Association pour l’Histoire de l’Administration des Douanes

Lettre de Calonne, contrôleur général des Finances de Louis XVI, en date du 7 mai 1784

Mis en ligne le 1 novembre 2020

Charles-Alexandre de Calonne

Le contrôleur général des finances Calonne s’ inquiète de la fraude dans les courriers qui transforme l’hôtel des Postes en dépôt de marchandises prohibées.

 

Comme il est craint d’admettre des préposés de la « ferme générale » dans l’hôtel des postes, il propose d’y employer une personne digne de confiance qui serait rémunérée par la ferme générale.

 

 

 

Nous sommes en présence, si la proposition a été suivi d’effet, de la mise en œuvre du premier Centre de Contrôle Douanier Postal (CDP) dans une forme « externalisée ».

 

A noter également l’emploi remarquable du subjonctif présent du verbe faire à la délicieuse tournure désuète (que vous fissiez) !

 

 

 

Paris, le 7 may 1784

M de Colonia m’a rendu compte, Monsieur, de la conférence qu’il a eue avec vous sur la fraude des courriers et sur les moyens d’y remédier. Ceux qui m’ont été proposés par la ferme générale ne vous paraissent point admissibles et vous pensez d’ailleurs qu’ils seraient insuffisants d’après la connivence presque généralement établie entre ses préposés inférieurs et les courriers. Je ne puis sur ces objets que m’en rapporter à votre prudence; mais puisque vous apercevez un trop grand inconvénient à recevoir dans l’intérieur de l’hôtel des postes des employés étrangers à ce service, ne serait-il pas possible du moins que vous fissiez choix d’une personne de confiance, qui, admise par son état à l’ouverture des malles, pût vous rendre compte de la fraude qu’elle découvrirait et vous faire connaître les coupables; j’assurerais à ce préposé un traitement particulier sur la ferme générale indépendamment des gratifications que l’utilité de ces soins pourrait lui mériter ; je vous prie Monsieur de me faire part de votre avis sur ce nouveau moyen d’empêcher que l’hôtel des postes ne soit un dépôt de marchandises prohibées, ce qui est certainement aussi contraire à son vier qu’à l’intérêt du commerce.

J’ai l’honneur d’être avec un sincère attachement, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur.



Signature : De Calonne

 

 

 

Bulletin d’information de l’AHAD

 

 

N° 57 – 2010

 

 

 

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