Association pour l’Histoire de l’Administration des Douanes
Les bataillons douaniers dans la Somme – septembre-octobre 1914
De la Grande guerre, on connaît les moments les plus mythiques depuis les taxis de la Marne (1914) à l’enfer de Verdun, des hécatombes de la Somme (1916) en passant par celles du Chemin des Dames. Les bataillons douaniers furent présents sur le front dès les premières escarmouches du conflit jusqu’au Défilé de la Victoire (1919).
Moins souvent évoquée est la phase des combats intervenue après la fameuse bataille de la Marne. Si les troupes allemandes ont pu être repoussées et stabilisées sur une partie du front, au nord-ouest du pays s’engage, entre septembre et octobre 1914, dans la « course à la mer », source de violents affrontements.
C’est au cours de cette phase du conflit que les bataillons douaniers du Nord de la France vont être engagés en toute première ligne et vont subir des pertes élevées en résistant, dans les premières tranchées de la guerre, aux attaques et bombardements de l’ennemi.
Dans une démarche mémorielle sont mis en avant cette année, dans le cadre de la commémoration de l’armistice de 1918, « les terribles combats de Serres et Puisieux-aux-Monts du 26 Septembre au 6 octobre 1914 ». Aux frontières entre la Somme et le Pas de Calais, le bataillon actif n°1 bis et le bataillon actif n° 1, vont vivre au cours de ces affrontements une des pages les plus sanglantes de l’histoire des bataillons douaniers.
Dans son ouvrage « L’engagement militaire des douaniers en 14-18 » (*), le récit des « terribles combats de Serres et Puisieux-aux-Monts du 26 Septembre au 6 octobre 1914 » qu’en dresse Christophe Mulé est éloquent. Nous remercions l’auteur de nous permettre de vous en livrer les extraits suivants qui donnent la mesure de l’âpreté des combats dans lesquels ces bataillons douaniers ont été engagés.
L’équipe de rédaction
Les terribles combats de Serres et Puisieux-aux-Monts du 26 Septembre au 6 octobre 1914
(1er extrait)
Les armées du Kaiser ont été arrêtées et battues à la «bataille de la Marne». Cependant, après un repli en bon ordre sur l’Aisne, elles s’y sont solidement terrées dans des tranchées difficilement expugnables. Le front s’enlise progressivement entre Verdun et Soissons.
Seul le Nord-Ouest n’est pas figé et reste encore accessible. Les belligérants vont s’y précipiter pour tenter les uns et les autres de gagner du terrain. Cette phase du conflit baptisée « course à la mer » engendrera d’âpres combats dans les plaines du Nord en septembre et octobre 1914.
Marchant avec sa division dans la Somme et le Pas-de-Calais, le bataillon actif n°1 bis va se retrouver en plein sur la ligne de front. Il y sera particulièrement exposé au feu en étant envoyé en première ligne dans les tranchées.
Le 26 septembre, la 82e Division d’Infanterie Territoriale (DIT) reçoit I’ordre d’aller s’installer défensivement sur un front de Lesboeufs à Guích à proximité de Longueval. En parvenant non loin de ces villages, force est de constater que les lieux sont déjà occupés par l’ennemi. Une attaque est lancée par les 163e et 164e brigades contre l’infanterie adverse tandis que le bataillon de douaniers est maintenu en réserve à Flers. Malgré des avancées sur le terrain, I’offensive échoue. L’adversaire ne peut être délogé, car il est soutenu par son artillerie et ses mitrailleuses en appui de l’infanterie. La division laisse dans cette attaque 627 hommes hors de combat, tués, blessés ou disparus.
Elle se replie derrière la rivière l’Ancre le 27. Relevée le lendemain, elle se déplace sur Courcelles-aux-Bois et Colin-camps en réserve derrière les trois autres divisions du groupe qui avancent au nord-est. La 84e DIT étant massivement attaquée, la 82e DIT va la soutenir sur la ferme Beauregard et Serre au niveau de la côte 141. Elle prend ses cantonnements à Serre, Puisieux (QG de la division), La Louvière, La Signy et Touvent. Le hameau de Serre et le village de Puisieux-aux-Mont [arrondissement d’Arras, Pas-de-Calais, en limite du département de la Somme] sont distants de 2 kilomètres. Les douaniers se trouvent alors vraisemblablement placés en réserve à Sars ou à Pozières.
Le 29, les 163 et 164 brigades passent å l’offensive pour s’emparer des villages de Beauregard et Miraumont et s’y maintenir. Les douaniers sont maintenus en réserve. Malgré le soutien de l’artillerie des 82e et 84e DIT appuyant les assauts, les régiments d’infanterie sont stoppés par les salves ennemies et ne parviennent pas jusqu’aux objectifs convoités.
Après ces durs combats, la 82e DIT conserve ses positions en avant de Serre et Puisieux et creuse des tranchées sur ce plateau. Une position assurant le repli éventuel des premières lignes est aménagée entre Puisieux et Hébuterne, vers la ferme de la Louvière (QG de la division).
Le 30 au matin, les 18e et 22e régiments d’infanterie territoriale (RIT) réussissent néanmoins å atteindre Beauregard. Ils découvrent dans le village une vingtaine de blessés français qui seront évacués dans I’obscurité de la nuit suivante.
Un duel d’artillerie gronde toute la journée. Le général du groupe des DIT ordonne finalement à la 82e division de ne plus attaquer, mais de se borner à défendre énergiquement le plateau en avant de Serre-Puisieux. Ce maintien sur des positions défensives a pour but d’appuyer le 11 corps d’armée qui attaque Thiepval et le 10e corps qui déborde à gauche de la division. Le bilan humain est une fois de plus dramatique. Du 28 au 30 septembre, la division aura perdu 303 hommes tués, disparus ou blessés.
Le 1er octobre, un déluge d’obus s’abat depuis 22 heures. Le tir de l’infanterie ennemie lui emboite le pas et achève de réveiller les troupes du secteur. Les unités en réserve, dont les douaniers, occupent immédiatement les emplacements de combat prévus pour protéger le repli éventuel des régiments en premières lignes. Le feu s’étend de part et d’autre sur le front des divisions pendant une heure.
Å 7 heures, Beauregard est attaqué. Une pluie de projectiles s’abat avec une précision terrifiante sur les tranchées. Les soldats se replient de cet enfer, non sans essuyer des pertes. Le village est finalement abandonné.
Les bombardements se poursuivent dans les deux camps mais deviennent moins intensifs que les quatre jours précédents. Les soldats de la 82e division sont épuisés par le séjour prolongé au contact de l’ennemi. Le commandement tente d’améliorer leur sort en prodiguant un ravitaillement continu en vivres dans les premières lignes. De surcroit, les hommes ayant séjourné longtemps dans les tranchées sont enfin relevés par des troupes un peu plus reposées. Deux bataillons du 22e RIT continuent à tenir les tranchées défendant le plateau Est de Puisieux, du côté de la ferme Beauregard.
Le réseau de tranchées se perfectionne et s’étend maintenant de la côte 103 à l’est de Puisieux, en liaison avec la 81e DIT, jusque devant Serre.
Le 2 octobre, les douaniers et le QG de la 82e DIT occupent des emplacements de terrain vers la côte 108. Ils sont chargés de défendre les tranchées au sud-est de Puisieux. Des tranchées de repli sillonnent désormais le terrain depuis la côte 108 au sud-est de La Louvière jusqu’à la côte 142 au nord -ouest de Puisieux.
Le 3, le QG de la 82e DIT décide d’envoyer les douaniers du bataillon 1 bis en première ligne. Les 1e et 2e compagnies de douaniers sont expédiées dans les tranchées de la côte 141, à proximité de la bifurcation du chemin de Puisieux-au-Mont menant a Grancourt. Elles doivent y relever des fantassins du 22e RIT qui s’en retournent bivouaquer en arrière autour de Serre.
Les 3* et 4 compagnies vont quant à elles occuper les abords du château côté Est et le centre du village de Puisieux. Les douaniers tiennent vraisemblablement les postes de combat dans les tranchées å la lisière du village (AD 15/08/1918 ; JMO 82e DIT ;21e RIT; 22e RIT).
Ils ne sont pas seuls, Le 21e RIT se trouve échelonné dans les tranchées au sud et à l’est de Puisieux comme suit : le 1er bataillon occupe les tranchées å l’est du village, la 4e Cie est en liaison avec la 11 Cie ; le 3e bataillon a sa 11e Cie en avant du château de Puisieux, non loin des douaniers ; la 12 Cie défend la partie sud de Puisieux entre la briqueterie (QG đu colonel Durand du 21e RIT) et la sortie du village; la 10e Cie est å la droite de la 9 du côté de Serre ; la 9e Cie est å la droite de la 8; le 2e bataillon, appuyé par une section de mitrailleuses (au nord de la route de Miraumont), se trouve en suivant de droite à gauche dans les tranchées face à Miraumont avec les 8, 5, 6e et 7e Cies.
Le 17e RIT est à La Signy et le 18e à Touvent tandis que le QG de la 82e DIT se trouve à Fonquevillers pour coordonner l’ensemble des unités (JMO 82e DIT; JMO 21e RIT; JMO 22e RIT).
Puisieux a reçu quelques coups de canon mais, à 17 heures, Serre est fortement pilonné å son tour, ce qui provoque un incendie dans ce hameau.
Le dimanche 4 octobre est décisif. L’ennemi attaque avec vigueur dès le lever du jour. Le 21e RIT est autour de Puisieux (un bataillon vers la côte 103). Les 1e et 2e bataillons du 22e RIT sont sur la route de Serre à Puisieux.
Au 3e bataillon, deux compagnies gardent les routes d’Auchonvillers et de Beaucourt-sur-Ancre tandis que les deux autres sont à la côte 103.
Les douaniers occupent toujours les tranchées à la droite du 21e RIT. Le 22e RIT est en avant de Serre, avec deux compagnies de douaniers devant lui qui font rempart face aux Allemands.
Le 18e est sur la ligne de repli éventuelle établie côte 108 – côte 142.
Le 17e RIT défend Hébuterne, choisi comme axe de retraite en cas de nécessité. De toutes les façons, le général du groupe de DIT a donné l’ordre de tenir jusqu’à la dernière extrémité afin d’attendre l’arrivée de la 8 division de cavalerie et d’une brigade mixte du 20e corps d’armée.
Au lever du jour, une attaque ennemie de grande envergure se dessine sur tout le secteur. Localement, deux bataillons allemands soutenus par deux mitrailleuses et une puissante artillerie attaquent les boyaux du 21e RIT depuis le ravin 92-103 à l’est de Puisieux. À 5 heures du matin, I’artillerie ennemie déclenche un feu d’enfer sur les tranchées. De nombreux obus éclatent près des soldats français. À 7 heures 30, une partie des douaniers pris sous le déluge infernal de l’artillerie quitte ses tranchées pour tenter d’échapper aux obus puis y est ramenée peu plus tard.
A 9 heures, les troupes reçoivent l’ordre du général de tenir coûte que coûte le plateau. Le 22e RIT ne devra I’abandonner que sur ordre et seulement en dernier ressort après que le 21e RIT et le bataillon de douaniers qui se trouvent en avant eurent quitté leurs emplacements de combat.
Pendant un moment, le 22e RIT parvient à tirer sur les fantassins allemands visibles à 800 mètres alors que ceux-ci n’ont que peu progressé, leur causant des pertes.
La bataille fait rage. Le douanier Lefebvre est I’agent de liaison du chef de bataillon Muller [bataillon 1 bis]. Au beau milieu des combats, il est chargé coûte que coûte d’aller chercher les ordres du lieutenant-colonel Durand commandant le 21 RIT. Seulement, pour y parvenir, il lui faut traverser un champ de bataille à découvert et battu par les obus et les balles. Jusqu’à présent, aucun agent de liaison du 21e RIT n’a pu passer. La mission paraît pour le moins suicidaire ! Pourtant, Lefebvre va réussir l’exploit de traverser deux fois cette zone dangereuse et s’acquitter courageusement de sa mission. Le lieutenant-colonel Durand sera, quant à lui, tué un peu plus tard en se repliant vers Serre.
De son côté, en cherchant à déceler la position exacte d’une mitrailleuse qui prend pour cible sa compagnie avec une redoutable précision, le sergent Lalande est tué. Le lieutenant Frognet combat à la tète de deux sections sous le feu violent de l’artillerie. II n’hésite pas à sortir de la tranchée pour obtenir une meilleure visibilité de tir. Quant au lieutenant Gerin, il va faire preuve de bravoure sous le feu de l’artillerie et des mitrailleuses en s’exposant aux projectiles. Cela fait un moment qu’une mitrailleuse tire sur sa compagnie de douaniers. Il a repéré l’endroit exact d’où jaillissent par saccades les gerbes de feu meurtrières. Excellent tireur, Gerin sort à découvert de la tranchée, probablement armé d’un fusil Lebel emprunté à l’un de ses hommes. Il ajuste son arme et abat les servants de la redoutable mitrailleuse .
Le bataillon 1bis de douaniers aura servi sur le front pendant un an et sept jours. Après avoir combattu en tant que troupe d’infanterie, il sera rattaché à la 56° DIT de novembre 1914 jusqu’à sa dissolution le 25 décembre 1915. Sur cette période, il aura principalement contribué à la réalisation de travaux de défense en creusant des tranchées et en bâtissant des ouvrages (AD 15/08/1918 p 206, 207).
Chapitre 2
Le bataillon actif de douaniers sur le front
(2e extrait)
En août 1914, I’organigramme du 1er bataillon comprend trois compagnies devant réunir quatre cent vingt-trois douaniers des brigades des directions lilloise et dunkerquoise. Aux ordres du commandant Véret, il est chargé dès le début du conflit de garder différents postes sur la frontière, échelonnés de Dunkerque à Lille. Son appel à l’activité aura lieu le 23 août 1914 comme le bataillon 1 bis.
Le commandant Édouard Véret, inspecteur principal à Hazebrouck et chef du bataillon actif n°1, photographié peu avant 1914. Véret va participer au conflit à la tête du l1 bataillon du 7 août 1914 au 6 janvier 1918.
Cet officier supérieur était déjà chevalier de l’ordre des Palmes académiques. La croix de chevalier de la légion d’honneur lui sera décernée le 30 juillet 1916 au titre de ses brillants états de campagne militaire au sein du corps des douanes. Véret poursuivra sa carrière en tant que directeur des douanes à Metz le 1er mai l923 puis receveur principal à Rouen en 1927 (Musée national des Douanes )
La 1ère compagnie du capitaine Saulier [d’Armentières] se rend à Dunkerque le 29 août pour y assurer la défense de la place aux côtés du bataillon de douaniers de forteresse de Dunkerque. Les 2e et 3e compagnies sont quant à elles intégrées à la 81e Division d’infanterie territoriale comprenant les 161e (11e et 12e RIT) et 162e (14e et 16e RIT) brigades] dont elles vont suivre et partager la retraite, puis, dans la foulée, les combats livrés lors de la « course à la mer ».
Les 81e, 82e et 84e DIT passent sous le commandement du général d’Amade le 19 août 1914 254 (JMO 81e DIT). Le 27, la 81e DIT quitte Saint-Omer pour le sud-est d’Abbeville et gagne Amiens le 29… pour se porter vers Beauvais le 11 septembre.
Un engagement va exposer le Ier bataillon å l’ennemi te 26 septembre au moulin de Saint-Léger. Il y es alors en soutien de l’artillerie. Assurant la protection rapprochée des artilleurs et de leurs canons, les douaniers ripostent contre une patrouille de dragons wurtembergeois qui les prenaient pour cible et capturent au passage cinq de ces cavaliers.
Le 27, la 81e DIT part tenir le secteur de Bucquoy (Pas-de-Calais, au nord de Puisieux) où elle va combattre. Le 11e RIT est en liaison avec le 21e RIT à Puisieux. Ses tranchées défendent l’est devant Bucquoy où la division participe également aux violents combats contre l’infanterie allemande qui arrive d’Achiet-le-Petit le 4 octobre, et le 5 aux Essarts. La 161e brigade tient alors Fonquevillers. Le 5, cette localité est fortement canonnée. À 18 heures, le 11e RIT, qui a défendu Fonquevillers, y cantonne sous les ordres du capitaine Rostaing (3e bataillon du 11e RIT, Cet officier prend également sous son commandement les douaniers qui participent en première ligne aux services des avant-postes. La localité de Foncquevillers subit, elle aussi, de continuels bombardements d’artillerie. Les avant-postes vont se replier avec ceux de la 162e brigade pour couvrir Hannescamps tandis que ceux de la brigade mixte tiennent Gommecourt.
Le quotidien des soldats du 1e bataillon est le même que celui vécu au bataillon 1 bis un peu plus au sud. Ils n’échappent pas aux violents pilonnages d’artillerie.
Des combats éclatent le 6 octobre à Hannescamps et Fonquevillers. La 161e brigade se trouve à Fonquevillers, le 3e bataillon du 11e RIT étant dans les tranchées entre Fonquevillers et Souastre. À 15 heures, des cavaliers de la 8e division de cavalerie tentent une irruption sur la ferme de la Brayelle, mais elle échoue malgré le concours des troupes de Fonquevillers.
Les multiples périls du front n’arrêtent pas les soldats du 1e bataillon qui se portent volontaires pour des missions périlleuses. Les soldats Mayali, Amice et quelques-uns de leurs collègues de la 2e compagnie méritent que l’on se souvienne de leur mémoire. Mayali et Amice avaient déjà contribué à la capture d’une patrouille de dragons wurtembergeois le 26 septembre.
Ces deux soldats courageux se portent à nouveau volontaires avec d’autres douaniers pour une mission dangereuse le 6 octobre 1914. En même temps que se déroulent les combats devant Fonquevillers, å 6 kilomètres au nord-ouest de Puisieux, ils intègrent une patrouille allant reconnaître une maison isolée d’où partent des tirs ennemis meurtriers. Au cours de la lutte qui s’engage à l’approche du bâtiment, cinq douaniers perdent la vie et cinq autres sont blessés. Amice fait partie des tués. Mayali est gravement blessé par balle à la tếte. Evacué du front, il est transporté dans un état critique à l’hôpital complémentaire n° 5 d’Amiens (Somme) où il succombera le 24 octobre 1914.
Avant la guerre, les deux douaniers étaient liés par la passion de leur métier exercé au sein de la brigade de Strazeele (Nord, près d’Hazebrouck).
Théodore Joseph Amice était né en 1882 à Augan (Morbihan). II est Mort pour la France le 6 octobre l1914 à Fonquevillers de blessures de guerre et est inhumé à la nécropole nationale de la Targette-Neuville-Saint-Vaast (Pas-de-Calais).
Jean Mayali était né en 1885 à Piédicorte Digaggia (Corse). Mort lui aussi pour la France, il repose désormais dans la nécropole nationale Saint-Pierre à Amiens. L’exemple donné par ce soldat du Corps militaire des douanes, également père de famille, disparu prématurément, restera un modèle pour son fils Roger né en 1910. Le jeune pupille des Douanes et de la Nation deviendra plus tard inspecteur à la 17 brigade de police judiciaire de Pau et résistant au maquis de Rébénacq (Pyrénées-Atlantiques). Il s’y distinguera en 1944 et finira sa carrière en tant que commissaire de police au titre de la Résistance ( Source : Eric Amouraben).
Amice et Mayali seront tous deux cités et décorés de la croix de guerre par le général commandant le groupe des divisions territoriales (AD 01/12/19l4 p 310; AD 15/12/1914 p 323; AD O1/04/1915 p 78; AD 15/04/2016 p 91).
Le 7 octobre, I’ennemi bombarde à nouveau Fonquevillers. Le 13, la division fait mouvement pour se positionner en seconde ligne sur Bavoncourt – Saully -Couturelle. Les 2e et 3e bataillons du 11e RIT ont ordre de défendre les crêtes devant Souastre, village sis à l’ouest de Foncquevillers. Désormais, les douaniers vont participer activement å la mise en état de défense des crêtes en avant de Souastre. Au moins une compagnie de douaniers occupe les tranchées des croupes du Moulin de Souastre en liaison avec les RIT. Elle s’y trouve encore le 10 octobre.
Le 21 octobre, la 81e DIT se porte dans la région de Beauquesne (Somme), puis le 22 dans celle de Corbie. Le 24, elle s’organise en position défensive sur le plateau à l’est de Longeau. Le 30, elle part en deux colonnes pour la région de Talmas (Somme), les deux compagnies de douaniers faisant partie du gros de la 161e brigade.
La division va poursuivre sa marche vers le nord avec les douaniers qui la suivent à Furnes et Nieuport (Belgique) où elle se trouve le 4 novembre. Le 5, la division envoie une brigade à Nieuport pour reprendre I’offensive sur la rive droite de l’Yser. Le 11e RIT cantonne à Furnes, Nieuport, Oostduinkerke (JMO 11e RIT, 12e RIT).
Le 11 novembre, le 1er bataillon de douaniers reçoit l’ordre de quitter la Belgique pour le camp retranché de Dunkerque après avoir fait campagne pendant plus d’un an. Lui aussi aura séjourné en première ligne, dans les tranchées sur le front, subi les bombardements d’artillerie et les affres du conflit. A l’instar du bataillon 1 bis, il aura été employé comme bataillon d’infanterie et subi des pertes.
Christophe Mulé
(*) L’engagement militaire des douaniers en 14-18
Christophe Mulé
Editions du plateau – 2017