Association pour l’Histoire de l’Administration des Douanes

La douane et les « chromo-images »

Mis en ligne le 1 avril 2019

 

Une chromo-image: La fouille à la douane

 

Au cours du 19ème siècle, les grandes villes commencent à développer de grandes enseignes de magasins comme le Bon Marché à Paris. Ce sont Aristide et Marguerite Boucicaut qui se lancent dans la construction de «cathédrales du commerce moderne faite pour un peuple de clientes» en développant le concept de grand magasin à travers la construction du Bon Marché.

 

Il est proposé dans ce magasin, aux clients et surtout aux dames, un grand espace de vente avec un important assortiment de produits d’une grande variété. Les affaires sont bonnes car la première révolution industrielle est en train de transformer la capitale : sa population, qui a doublé depuis le début du siècle, atteint 1 million d’habitants.

 

Pour fidéliser le client qui est fortement sollicité, une idée promotionnelle vient naître dans l’esprit de Monsieur Boucicaut : il a comme idée de les faire revenir et comprend déjà très vite que bien que ce soit Monsieur ou Madame qui achète , que ce sont les enfants qu’il faut cibler.

 

Il décide donc de remettre aux jeunes enfants une belle image qui peut rappeler le bon point scolaire afin de les inciter à revenir pour compléter et terminer leur collection d’images au fil des jeudis.

 

Pari gagné ! Grâce à cette fabuleuse idée promotionnelle, Monsieur Boucicaut fidélise sa clientèle et fait augmenter son chiffre d’affaires de manière exponentielle. Les enfants ne cesseront de tirer sur les robes de leurs mères pour les implorer d’aller dans les grands magasins pour avoir ces fameuses images. Cette petite image chromo-lithographiée attire au Bon Marché, les petits écoliers désireux d’enrichir leur collection.

 

La Chromo, impression lithographique en couleur, occupe une place à part entière dans ce nouveau commerce et de nombreux produits alimentaires vont promouvoir leurs marques via ces petites images. Des marques de chocolat, d’extrait de viandes essentiellement inondent les magasins de ces petites cartes dessinées. En un siècle, de 1872 à 1975, rien que pour la société « Liebig », près de 1871 séries de six images soit plus de 11 000 images sont distribuées.

 

Le service des douanes est représenté de nombreuses fois dans ces petites images colorisées. Le thème des chromos des douanes se répartit essentiellement sur le thème du douanier et du contrebandier, mais on peut aussi y joindre l’octroi.

 

En effet, à l’époque du développement de l’imagerie publicitaire, les droits indirects étaient distingués du service des douanes et étaient recouvrés par le service de l’octroi présent aux portes de chaque ville. Il ne va pas s’en dire que ces agents de l’octroi ont eu aussi fait l’objet de plusieurs esquisses.

 

Ces chromos, instruments publicitaires ludiques pour les jeunes écoliers, sont intéressantes car elles reflètent au mieux les missions des douaniers. Ces images restent fidèles à la réalité douanière malgré leurs gravures parfois naïves et permettent ainsi de mieux comprendre le rôle des agents des douanes de l’époque.

 

Le contrôle des passeports à la frontière française

Le douanier sera essentiellement représenté dans son premier rôle de vérificateur des marchandises. Le dessinateur, après avoir effectué des recherches précises afin de ne pas commettre d’erreurs dans ses croquis, choisira de nous montrer le douanier dans son environnement professionnel (surveillance des frontières, contrôles des passagers, écor des marchandises, lutte contre la fraude) mais il n’omet pas de rester « collé » à la réalité et de mentionner certains détails comme la couleur des uniformes, le type de coiffe selon la spécialité (marin, terrestre, alpin,…).

 

Jérôme Roux
NDLR: Jérôme Roux est également l’auteur d’un article documenté sur le thème des chromo-images paru dans les Cahiers d’histoire des douanes et droits indirects (N° 60 – 2016)
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