Association pour l’Histoire de l’Administration des Douanes
La surveillance des côtes de la baie de Bourgneuf
Nous exprimons toute notre gratitude à l’association Richesses Patrimoniales et Naturelles de La Bernerie-en-Retz et Défense de la Côte (R.P.N.D.C.), ainsi qu’à son Président, Gilles Guingnier, auteur de cette contribution que nous avons le plaisir de reproduire sur ce site.
L’équipe de rédaction
La surveillance des côtes de la baie de Bourgneuf
Le guet de mer – les douaniers
La crainte de l’invasion par la mer des troupes ennemies prédomine. Comment surveiller les côtes et protéger les rades et les abris des bateaux. C’est principalement au IXe siècle que l’insécurité domina dans la baie de Bourgneuf avec les invasions vikings. Leurs incursions mirent à mal toute la côte.
Après la domination normande, le Pays de Retz entre dans un cycle de tension entre les Plantagenets et les Capétiens (en simplifiant entre l’Angleterre et la France). D’après de nombreux auteurs comme Albert Laot « à la fin du Moyen Âge, un service irrégulier de guet côtier avait fonction l’alerte des habitants ».
Il faut attendre Louis XIII et surtout Louis XIV (Colbert, Vauban et le duc d’Aiguillon) pour qu’une véritable politique maritime soit mise en place avec la création d’une flotte de combat, des ports et un système de gardes-côtes reposant sur la participation obligatoire des habitants. Il s’agit de protéger la circulation maritime et les côtes.
C’est en premier « le guet de mer », le service du guet des gardes-côtes – 1584 – 1791.
1683, Jean Giboulaud, notaire et maître d’école au hameau des carrées sections de La Bernerie, du village des Moutiers, font signer une pétition demandant l’installation d’une batterie afin de protéger « le port » et de s’opposer à un possible débarquement anglais et autre (Cne lacroix – archives 44).
Dans son mémoire sur la protection de la rade de Bourgneuf daté de 1689, le sieur Niquet liste les zones à risque : l’île de Noirmoutier, Bourgneuf le port du Collet, Pornic et l’entrée de la Loire. Il faut élever des redoutes avec des retranchements palissadés. Les autres points de la côte sont déclarés impraticables à cause des rochers ou des vases.
1696, tentative de débarquement hollandais à La Bernerie, suivi de pillages et d’incendies.
La formation d’unités garde-côtes (règlement de 1716) : chaque paroisse située dans un rayon de deux lieues du rivage était astreinte à la fourniture d’un certain nombre d’hommes chargés d’assurer le guet, jour et nuit, afin de signaler tout mouvement suspect. Une distance de près de 8 kilomètres du rivage, compte tenu de la configuration des côtes un nombre particulièrement important de paroisses (près de 500 pour la Bretagne).
Ces unités avaient deux rôles, la surveillance et l’alerte et le combat. La surveillance était réalisée sur les points hauts (les moulins, clochers des églises etc.). La signalisation de l’alerte se faisait de jour au moyen de drapeaux, draps, de fumée, des cloches et de feux la nuit. Les corps de gardes devaient être suffisamment proches pour répercuter ces signaux.
C’est ainsi que les moulins de La Bernerie (actuel moulin de la gare ou Dousset), celui de la Jar(r)ie (situé en limite du Clion), celui des Moutiers, ainsi que les clochers des églises de Prigny, des Moutiers et de Bourgneuf étaient utilisés pour la surveillance côtière.
En 1734, le duc d’Aiguillon, au cours de sa tournée d’inspection de Bourgneuf à Cancale, constate qu’il existe 190 corps de garde sur tout le littoral. Ce nombre insuffisant doit être porté à 260. Il fallait améliorer et créer un chemin de ronde le long du littoral. Dans les endroits appropriés, face à la mer, il fallait dresser des petites cabanes en bois, en terre, en pierres de rochers avec si possible une cheminée. Les capitaines auront soin de veiller à l’entretien de ces chemins et bâtiments qui sont à la charge de la paroisse.
Les deux forts de la baie : Le Pilier et Mindin sont construits en maçonnerie. Le fort du Pilier est construit entre 1692 et 1714. Il comprenait une tour (logement avec citerne) et une fortification circulaire (mémoire de l’ingénieur Tousseloir de 1714). Le fort de Mindi 17° et 18° siècles possède une tour crénelée complétée de remparts de terre qui sera ensuite remplacé par le fort actuel.
De plus des batteries en terre et en pierres sèches sont très nombreuses sur les côtes du Pays-de- Retz.
Au XVIII° siècle, quelques maisons du village de la Bernerie s’avançaient jusqu’à 40m de la mer. Un chemin dominant la mer devait servir, en cas de guerre, à la défense de la Côte. À la Bernerie (au Parc aux cendres derrière la maison Crespin rue du Port Chesneau) des batteries de canons furent installées, comme à la pointe des Corbejeaux (le collet) avec deux canons de calibre 6. Il sera ensuite armé d’un canon de calibre 18. 1801 et 1810, en raison de l’amoncellement de la vase et du sable, les batteries de la Bernerie et du collet sont supprimées- de la Ronzière – Louis Gautier « la Bernerie »- Émile -Jacques Loysel « synthèse de recherches ».
Les archives de 1746 mentionnent qu’il y a peu de canons en état de marche et que la défense côtière est laissée à la charge de milices recrutées sur la population des villages. Des paysans qui n’étaient pas formés, encadrés, armés et payés.
(Extrait de la carte de la capitainerie garde côte de 1758)
1770 et 1778, monsieur de la Rozière note la fragilité des protections des petites anses au nord (Préfailles, la pointe Saint-Gildas et Paimbœuf) et à l’ouest de Pornic, la côte de Bourgneuf, Le Collet.
Le 4 mars 1791, le service des gardes-côtes sera supprimé et la surveillance des frontières maritimes va reposer sur la douane. Les douaniers vont s’approprier ces abris. Le capitaine des douanes de Bourgneuf est aidé par deux lieutenants dont l’un aux Moutiers. La capitainerie comptait treize brigades :
le bourg des Moutiers (240 habitants 73 maisons) Prigny (la Bouie) – 81 habitants, 21 maisons.
le village des Sables (131 habitants, 34 maisons) la Mazure
le Fondreau
Bourgneuf ( les Fuberts)
au grand Marais
au Fresne
au Collet (27 habitants 4 maisons) à Lyarne (6 habitants – une maison) à La Bernerie
carte de 1902 – 1904 et 1914, les douaniers de Bourgneuf, rue de la Taillée. Une guérite des douanes pour le contrôle des marchandises (collection famille Lucas André).
Le douanier vérifie « le MULON » de sel, (le tas de sel) auprès des paludiers
Le marais salant « Terre de Mareil ».
En 1841, le bureau principal des douanes fut transféré à Pornic.
De 1816 à 1866, 120 gabelous (ou douaniers) très rigoureux sont présents sur le canton de Bourgneuf (E.Boutin, J.P Rivron). Les gabelous dont l’origine remonte à la gabelle surveillaient la pesée du sel.
Nous retrouvons dans le recensement de 1841 commune des Moutiers les douaniers :
Prigny (81 habitants – 21 maisons) : Laurent Larinllot, préposé
La Fradoullière (54 habitants – 12 maisons) : Augustin Arbineau, brigadier
Les Sables (131 habitants – 34 maisons) : Julien Droneau, préposé
Jean Nicordelle, brigadier
François Pinault, préposé
Maisons Neuves (25 habitants – 6 maisons) : Jean Monier, préposé
Pierre Deniare, sous brigadier
Louis David, préposé
Julien Refeuville, receveur
Pierre Vivoy, brigadier
Louis Verallete lieutenant
Léon Jaffré visiteur des douanes
Julien Vayeuare, receveur
Jean-Marie Dieulaugard
Armand Fremaubert
La Sennetière (169 habitants – 49 maisons) : Olivier Souty, retraité
Jean-Pierre Raberton, préposé
René Le Gonac, retraité
Pierre Pinault, préposé
Pierre Ruingeard, receveur
Pierre Bourie, préposé
Bonfrançois Mabire, brigadier.
La Bernerie (450 habitants) : Joseph Palvadeau, matelot des douanes
Joseph Guitole, préposé
Auguste Le Pot(t)ier, receveur
François Lepiné, retraité.
Le recensement de 1866, commune de La Bernerie :
° Le bourg :
Julien Mahon, brigadier
Hyacinthe Chainlte, chef douanier
Pierre Guilloux, préposé
Julien Gui(l)baut, préposé
Olivier Picane, préposé
La Sennetière :
Pierre Dodart
° Les retraités :
Village de La Beltière : Jean Monnier – Pierre Cacouin – Pierre Chaurel La Villadière : François Raingeard
Douanes (1901)
Auguste BERNARD Brigadier
Louis RULIER
Pierre BUILVERT
Jean Marie TESSIER
Jean Baptiste GOUPILLAUD Douanier
Louis Emile PELLEMELE
Paul Alexandre EVE
Olivier Félix PICOT
Louis Joseph GACOIN Julien GAUTIER
François Julien GAUTIER
Gilles Guingnier
Association Richesses Patrimoniales et Naturelles de La Bernerie-en-Retz et Défense de la Côte
(R.P.N.D.C.)