Association pour l’Histoire de l’Administration des Douanes
Les douaniers et le sport
Cet article est issu du catalogue de l’exposition « Les douaniers et le sport » présentée au Musée national des Douanes en 1993, reproduit avec l’aimable autorisation du MND.
Introduction : Aux origines du sport moderne en France
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L’anglomanie
Bien que toutes les disciplines sportives ne se développent pas à partir de l’Angleterre, le sport moderne naît outre-Manche « au XIXe siècle et diffuse en France et en Europe» (1 ). En effet depuis la seconde moitié du XVIIIe siècle, la classe dirigeante anglaise qui, jusqu’alors, ne prisait que la chasse à courre, l’équitation et l’escrime, s’intéresse aux jeux populaires, les transforme quelquefois et surtout les codifie (football, course à pied et athlétisme, cricket, rugby, tennis …).
Des clubs, d’abord fermés et permettant à des gentlemen de s’adonner à leur passion, se constituent tandis que l’industrialisation et l’urbanisation, en aggravant les conditions de vie des classes populaires, réservent les activités sportives à ces privilégiés. Il faudra attendre la décennie 1 880 et le samedi après-midi chômé pour que « le jeu revien(ne) aux ouvriers » et que le nombre d’associations sportives – et de confrontations au niveau local, régional ou national – augmente de manière sensible, avant de servir de modèles sur le Continent.
Un phénomène parallèle est observé en France. A la fin de l’Ancien Régime, la noblesse anglomane adopte les courses de chevaux. Ensuite, des cercles aristocratiques s’organisent autour de quelques disciplines sportives, conçues exclusivement comme des divertissements, la navigation de plaisance notamment. Après le Second Empire, sous l’influence de la bourgeoisie, l’esprit de compétition fait son apparition dans les clubs « autorisés » et par conséquent toujours élitistes. Effectivement, « durant tout le XIXe siècle, la méfiance gouvernementale interdit tout groupement de personnes à caractère politique et soumet à autorisation et surveillance chaque association. Il faut attendre les lois de 1884 (autorisant la liberté syndicale) et de 1901 pour que soit proclamée la liberté d’association » (2).
La défaite de 1870
Outre le décalage dans le temps, un second fait différencie la France de l’Angleterre dans le développement du phénomène sportif. Après le désastre de Sedan et l’annexion par l’Allemagne de l’Alsace et d’une partie de la Lorraine, le sport devient un enjeu de politique intérieure.
Pour les responsables militaires et politiques, les causes de la défaite se situent dans la condition physique du soldat allemand et dans la volonté morale du peuple germanique. Pour préparer la revanche, il convient donc de former la jeunesse française en lui donnant les moyens de lutter physiquement et en la préparant au maniement des armes et à la guerre. Dans ces conditions, la régénération de la race impose de s’inspirer de la gymnastique prussienne.
A cet effet, furent créés les bataillons scolaires, qui introduisaient « l’utilisation à des fins militaires et moralisatrices de la gymnastique dans le cadre scolaire ». Expérimentée à Paris en 1881, généralisée par décret en 1882, l’institution des bataillons scolaires, violemment critiquée par certains pour son caractère militariste outrancier, périclita rapidement.
Mais le relais fut pris par les sociétés de gymnastique – première discipline sportive vraiment pratiquée en France – et de tir. L’Union des sociétés de gymnastique de France (U.S.G.F.), fondée le 28 septembre 1873, fut bientôt « épaulée » par l’Union des sociétés de tir de France, créée en 1886. Ainsi que l’écrivent dans Pour la Patrie, publié en 1886, Lermusiaux et Tavernier, le but est clair : « La guerre néfaste de 1870… n’a pas été l’une des moindres causes qui aient déterminé la création de nombreuses sociétés de tir et de gymnastique que l’on pourrait sans prétention qualifier de société de sauvegarde… Ne devons-nous pas, par la pratique du tir et de la gymnastique, faciliter à nos enfants les commencements du service militaire qui les attend tous à vingt et un ans ? Les sociétés de tir et de gymnastique ne sont-elles pas les pépinières d’où sortiront déjà formés les jeunes soldats de l’avenir ? » (3).
Dès le début du XXe siècle, les sociétés de gymnastique et de tir organisent la préparation militaire de la jeunesse avec le concours de l’armée, en délivrant le brevet militaire de gymnastique et de tir. Les jeunes Français, déjà astreints à la gymnastique obligatoire dans les lycées et les Écoles Normales depuis 1869, se trouvent ainsi globalement « mobilisés », non seulement pour « concourir à l’œuvre nationale d’amour et de civilisation universels », mais surtout pour effacer l’affront de 1870- 1871.
« Soldats sans être militaires, civils en uniforme, fonctionnaires mais fantassins » (4), les douaniers les avaient précédés dans cette voie !
Notes :
(1) Raymond Thomas , Histoire du sport, PUF, 1991, p. 51.
(2) Bruno Dumons, Gilles Pollet, Muriel Berjat, Naissance du sport moderne, La Manufacture, Lyon, 1987, p. 34.
(3) Cité par Raymond Thomas, op. cit., p. 73.
(4) Douane et contrebande, Catalogue de l’exposition des Amis du Musée de Pontarlier, 1992, p. 64.
1ʳᵉ partie : Des activités douanières aux frontières du sport
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La vocation du service des brigades des Douanes – déjouer la contrebande -, en nécessitant une présence permanente sur le terrain, non sans risques et dans des conditions souvent difficiles, ne pouvait que conférer certaines particularités au service actif.
Ainsi, l’aptitude physique des postulants à des emplois dans ce service devait-elle être constatée par un médecin assermenté des brigades, en présence du capitaine chargé de donner son appréciation. Les candidats devaient « présenter les apparences d’une constitution saine et vigoureuse » (1).
L’équitation
Par ailleurs, pendant tout le XIXe siècle, le dispositif de surveillance, calqué sur celui de l’Ancien Régime, mit en jeu l’action complémentaire de deux ou trois lignes de brigades sur les frontières terrestres, impliquant quelquefois l’utilisation de cavaliers. Mais, dans la seconde moitié du siècle dernier, le service à cheval, composé d’effectifs français renforcés par des cavaliers auxiliaires indigènes, ne subsista qu’outre-mer, « sur les frontières de la Tunisie et du Maroc ». Sous la IIIe République, l’équitation – comme l’escrime – ne fut donc plus pratiquée que par des officiers, des sous-inspecteurs et inspecteurs.
Le tir
C’est par leur organisation militaire que les brigades des Douanes allaient se singulariser, surtout après 1870. Pourvues d’armes à feu et autres, selon le vœu de la loi des 6-22 août 1791, organisées militairement sur quelques points du territoire en 1813, 1814 et 1815, elles avaient pris part, « avec valeur et succès », à la défense des places fortes de Hambourg, Huningue, Givet, Mézières, Rocroi et Montmédy. Elles avaient montré à cette époque de quelle importance pouvait être leur concours en cas, soit d’invasion, soit d’opérations militaires sur la frontière. Aussi, par une ordonnance royale du 31 mai 1831, le personnel actif des Douanes fut-il formé en bataillons et compagnies.
Une ordonnance du 11 mai 1832 stipula que les agents des Douanes auxquels incomberaient les fonctions de garde-côtes pourraient être employés comme auxiliaires au service des batteries d’artillerie établies sur le littoral. D’autres dispositions suivirent, telles que l’ordonnance royale du 9 septembre 1832, groupant les bataillons de Douane en légions, et celle du 30 juin 1835 réglant l’uniforme et l’armement des effectifs militaires des brigades.
C’est sous l’empire de cette législation que les brigades des Douanes furent appelées à prendre part aux événements de guerre de 1870-1871 et qu’elles rendirent « des services hautement appréciés ».
Les lois du 27 juillet 1872 et du 24 juillet 1873, sur le recrutement et l’organisation de l’armée, rattachèrent plus étroitement encore à celle-ci l’ensemble du service actif des Douanes.
Le ministre de la Guerre, après accord de son collègue des Finances, provoqua le décret du 2 avril 1875 organisant les brigades en bataillons, dont les compagnies constitutives étaient qualifiées les unes d’actives – propres à seconder les opérations de l’armée active -, les autres de territoriales – appelées à concourir seulement au service de l’armée territoriale-.
Peu après, la décision du 11 février 1876 rappela que les hommes compris dans l’organisation militaire devaient être exercés au tir à la cible. Les sous-officiers et préposés recevaient chacun annuellement 36 cartouches à balles pour carabine qu’ils devaient brûler en trois séances : 12 à la distance de 200 mètres, 18 à celle de 300 mètres et 6 à 400 mètres. Quant aux officiers faisant partie des cadres de guerre, ils recevaient également 36 cartouches pour revolver qui étaient brûlées en trois séances à la distance réglementaire de 15 et de 30 mètres (décisions des 12 avril 1881 et 16 février 1884).
La cible était ronde et mesurait 1 mètre 50 de diamètre. Elle était formée d’un cercle en fer taillé en biseau du côté du tireur ; le cercle, supporté par un montant et un arc-boutant également en fer, était revêtu d’une toile grossière sur laquelle était collé du papier blanc. Des circonférences décrites par des traits de 5 centimètres d’épaisseur et de couleur noire déterminaient les surfaces à atteindre pour chaque distance (2).
La bicyclette
Préparant la (prochaine) guerre, les douaniers n’en oubliaient pas pour autant d’autres adversaires : les contrebandiers qui s’obstinaient, grâce à leurs ressources imaginatives, à faire échec à tous les obstacles que l’administration tentait de mettre à leurs entreprises.
Comme par le passé, les fraudeurs multipliaient les ruses pour prendre en défaut la vigilance des gabelous. Mais ils n’hésitaient pas aussi, face aux douaniers à pied, à forcer le passage de la frontière d’abord à l’aide de voitures attelées, ensuite à bicyclette, avant d’utiliser l’automobile au début du XXe siècle.
En conséquence, dans la décennie 1880, l’emploi de la « vélocipédie » fut autorisé pour l’exécution du service actif des douanes. C’est ainsi qu’avec l’agrément de leurs chefs, les sous-officiers et préposés, détenteurs d’une bicyclette personnelle, purent se servir de leurs engins : soit pour effectuer des reconnaissances de jour, soit pour appuyer les observateurs isolés, soit pour transmettre des renseignements sur la contrebande, soit, enfin, … pour dresser des agents inexpérimentés sans avoir recours aux vélocipèdes achetés sur les fonds du Trésor ! En effet, sur certains points de la frontière, des bicyclettes étaient achetées sur les crédits administratifs.
A l’époque, l’utilisateur d’une bicyclette devait y apposer une plaque de contrôle, renouvelable tous les ans, valable du 1er janvier au 31 décembre et délivrée par les Contributions Indirectes. Un décret du 22 février 1907 autorisa le remboursement de la taxe aux douaniers utilisant leur bicyclette pour des raisons de service. Auparavant, une décision du 26 juin 1904 avait créé une allocation mensuelle de trois francs pour permettre aux agents de pourvoir aux réparations courantes de leur « petite reine » (3).
Le ski
Dans un même souci d’assurer une meilleure mobilité des brigades des Douanes, et, partant, d’accroître leur efficacité, l’administration décida, par la circulaire du 29 décembre 1908, de fournir des skis aux brigades « des régions du Jura et des Alpes où les habitants s’adonnent à ce moyen de locomotion pour pratiquer la fraude dans la saison des neiges ». Ainsi naquit la grande tradition du ski en Douane.
Comme leurs collègues cyclistes, les douaniers skieurs obtinrent par la suite une indemnité spéciale, perçue pendant la période d’utilisation effective des skis ; à la veille de la dernière guerre, elle était de 8 francs par mois avec maximum de 48 francs par an si les skis étaient fournis par l’administration et de 12 francs 50 par mois, avec maximum de 75 francs par an, si les skis étaient la propriété personnelle des agents (4).
La motocyclette
Au début de l’année 1919, l’administration des Douanes se préoccupait de moderniser progressivement ses méthodes de surveillance … « afin d’aboutir à la suppression du plus grand nombre possible d’emplois au profit de l’agriculture et de l’industrie » ! L’époque était en effet aux économies budgétaires.
Malgré les réticences de certains directeurs, une expérience d’utilisation de voitures automobiles fut programmée, bientôt complétée par une étude sur la généralisation de l’emploi de la bicyclette « pour assurer aux agents d’exécution un moyen de locomotion approprié permettant de donner à leur surveillance un plus grand rayon d’action, en même temps que plus d’imprévu et de mobilité » (5).
Au vu des résultats, il semble que fut retenue, dans un premier temps, la solution de l’automobile et … de la motocyclette, l’une et l’autre parcimonieusement réparties. Le décret du 25 novembre 1921, portant modification des indemnités du personnel des services extérieurs des Douanes, prévoyait en effet qu’une indemnité spéciale annuelle de 600 francs serait allouée « aux agents désignés comme conducteurs d’automobiles et de motocyclettes » (6).
Si l’on se réfère au célèbre Manuel des brigades du capitaine Saint-Jours, il fallut attendre les années 30, avec la transformation des brigades ambulantes en brigades mobiles placées en deuxième ligne, pour que la modernisation des moyens fût réelle.
Seules les brigades mobiles implantées sur les points de la frontière les plus menacés furent alors pourvues d’automobiles et de motocyclettes, les autres étant essentiellement « constituées par des agents cyclistes » ; mais, toutes furent épaulées par des groupes motorisés, placés plus en arrière, « unités fortement étoffées et dotées de moyens de locomotion très rapides » (7).
Brigades mobiles et groupes motorisés furent balayés dans la débâcle de 1940. N’avaient-ils pas rendu tous les services escomptés ? Ou préféra-t-on oublier cette expérience d’avant-guerre ? En janvier 1952, le « Journal de la Formation Professionnelle » annonçait, non pas la réapparition, mais la création prochaine de brigades douanières motocyclistes ! (8).
Notes :
(1) G. Pallain, Les Douanes Françaises, T.2, Paris 1913, p. 428.
(2) J.J. Roux, Manuel des brigades, 1886, p. 147.
(3) B. Saint-Jours, Manuel des brigades, 1914, p. 219 et ss.
(4) B. Saint-Jours, Manuel des brigades, 1935, p. 179-180 et 1938, p. 204-205.
(5) Annales des Douanes, 1919, p. 94 et 106 (avril)
(6) Annales des Douanes, 1922, p. 3 et ss. et Lettre Commune n° 1344 du 19 décembre 1924, p. 34 et ss.
(7) B. Saint-Jours, Manuel des brigades, 1938 , p. 254.
(8) L’Actualité douanière, 1952, p. 46 et ss.
2ᵉ partie : L’essor de la pratique sportive à partir de 1949
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A la fin du second conflit mondial, dans un pays en reconstruction, la Douane, « en veilleuse durant l’occupation allemande et même en partie démantelée », doit réinstaller ses services, remettre à niveau ses effectifs pour redevenir normalement opérationnelle. Deux années seront nécessaires (1).
En 1945, les bienfaits du sport n’étaient plus à démontrer. Pour la Douane, il était souhaitable « que les jeunes agents conservent les qualités de souplesse, d’endurance, l’esprit d’initiative et de décision que la pratique du sport a pu développer en eux. L’exercice de leurs lourdes et souvent dangereuses fonctions d(evait) s’en trouver facilité ».
L’école de ski de Morzine
En 1948, les douaniers affectés dans les brigades de montagne et ayant pratiqué le ski sont regroupés pour effectuer des stages de formation et d’entraînement d’une durée de quelques semaines.
La direction de Chambéry, à l’initiative du directeur régional, ouvre un centre de ski dans une école désaffectée de Morzine, où est enseigné surtout le ski alpin en raison de la proximité des pistes de cette station Haut-Savoyarde (2).
Le Ski-Club Alpin des Douanes Françaises
Quelques mois plus tard, par note du 15 janvier 1949, le directeur général Georges Degois annonce aux services douaniers la création du Ski-Club Alpin des Douanes Françaises : « Afin de reconstituer (….) les brigades de haute montagne qui ne sont en mesure de remplir leur mission en période hivernale, qu’avec un personnel doué des qualités requises et bien entraîné, l’Administration a organisé une école de ski à Morzine (direction de Chambéry).
Le personnel des brigades spécialisées des circonscriptions alpestres et pyrénéennes y est formé, perfectionné et entraîné au cours de stages de trois semaines sous la direction de moniteurs appartenant à l’Administration.
Les agents intéressés de la direction de Lyon, ainsi que des frontières du Jura et d’Alsace suivent un entraînement semblable au Centre Prémilitaire du fort des Rousses.
Il est apparu qu’il serait particulièrement souhaitable de maintenir, à l’avenir, l’entraînement de ces agents, ainsi que d’encourager l’esprit sportif et d’entraide qui préside à tous les exercices de haute montagne, en les groupant au sein d’une Association ouverte aux membres de la famille douanière et qui se proposerait de développer leurs qualités et leurs techniques. C’est dans ce but que j’ai accordé mon patronage « au Ski-Club Alpin des Douanes Françaises » (…).
Ce club a pour propos de réunir tous les agents des services sédentaire ou actif des Douanes françaises ainsi que les membres de leurs familles qui s’intéressent au ski ou le pratiquent. Affilié à la Fédération Française de Ski, il fera courir sous ses couleurs, tous ceux de ses membres qui désirent participer aux épreuves organisées ou patronnées par cette fédération … » (3).
Le centre de ski de Séez
En 1954, sous l’impulsion du directeur régional à Chambéry, le centre de ski de Morzine, trop exigu et mal adapté pour un hébergement correct, est transféré à Séez (Savoie), où l’Administration vient de se rendre acquéreur de l’hôtel du Val Joli sur la route du Petit-Saint-Bernard.
Ce transfert permet à l’Administration des Douanes de mettre en place, dès 1956, des compétitions administratives dont l’organisation est confiée à la direction de Chambéry tandis que les participants sont hébergés au centre de Séez (4).
Le centre de ski du Fort des Rousses
Parallèlement au centre de Morzine, la direction de Lyon profite – on l’a vu – des installations du Fort des Rousses, mis à sa disposition par l’Armée, pour recevoir des skieurs de Lyon et de Besançon pendant des stages de ski en hiver.
Cette formation est surtout axée sur des entraînements en ski de fond et randonnées car le Jura est une région dont le terrain se prête favorablement à ce genre d’exercices.
À l’issue de ces stages, des équipes de douane sont formées et participent à des compétitions régionales et nationales sous les couleurs d’abord du Ski-Club des Douanes de Chambéry, ensuite du Ski-Club des Douanes de Moret, seuls clubs affiliés à la Fédération Française de Ski.
Malgré leur formation, les douaniers n’arrivent pas à rivaliser avec les équipes civiles et militaires dont la plupart des éléments font partie de l’équipe de France de ski de fond ou de l’équipe de France militaire. Dès 1951, à la demande du chef de cabinet du directeur général des Douanes, les responsables des équipes douanières prospectent pour recruter les meilleurs spécialistes de ski de fond.
La collaboration entre la Fédération Française de Ski et la Douane prend naissance alors. L’équipe nationale des Douanes, formée dès 1954, devient en 1961 l’équipe des Douanes de biathlon, puis en 1967 l’équipe de France de biathlon (5).
Les écoles des Douanes et le sport
Le 1er décembre 1949, l’Administration des Douanes faisait savoir que rien ne s’opposait, selon elle, à ce qu’un agent s’adonne en dehors de ses heures de service et sous réserve que son activité administrative n’ait pas à en souffrir, à la pratique des sports amateurs. Ce fut le point de départ de multiples initiatives régionales en faveur du développement des activités sportives autres que le ski (6).
Par note du 25 janvier 1955, « dans le souci de permettre (aux) jeunes agents de pratiquer les sports d’équipe dans une mesure de plus en plus large », la direction des Écoles se voyait confier le soin de seconder et de coordonner les efforts accomplis, en liaison avec les Services Sociaux et l’Association Sportive du Ministère des Finances.
Lorsqu’il n’était pas possible d’envisager la création d’équipes composées uniquement d’agents des Douanes en raison de la dispersion du personnel, la formation d’équipes inter-finances devait être encouragée. De même, dans les grands centres, les meilleurs éléments devaient-ils être incorporés dans des équipes composées de fonctionnaires des diverses administrations financières, des équipes supplémentaires (secondes ou troisièmes) devant être engagées pour permettre à chacun de pratiquer son sport préféré.
De multiples mesures étaient prévues pour encourager la pratique des sports d’équipe (football, basket-ball, volley-ball, handball, rugby), de l’athlétisme et du judo, des facilités de service notamment (7). Ce qui ne se fit pas sans « créer un mécontentement de la part d’agents n’ayant nullement démérité et dont la seule tare (était) de n’être plus très jeunes « .
L’école des brigades de Montbéliard – dont les stagiaires avaient fait connaître le rugby en Franche-Comté dès 1953 – et, quelques années plus tard, l’école de Neuilly devaient constituer le terrain privilégié de cette ouverture sur une plus grande pratique sportive.
A la même époque, on assiste à l’introduction puis à la généralisation des épreuves physiques dans les concours. Ainsi, dans l’arrêté du 4 août 1952 portant modalités et programme du concours pour l’emploi de matelot stagiaire, l’article 12 prévoit-il : la course à pied 100 mètres, le saut en hauteur, le grimper à la corde, le lancement du poids, la natation et un parcours sur un terrain varié. A quelques variantes près, ce dispositif devait se retrouver bientôt dans tous les concours (8).
Les équipes sportives douanières
Si l’on met à part le cas particulier du ski, il semble que les premières équipes sportives douanières, officiellement constituées, furent des équipes de tir dans les directions de l’Est et du Nord. Il est vrai que les compétitions permettaient d’améliorer l’entraînement du personnel et de promouvoir le renouvellement du matériel.
Parallèlement aux concours organisés à l’échelon local, entre directions ou au plan national, dès 1959, des rencontres internationales ont lieu, la première en date étant le challenge de tir franco-suisse J. W. Baumann, régulièrement renouvelé depuis (9).
« La révolution culturelle du temps libre » (10) entraîna ensuite la multiplication des équipes douanières dans les disciplines les plus variées (ou la création de sections dans les clubs les plus importants), notamment en région parisienne. C’est ainsi que le 1er septembre 1954 est créée l’Union Sportive des Douanes de Paris (U.S.D.P.) qui, au football, ajouta rapidement le volley, le tennis de table, le basket, la natation, l’escrime, les arts martiaux – sous l’impulsion de Roger Le Gouill, actuellement vice-président de la Fédération Française de Karaté -, le cross-country et, en 1967, le rugby.
Cette dernière section fut championne d’Ile-de-France Corpo en 1970 et championne de France Corpo en 1984 en battant l’Association Sportive des Pompiers de la Communauté Urbaine de Bordeaux. Ces rugbymen douaniers rencontrent, depuis 1979 à l’initiative du chef de service interrégional à Bordeaux, leurs homologues britanniques. Ce match annuel fait désormais partie des traditions.
À noter qu’en juillet 1992, le directeur adjoint des Douanes Bernard Lapasset, qui exerçait les fonctions de président de la Fédération Française de Rugby par intérim, était confirmé à la tête du rugby français.
Mais le rugby n’est pas la seule discipline sportive où des douaniers ont enlevé des titres ou des places d’honneur. Que ce soit au sein des Finances ou dans les championnats corporatifs, les équipes douanières de football, de volley-ball, de basket, de tennis de table, de judo, sans oublier celles de pétanque et de pelote basque, toutes ont eu, à un moment donné de leur histoire, les honneurs de la presse. L’on ne saurait oublier enfin la participation des douaniers motards à de nombreux rallyes nationaux et internationaux.
Outre les équipes douanières, il convient de relever que de nombreuses individualités se sont aussi signalées. Ainsi par exemple, Alex Pedoussault remporte-t-il le cross du Figaro (seniors non licenciés catégorie III) en 1978 et Jean-Michel Pillon, la course du Figaro (catégorie Corpo) en 1983 ; en 1971, Jean-Paul Scola devient champion de France corporatif des kyus (combattants autres que les ceintures noires) dans la catégorie des poids légers en judo, tandis qu’en 1976 Michel Vermare remporte le titre de champion de France corporatif de judo (poids moyens) et Thérésien Bordier, le même titre en karaté (combats en kyus, catégorie super-légers) ; signalons aussi les performances de Serge Pecher en tennis de table, qui lui apportèrent à plusieurs reprises sa qualification pour l’équipe de France des Finances (11).
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Notes :
(1) Jean Clinquart, La Douane et les douaniers, Paris, 1990, p. 78 à 81.
(2) André Buffard, Le ski dans l’Administration des Douanes, note s. d .
(3) L’Actualité douanière, 1949, p. 46 à 48.
(4) André Buffard, note citée.
(5) Les installations du Fort des Rousses étaient en particulier utilisées pour la préparation des courses nationales et internationales, telles que le Tournoi International de Ski des 5 Nations qui comportait notamment une course de patrouilles de 25 kilomètres avec un tir.
(6) L’Actualité douanière, 1955, p. 31 à 33.
(7) L’Actualité douanière, 1955, p. 27-28.
(8) L’Actualité douanière, 1952, p. 249 à 253.
(9) Vie de la Douane, n°86 (1959), p. A.
(10) Selon l’expression de J. Dumazedier, Révolution culturelle du temps libre, 1988.
(11) Vie de la Douane, collection 1953-1989.