Association pour l’Histoire de l’Administration des Douanes

La première médaille d’honneur des douanes « féminine »

Mis en ligne le 1 mars 2021

La rédaction livre ici le récit biographique de René Boucher, ancien receveur principal des douanes de Thionville, qui a pris sa retraite en 1994. Il a notamment exercé une bonne partie de son activité dans la branche de la surveillance, en particulier à la frontière franco-luxembourgeoise en qualité de chef de subdivision.

 

Il livre ici un précieux témoignage de la façon dont la féminisation était accueillie au sein de la corporation douanière au début des années 1980.

 

L’équipe de rédaction

 


 

En 1980, féminisation du service de la surveillance

Au début de 1980, l’administration avait décidé de recruter de façon importante du personnel féminin pour le service de la surveillance. De nombreuses jeunes filles firent leur apparition dans les diverses brigades de ma subdivision. Loin des préjugés, sur le terrain, la plupart des agents féminins se comportaient bien et mettaient du cœur à l’ouvrage. Celles en fonction à Thionville gare et Dudelange Zoufftgen autoroute furent très vite actives et performantes et constatèrent de nombreuses affaires.

 

Par contre, cette féminisation causait de véritables problèmes dans la gestion du personnel. Exemples : il était impensable de mettre en service de surveillance deux femmes seules, question de sécurité. D’autre part, il fallait éviter de mettre en service le même homme et la même femme trop souvent. Lors du contrôle des ordres de service, il m’a été permis de constater dans une brigade ce genre de choses pour des services en nocturne… Certaines épouses d’agents supportaient assez mal de voir leur conjoint faire du service de nuit en charmante compagnie.

 

Bien entendu, de nombreuses idylles et unions ont eu lieu avec quelquefois des situations difficiles à résoudre. J’étais bien souvent dans l’obligation de jouer le conciliateur.

 

Des contrôleurs féminins furent affectés à la brigade de Dudelange Zoufftgen. Or ces agents du cadre B éprouvèrent des difficultés à s’imposer du fait que certains préposés et agents de constatation n’acceptaient pas toujours de se trouver sous les ordres d’un contrôleur féminin, notamment les anciens emplois réservés militaires.

 

Une belle récompense

 

Par contre en ce qui concerne les récompenses particulières, j’ai eu le plaisir que, sur ma proposition, une femme en service à la brigade de Thionville gare ait reçu le diplôme de la médaille d’honneur des Douanes en 1981. C’était la première femme à obtenir cette distinction pour résultats exceptionnels dans le domaine de la lutte contre la fraude et dans le domaine de produits stupéfiants et des changes. Quelques mois après, elle a été nommée au grade de chevaler dans l’ordre National du mérite. La remise des décorations a fait l’objet d’une réunion à Thionville devant les autorités de la ville.

 

La Médaille d’honneur des douanes décernée à une femme pour la première fois en France (20/02/1981 – source : mémoires de René Boucher / article RL)

L’article du Républicain Lorrain relatait ainsi l’événement dans son édition du 20 février 1981 :

 

« La médaille d’honneur a été remise vendredi soir à Madame Josette Armand, préposée à la brigade touristique des douanes de Thionville-gare, au cours d’une réception qui s’est tenue dans le local des douanes de Thionville. Cette remise de médaille est un fait exceptionnel dans la vie professionnelle des douaniers, car cette distinction honorifique n’est attribuée en principe qu’à des agents déjà avancés dans leur carrière.

 

Madame Josette Armand est entrée dans l’administration des douanes le 1er mars 1970 à Thionville-gare où elle exerce toujours. Elle est mère de trois enfants, son époux est contrôleur divisionnaire des douanes et chef de poste de la brigade mobile de surveillance de Thionville-Ouest.

Dans une allocution, M. Defer, directeur adjoint des douanes de Thionville devait souligner qu’à travers Mme Armand, « cette distinction récompense toute la brigade touristique de Thionville dont on connaît l’efficacité et les résultats obtenus en matière de stupéfiants mais aussi en matière de fraude fiscale internationale ».

 

Le capitaine Boucher, commandant la subdivision des douanes de Thionville, a rappelé que les origines de cette médaille d’honneur des douanes remontent à la IIIe République, sous le ministère de Raymond Poincaré en 1874.

 

Enfin, M. Pillant, directeur interrégional des douanes, a souligné les qualités exceptionnelles de Mme Armand, tout en précisant l’importance de l’administration des douanes (23% des recettes totales de l’Etat).

Cette distinction serait la première du genre remise en France à une femme. »

 
 
Source : Autobigraphie René Boucher –  » Ma carrière douanière (1960-1994) »

 

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