre eux nous a fait parvenir plusieurs photographies : les deux premières photos ci-dessous ont été prises à l’occasion d’un stage d’agents de constatation en 1967, les deux suivantes, à l’ENBD, lors du stage de contrôleur en 1970 (8ème cession). Ni battle-dress, ni rangers pour cette tenue ; le calot quant à lui est revêtu de l’insigne métallique rond (avec la carte de France et le cor et la grenade à l’intérieur) et non en tissu.
Il nous est rappelé au passage qu’à cette époque, à l’intérieur de l’école, le déplacement des brigades se faisait au pas, avec un « homme du jour ». La règle voulait qu’un déplacement à partir de trois stagiaires se fasse au pas avec un stagiaire donnant la cadence et l’obligation pour cet agent de saluer tout officier que l’on croisait.
Plusieurs participants au Quizz de novembre avec l’interrogation « Qui appelaient-on les Noirs ? » n’ont pas manqué de nous rappeler que, dans son premier roman « La Maison dans la dune » (1932), Maxence Van der Meersch atteste d’ailleurs de l’utilisation de ce surnom, le « noir » étant défini comme un « douanier déguisé en civil ».
Dans son ouvrage « Par le Cor et la Grenade », René Drelon quant à lui nous en dit plus sur l’origine de cette expression :
« … pourquoi les Noirs ?
Cette expression remontait très loin dans le temps. Elle devait venir de l’époque où la Douane se nommait encore la « Ferme générale ». Ses agents portaient alors une sorte de redingote noire et parcouraient la plaine de Flandre en tenant à la main, un solide gourdin, avec lequel ils faisaient rentrer dans les caisses des fermiers généraux, les pistoles et les écus frappés à l’effigie de Louis le Bien-Aimé. Si dans d’autres coins de France on les appelait les « Gabelous » à cause de la gabelle, l’impôt sur le sel, pour les Flamands ils restaient les « Noirs » » .
L’équipe de rédaction