Association pour l’Histoire de l’Administration des Douanes
La place Royale à Reims, siège historique de la douane en Champagne
Les origines de la place Royale à Reims
Au début du XVIIIème siècle, le centre de Reims est constitué d’un enchevêtrement d’habitations très resserrées, entassement de vieilles maisons en bois et de ruelles étroites, mal pavées et peu engageantes. Surpeuplé, ce quartier situé autour de la cathédrale Notre-Dame de Reims était certes pittoresque, car grouillant de nombreuses boutiques, mais insalubre et surtout dangereux en cas d’incendie.
De surcroît, ce quartier central, surnommé « du Grand Credo » en référence aux processions religieuses qui l’animaient, se trouvait au croisement des routes de Paris aux frontières de la Champagne, et des Flandres à la Bourgogne.
Il avait été bâti à l’emplacement de l’axe est-ouest de l’ancienne cité gallo-romaine de Durocortorum, entre la porte de Mars et le forum romain, dont les vestiges peuvent toujours être visités aujourd’hui.
Les propriétaires fonciers du quartier, les chanoines du Chapitre, proposèrent plusieurs alternatives pour placer le centre de Reims non pas sur leurs emprises, mais plutôt en contrebas vers l’actuelle place d’Erlon.
Sur proposition du Lieutenant des Habitants, Levesque de Pouilly, le percement du Grand Credo fut proposé, et le Conseil de la Ville approuva le projet par une délibération du 16 décembre 1748. Un dessinateur rémois, de Monthelon, esquissa un premier projet, relancé par Trudaine, Intendant des Ponts et Chaussés. Après avoir intégré ce projet dans l’étude plus large d’un plan de ville et de son réseau de routes, le Conseil du Roi approuva sa requête le 20 mai 1755.
Les travaux de la place Royale débutèrent en 1759, selon les plans et sous la direction de l’architecte du Roi, Jean Gabriel Legendre.
L’hôtel des Fermes et la douane
Trudaine avait pour ambition de reloger les lieux du pouvoir rémois sur cette place. Ainsi, il suggéra de construire des bâtiments favorisant le regroupement des services fiscaux dans un « Hôtel des Fermes ». La Douane et les Aides y étaient donc regroupés, ainsi que les logements du receveur, du contrôleur, du visiteur des Douanes, ainsi que du directeur et du receveur des Aides.
Le Conseil d’État et le Conseil de Ville acceptèrent les travaux, qui devaient être financés par la ville qui ensuite paierait un loyer (les terrains d’assise étant propriété du Chapitre) Après 2 années et demi de travaux, la place Royale dans sa configuration définitive fut achevée le 30 septembre 1761. La dépense totale fut de 180000 livres avec les indemnités. Il avait fallu détruire 4 maisons de chanoines.
En 1765, la place est inaugurée, et la statue de Louis XV trône en son centre. Pour autant, le nom originel de la place est « Hôtel de la Ville », contrairement aux souhaits du Roi.
L’hôtel des fermes après la Révolution
Le 23 octobre 1792, une délibération du Conseil Général décrète que les signes indiquant le despotisme doivent disparaître. Deux jours plus tard, la statue abattue est vendue à la fonderie de Metz pour la fabrication de canons. L’Hôtel des Fermes et l’Hôtel du Commerce sont placés sur la liste des biens nationaux à vendre.
L’édifice est vendu le 8 février 1791 à M. Henriot au titre des Biens Nationaux pour 130000 livres.
Durant la seconde moitié du XIXe siècle, plusieurs commerces s’installent dans le bâtiment, aux côtés du négociant en vins de Champagne Henriot. L’ancien Hôtel des Fermes abrite d’abord une entreprise de déménagement.
Au du 20ème siècle, l’ancien Hôtel des Fermes abrita le magasin de vêtement « Dewachter » puis une entreprise de déménagement et un fleuriste.
Dans l’aile gauche, un « café de la Douane » s’installe, ainsi qu’un fleuriste. Un marché aux fleurs se tenait sur la place devant le bâtiment, plusieurs fois par semaine.
Le « Grand café de la Douane » dans l’ancienne Sous-préfecture de Reims
Quelques traces de cet ancien « Grand Café Restaurant de la Douane » sont parvenues, dernières traces d’un passé douloureux, le bâtiment ayant subi l’intensité des bombardements allemands du 19 septembre 1914. A l’issue, seuls les 4 murs principaux subsistaient, au milieu d’un quartier en ruines.