Association pour l’Histoire de l’Administration des Douanes

Les plombs pour sceller au XVIIIe siècle – 1 – Les plombs de textiles

Mis en ligne le 1 mai 2019

 

1 • Les plombs de textiles

 

 

Historique

 

 

L’usage du sceau de plomb remonte à la haute Antiquité ; il permet d’apposer sur une matière malléable, une empreinte en théorie difficile à imiter, et qui ne peut s’enlever qu’en la détruisant. Longtemps utilisé comme signature, le sceau a vu son usage s’étendre au commerce, témoignant soit de la provenance ou de la qualité d’un produit, soit du règlement d’une taxe, soit — et c’est encore vrai aujourd’hui — de l’absence de modification d’un contenu, comme une enveloppe, un compteur électrique ou un camion de transport international. Son usage est constant depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours ; des plombs de commerce officiels ou privés ont été retrouvés qui datent de la fin de l’époque hellénistique.

 

C’est dans le courant du XIXe siècle, à la suite des dragages effectués en particulier dans la Seine et dans la Saône, que certains se sont penchés sur l’étude de ces plombs trouvés en abondance (1), avant qu’ils ne retombent dans un oubli presque total. A la différence de la monnaie, qui peut circuler très longtemps, le plomb pour sceller n’est utilisé qu’une fois, et lorsque son rôle est terminé, il est arraché sans soin particulier avant d’être jeté ou refondu. On en retrouve aujourd’hui, plus ou moins détériorés, généralement qualifiés de « plombs de sacs », ce qui, nous allons le voir, n’est vrai que dans un nombre limité de cas.

 

 

La forme des plombs

 

On peut effectuer une première classification en fonction de la forme du plomb :

 

Plomb à plateau

C’est un plomb constitué de deux rondelles reliées par une fine bande. L’un des plateaux porte un trou et l’autre un ou deux ergots en saillie qui passent dans le trou lors du pliage sur l’étoffe et qui sont écrasés lors de la frappedu sceau. C’est le type utilisé le plus fréquemment au XVIIIe siècle pour les textiles ; il est généralement fixé (on dit à l’époque « happé ») aux deux extrémités des pièces d’étoffe. On en rencontre de plusieurs types comme on peut le voir sur la figure 1.

 

Flanc à tunnel

 

 

Il s’agit d’un flan unique percé diamétralement d’un tunnel qui peut être simple, double ou en Y. Ce dernier type est très fréquent pour les plombs contemporains

(engrais, ciment, compteur électrique, etc.) ; on le rencontre dès le XVIIIe siècle. C’est généralement un plomb d’emballage dans lequel passent les liens. Son  diamètre varie de 10 à 30 mm.

 

 

Identifier un plomb pour sceller

 

Il faut se rendre à l’évidence, quantités de plombs ne seront jamais identifiés avec précision. En effet, ce sont les textes ou les légendes qui donnent des informations, or nombre de plombs sont anépigraphes et le texte qui en justifie l’utilisation en est inconnu. Dans ce cas, rien ne permet une attribution à un lieu, un organisme ou une personne.

 

 

Ainsi, les plombs de fabricants, monogrammés ou armoriés, sauf cas exceptionnels, résistent à une identification précise, et il en va de même avec les nombreux plombs fleurdelisés et anépigraphes (figures 3 et 4).
Heureusement, il nous reste le très grand nombre de plombs dont l’usage fut imposé par un texte officiel et qui, dans la plupart des cas, portent un nom de lieu, d’usage et parfois une date. L’identification, lorsqu’elle est possible, est néanmoins souvent difficile, car le plomb ayant été arraché, il se présente souvent avec de grosses lacunes :
légende incomplète, revers manquant, frappe défectueuse, usure et transformation chimique.

 

Par ailleurs, il n’existe pas, comme c’est le cas pour les monnaies, de catalogue systématique des plombs.

 

Enfin, si les plombs dont l’usage a été décidé par l’autorité royale ont fait l’objet d’un texte officiel qui en donne la description, les très nombreux plombs « privés » des fabricants, s’ils obéissent à un règlement pour la pose, ne subissent aucune contrainte de taille, de forme, de texte ou de figures. Dans ce cas, rien ne permet une attribution à un lieu, un organisme ou une personne, et leur identification est souvent impossible, à moins que ne soit connu un document relatif au transport et sur lequel figure la marque du plomb. Sur le document des figures 5 et 6, concernant une balle de draperie expédiée de Lyon à Marseille, le sceau du fabricant a été reproduit et le numéro de la pièce de drap indiqué (7366).

 

On peut ici imaginer le plomb portant sur une face un cœur surmonté d’une croix et d’un 4 (chiffre très fréquent sur ces plombs, mais sans explication  satisfaisante à ce jour) avec les initiales F, B et C (fig. 6), et sur l’autre le numéro gravé qui identifie la pièce de toile que les drapiers-marchands achetaient  blanche ou écrue. Malheureusement, si le document précise le nom du transporteur, Jean-Baptiste Arnaud, et celui du destinataire, Roux frères à Marseille, il ne donne pas celui du marchand désigné par les seules initiales.

 

 

 

 

On devra donc avoir recours aux archives municipales de Lyon pour chercher la trace du mystérieux « F.B.C. », qu’on a d’ailleurs toutes chances de retrouver. La figure 7 montre l’image d’un autre plomb au monogramme en cœur.

 

 

 

 

 

 

 

Pour pouvoir identifier, la connaissance de l’usage des plombs est indispensable, mais la variété est telle qu’il est nécessaire, pour en donner une idée, de se  limiter ici à un domaine précis et largement représenté, celui des étoffes, et à une période, le XVIIIe siècle.

 

Les plombs d’étoffes

 

 

La fabrication des étoffes est la principale activité industrielle et commerciale de la France du XVIIIe siècle. Elle est sévèrement réglementée, et chaque étape de la fabrication est contrôlée jusqu’à la vente. Il s’agit d’étoffes dites toiles ou draps. Les toiles sont de chanvre, de lin, de coton ou de soie, et présentent la même apparence de chaque côté : il n’y a ni endroit, ni envers. Le drap est en laine et présente un endroit et un envers. Avant d’être propres à la vente, ces étoffes vont subir une série de manipulations, chacune généralement suivie de la pose d’un plomb qui témoignera de sa bonne exécution. La taille du plomb varie selon le cas, large pour les pièces de drap, petit pour les soieries.

 

 

A l’issue du tissage, la pièce d’étoffe est donc une toile ou un drap blanc ou écru ; le fabricant doit alors tisser en bout de pièce la « marque individuelle » qui comporte son nom, celui de la ville, celui de l’étoffe ainsi que le numéro de la pièce ; ce numéro sera souvent repris au cours du traitement et gravé avec une pointe sur le revers du sceau (fig. 8). Elle est alors prête pour le premier contrôle de qualité par le « bureau de fabrique » où siègent des représentants élus des drapiers ; un plomb provisoire est posé, qui doit être présent pour que commence l’opération suivante : le foulage.

 

 

Le foulage, ou la « foule », consiste à presser la pièce d’étoffe dans un bain afin d’en resserrer le tissage ; effectué au pied par les foulons au Moyen Age, il est fait dans des moulins à foulon au XVIIIe s. Au cours de cette opération, la taille de la pièce d’étoffe diminue d’environ un tiers. Un nouveau plomb est attaché qui porte le nom du foulon et le numéro de la pièce.

 

 

Un autre contrôle est effectué au bureau de fabrique qui, semble-t-il, appose une simple contre marque sur le plomb de foulage avant de diriger la pièce à l’aunage. L’auneur mesure la pièce d’étoffe et pose un plomb sur lequel figure la taille en « aunes » (une aune ou aulne = environ 0,45 m) avant
le passage au teinturier.

 

 

La teinture de la pièce d’étoffe se fait avec les couleurs autorisées et résistantes (« grand et bon teint ») avant que soient légalisé, au début du XVIIIe s.(2), l’usage de couleurs indiennes de qualité moindre (« petit teint ») (fig. 9).

 

 

 

Certaines pratiques, comme celle qui consiste à faire baigner la pièce dans une décoction de racines de noyer avant de la teindre en noir, se terminent aussi par la
pose d’un plomb « bon pour noir » (fig. 10). Il se peut aussi que la teinture donne un résultat décevant ; une seule solution existe alors pour ne pas perdre la pièce, reteindre en fonçant, généralement en noir, et là encore la pose d’un plomb doit signaler la double manipulation : « étoffe reteinte en bon teint ».

 

 

 

La pièce une fois teinte doit passer à l’apprêt, c’est-à-dire subir une série d’opérations qui vont lui donner le bel aspect final.

 

 

Le lainage est effectué avec des têtes de chardons secs ; il consiste à piquer le drap pour soulever des fils de laine et constituer un duvet en surface de l’étoffe, suivi de la tonte qui égalise ce duvet et s’achève après d’autres opérations par un lustrage. Ces opérations sont marquées par la pose de plombs qui portent la mention « aprest ».

 

 

La pièce finie passe encore une « visite » de la part de la communauté des drapiers de la ville et recevra un plomb attestant de sa qualité (fig.11) avant d’être autorisée à la vente. Ce plomb porte en principe, outre le mot « visite », le nom de la ville et l’année. Il arrive que les règlements de fabrication changent ; le passage d’une réglementation à l’autre entraîne alors sur les stocks non conformes à la nouvelle législation la pose d’un plomb marqué « plomb (ou marque) de grâce » qui légalise le commerce de ces étoffes durant une période de transition déterminée.

 


Un document de 1740 nous renseigne sur l’utilisation du plomb de visite (fig. 12).

 

 

 

 

Il s’agit encore d’un transport au départ de Lille et à destination de Marseille. Le plomb est décrit et il est conforme à l’ordonnance royale : armes de la ville d’un côté, visite de Lille de l’autre. Ce billet donne une autre information ; à une époque où les épidémies sont fréquentes, le plomb n’est posé dans la ville de départ que dans des conditions sanitaires satisfaisantes. Ce plomb fixé « sur la corde » nous dit-on est probablement un plomb à tunnel.

 

 

À travers cet exemple textile, on soupçonne le nombre de plombs posés dans l’ensemble des fabriques et manufactures du royaume lorsqu’une seule pièce de drap en reçoit plus de dix ! Et il faut ajouter que des plombs particuliers existent pour chacun des domaines du textile (soie, bonneterie, tapisserie,  passementerie…), mais aussi pour de nombreuses autres branches de l’artisanat, sans compter ceux du fisc, de la douane, des fermes, de la gabelle, ou des compagnies comme celle des Indes, auxquels il faut ajouter ceux qui proviennent de l’étranger. Ceci pour la variété des types.
Pour avoir une idée de la quantité de plombs posés, un simple exemple, celui de la production des draps pour la seule généralité de Rouen (3) : plus d’un million six cents mille pièces, de 1743 à 1789, soit une moyenne annuelle de plus de trente-trois mille pièces avec un nombre équivalent de plombs de fabrique, d’aunage, de visite…

 

 

Cela donne une idée du nombre considérable de plombs posés par l’ensemble des métiers sur le territoire français en moins d’un siècle, et de ce qui reste à trouver !

 

 

Un exemple d’identification

 

 

Voici un exemple d’identification d’un plomb (fig. 13, découvert par Jean-Marie) :

 

 

Au droit : une fleur de lis dans un grènetis circulaire, entourée d’un collier, lui-même dans un grènetis octogonal.

 

Au revers : BUREAU… AULIEU… en légende circulaire. FAB. / LIBRE et une lettre (K ou M) dans le champ sur trois lignes ; au-dessous le sceptre et la main de justice en sautoir. Le champ est délimité par un grènetis circulaire, la légende par un grènetis octogonal.

 

Le premier élément à prendre en compte est l’information qu’il donne sur le type de fabrication par sa légende FAB. LIBRE. La fabrication des étoffes était sévèrement réglementée, mais fut libérée par les lettres patentes (4) du 5 mai 1779. A partir de cette date, le produit des manufactures est réglé (conforme au règlement) ou libre, et de nouvelles lettres patentes, en 1780, préci sent qu’un plomb octogonal sera utilisé.

 

Enfin, un arrêt du 7 décembre 1785, et une instruction de l’année suivante décrivent le plomb, conforme à celui de la figure 12. La gravure des coins pour la frappe de ce plomb, uniforme pour l’ensemble du royaume, fut confiée au graveur de la monnaie, Charles Marie Gatteaux (1751-1832). Le plomb représenté date donc d’une courte période comprise entre 1786 et la fin de la royauté. Sa provenance est donnée par le nom du bureau (ici, il nous reste… AULIEU…), et par la lettre K (ou M) qui indique la généralité (circonscription financière). Il reste à trouver la liste de concordance des lettres…

 

 

Pour conclure

 

 

Une longue compilation des textes officiels reste à faire. En effet, la création, l’abandon, la légende et la description des plombs font systématiquement l’objet d’un arrêt, d’une ordonnance ou autre texte émanant du conseil du roi ou de l’intendant de la généralité. Ce n’est qu’à la lecture de ces très nombreux documents que l’on pourra envisager de cataloguer ces témoignages de l’activité industrielle et commerciale de la France de l’Ancien Régime (mais c’est aussi vrai de la Révolution à nos jours).

 

 

Parallèlement à ces recherches en archives devrait se constituer une banque de données des images des plombs eux-mêmes.

 

 

En effet, il est important de conserver ces témoignages fragiles (5), ne serait-ce que par la photographie ou le dessin afin de pouvoir en avancer l’étude, mais surtout de les faire connaître, sachant que la plupart des plombs mis au jour actuellement sont inédits.

 

 

DP : Si vous possédez de beaux plombs, lisibles, anciens ou modernes, merci de nous faire parvenir de bons clichés ou dessins, sans oublier les revers, dimensions et provenance. Merci

 

 

2. Les plombs médiévaux

 

 

 

Les plombs médiévaux, souvent très attrayants, sontd’une identification malaisée ; certains portent le nom d’une ville (on en connaît par exemple pour Amiens, Arras et Lille), mais ne donnent aucune précision quant à leur usage, d’autres portent un nom de personne. Il s’agit de plombs attestant du lieu d’origine d’une étoffe ou de marques de fabricants. Ces informations sont peu précises, et même si, pour les villes drapantes du Nord on trouve quelques informations, les plombs médiévaux gardent encore leur mystère dans la grande majorité des cas.

 

 

Le plomb A, trouvé en amont de Rouen, présente d’un côté les lettres VILL sous un tilde et au-dessus d’un animal écaillé passant, de l’autre un édifice religieux au-dessus du même animal. Il s’agit d’un plomb de textile de Montivilliers (76) (Monasterii Villare, Villaris au Moyen Age). Montivilliers était renommé au Moyen Age (en particulier au XIVe siècle) pour la fabrication des draps. Dernier détail qui éclaire le paysage, Montivilliers est situé dans la vallée de… la Lézarde.

Le plomb B figuré ci-dessus présente une légende gothique (hinel ?) autour d’un h avec une tête de sanglier à droite. Probablement le nom et l’initiale d’un drapier.

 

 

Fig. 14 A

 

 

Fig. 14 B

 

 

Notes :
(1) – Le premier ouvrage est celui d’Arthur FORGEAIS, Notice sur les plombs historiés trouvés dans la Seine, Paris 1856. Ce même auteur publiera ensuite plusieurs volumes de la Collection de plombs trouvés dans la Seine, Paris de 1862 à 1874, mais ne s’intéressera pas aux plombs de commerce. Il faut attendre 1912, avec le Lyonnais Antoine SABATIER, pour que soit publié un ouvrage très documenté, Sigillographie historique des administrations fiscales, communautés ouvrières et institutions diverses ayant employé des sceaux de plomb (XIVe-XVIIIe) – Plombs historiés de la Saône et de la Seine, Paris 1912.
2 – La classification des teintures en fonction de leur qualité est effectuée au XVIIIe siècle ; l’appellation « grand teint » est réservée aux teintures ayant la plus grande résistance à la décoloration.
3 – Chiffres de la production drapière de la généralité de Rouen donnés par T. J. MARKOVICH, Les industries lainières de Colbert à la Révolution, Genève, 1976.
4 – Les lettres patentes, par opposition aux lettres de cachet, étaient publiques et accordaient un privilège, une autorisation ou, ici, une liberté ; elles commençaient toujours par la formule « A tous ceux qui les présentes lettres verront, salut… ».
5 – Si les plombs semblent bien se conserver pendant des siècles dans la vase ou sous terre, après une centaine d’années en médaillier de chêne, il ne reste que poussière d’un certain nombre d’entre eux. Les collections publiques sont conservées dans des meubles en aluminium.

Photos de l’auteur, sauf indications.

 

 

1 – Arras, manufacture, 1742. Il pourrait s’agir, sous toutes réserves, d’un plomb de reteinture sur une étoffe mal teinte une première fois. C’est ce que je déduis du RET…

 

 

2 – Douane de Lyon.
Plomb d’emballage de la douane de Lyon pour des articles de soie (XVIIIe siècle).
(Plombs Yannick 08).

 

 

3 – Soieries de Tours. C’est le plomb de la communauté des soyeux de Tours, avec les armes de la ville sans les lis d’un côté, un L couronné accosté de deux lis de l’autre. De part et d’autre de l’écu, les initiales GC qui sont celles du maître-juré des soyeux.
Les archives de Tours doivent certainement conserver une liste de ces personnages qui permettrait de dater le nombreux plombs de ce type à initiales. (Plomb Clyde 45).

 

 

4 – Pont de Beauvoisin. Le bureau de Pont de Beauvoisin est l’un des quatorze bureaux de terre désignés dans les lettres-patentes d’octobre 1759 (par opposition aux bureaux de mer), par où passaient les toiles d’importation (« toiles de coton blanches étrangères » ou « toiles peintes étrangères » devaient figurer au revers), pour leur permettre de circuler librement en France, après avoir payé une taxe de 15 % de la valeur, plus de 4 sols par livre.

Quelques plombs récupérés dans vos courriers et identifiés, dans la mesure du possible, par Yanok.

Au droit, trois fleurs de lis, avec la légende BUREAU DE PONT DE BEAUVOISIN. Au revers, un lis couronné avec la légende TOILES PEINTES ETRANGERES.

Les matrices des « sceaux » étaient gravées à la Monnaie de Paris. (Plomb Musketeer 47).

 

5 – « Toiles étrangères, bureau de ? ».

 

 

6 – Toiles de Grenoble. Par arrêt de novembre 1785, puis de janvier 1786, les toiles peintes fabriquées avant le 1er avril 1786 devaient être portées aux bureaux de
visite où elles recevaient un plomb marqué d’un côté TOILES PEINTES NATIONALES autour d’un écu aux armes royales sur deux cornes d’abondance en sautoir, et de l’autre BUREAU DE — (ici Grenoble). Cette marque de grâce (marque pour un produit fabriqué avant de nouvelles normes de fabrication) fut utilisée jusqu’au 1er juillet 1786, ce qui date ce plomb dans une fourchette de quelques mois.

 

 

7 – Marque d’artisan au cœur surmonté d’une croix. Au revers, le numéro de la pièce d’étoffe.

 

 

8 – Sceau de fabricant de Nîmes, soie, bonneterie ou passementerie. La légende donne en principe le nom du maître-artisan. (Plombs Marc 30).

 

 

9 – Encore un joli plomb monogrammé au quatre-de-chiffre.

 

 

10 – AGDE ? On pense à la ville (pas à la plage) située près de la mer, de l’Hérault et du canal du Midi. J’y verrais un plomb d’emballage pour les ballots destinés au transport fluvial ou maritime proche (simple supposition). (Plombs Picsou 04).

Beaucoup d’autres plombs sont hélas illisibles ou non identifiables pour le
moment.

 

 

La suite de cette étude sur les plombs concernera (DP n° 59) les plombs de tabac. Si vous possédez des plombs sur lesquels figure les mots « tabac » ou « corde », identifiés ou non, vous pouvez nous faire parvenir (rapidement si possible) de bons clichés ou dessins. Merci.

 

Christian (10) : ce jeton de Nuremberg a été trouvé aux alentours de Troyes (Aube). Les légendes sont en français ; mes recherches aux archives n’ont abouti à rien. Il s’agirait bien d’un jeton de Nuremberg, de la fin du XVIe ou du début du XVIIe s. à en juger par ce style assez classique. L’inhabituel est effectivement la légende en français, qui doit se lire dans l’ordre suivant :

A l’avers, + ESTIENNE LORME MARCHA(n)T.

Au revers, SAINTVRIER. DEM. N. TROYES.

 

A la demande du commanditaire des jetons, le graveur de Nuremberg a accepté de personnaliser ces derniers en y plaçant le texte d’une légende de type  publicitaire commerciale, non pas à la gloire habituelle du graveur allemand comme c’était l’habitude, mais à la gloire du dit Etienne, dont la qualité d’artisan, marchand ceinturier (ou ceinturonnier), vendeur de bonnes ceintures (et peut-être fabricants des dites ?) a commandé un ou plusieurs lots d’en principe 100 jetons, contenu ordinaire et complet d’une bourse de compte permettant d’effectuer les opérations jusqu’à 1 million.

 

 

C’est pratiquement le seul jeton de Nuremberg connu comportant une légende française privée portant la publicité d’un marchand de Troyes. Ce jeton démontre qu’en dépit des édits royaux d’interdiction de l’importation et des commandes de jetons de Nuremberg en France (concurrence massive et dangereuse économiquement pour les ateliers français de jetons), des Français n’hésitaient pas à passer des commandes personnalisées à Nuremberg. Un marchand de Troyes (les célèbres foires devaient avoir survécu à petite échelle), avait probablement les possibilités de contacter des marchands allemands, les commandes
étant moitié moins coûteuses que dans les ateliers nationaux.
Il serait intéressant de retrouver trace dans les archives, à la fin XVIe ou au XVIIe s., de la liste des artisans fabricants de ceintures et corroyeurs, ou marchands de ceintures ; ceci nous confirmerait la date exacte de l’existence de cet Etienne Lorme.

En attendant, vous possédez un inédit d’un rare intérêt, dont nous aimerions bien avoir un cliché de bien meilleure qualité (sur disquette), ainsi que son  diamètre. Merci d’avance.

 

 

M. Jezequel

 

 

Cahiers d’histoire des douanes françaises
N° 36 – 2e semestre 2007

 

 

 

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