Association pour l’Histoire de l’Administration des Douanes

Jean Marie Chaumelin : un directeur des douanes journaliste et grand amateur d‘art

Mis en ligne le 1 juillet 2024

 

 

Les adhérents de l’AHAD se caractérisent souvent par une grande vigilance quant aux sujets intéressant notre association. C’est ainsi que, récemment, M. Bidault, de Paray-le-Monial, nous a informé de l’existence de deux tableaux conservés au musée eucharistique du Hiéron, de cette même ville représentant un directeur des Douanes et sa femme. Or, à priori, les membres de l’AHAD consultés ne semblaient pas connaître ces portraits. M. Bidault accepta d’aller rencontrer la conservatrice dudit musée pour en savoir plus. Nous les remercions vivement pour leur aide.

 

 

Les portraits

 

M. Chaumelin, Noémie Guillaume, 1886
huile sur toile, H. 146 ; L. 97 cm

Il s’agit donc des portraits de Jean-Marie Chaumelin, directeur des Douanes, et de son épouse, Anne Tisserand. Ces deux portraits à l’huile sur toile (146,5 cm de hauteur sur 95,5 cm de largeur) ont été donnés par la famille en 1886 au musée municipal (à l’époque dans l’hôtel de ville de Paray). A la fermeture de celui-ci, en 1962, ils furent transférés au musée eucharistique du Hiéron. Il ont été restaurés en 2020.

 

Mme Chaumelin, Noémie Guillaume, 1886
huile sur toile, H. 146 ; L. 97 cm

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Réalisés en 1886, ils sont dus à Noémie Guillaume-Bocquet. Née à Besançon en 1849, décédée en 1916 à Gagny, cette portraitiste de talent était élève de Caroline Durand (1837-1917) et Jean-Jacques Henner (1829-1905). Le Bénézit précise qu’elle débuta au Salon en 1876 et était sociétaire des Artistes Français en 1883.

 

L’AHAD remercie le musée du Hiéron de nous autoriser à reproduire ces deux tableaux.

 

 

Jean Marie Chaumelin, directeur des douanes…

 

 

Michel Boyé et Nelly Coudier dans leur ouvrage « Directeurs et directions des Douanes, 1791-1945 » (AHAD, 2002) nous apportent les compléments suivants : « « Marius » Chaumelin prit une large part à la rédaction du Dictionnaire Universel de Larousse et on lui doit la traduction, sous le pseudonyme de Gaston de Paray, d’un traité satyrique du Moyen Age, Les quinze joies du mariage (1860). Il collabora à « l’histoire des peintres de toutes les écoles » (avec Charles Blanc, Philarète Chasles …) et à « La Revue moderne ». »

 

 

Sur sa carrière en douane, ses états de service, conservés au Service des Archives Economiques et Financières (SAEF), nous indiquent le déroulé suivant : Surnuméraire à Paris en administration centrale (1er novembre 1852), commis à Marseille (1er janvier 1854), commis à l’administration centrale, bureau du tarif (1er janvier 1863), commis à l’administration centrale (1er avril 1874), sous chef de bureau (1er août 1877), chef du bureau du tarif (1er février 1880), directeur à Caen (1er juin 1881), et à Paris (1er février 1884).

 

 

… et journaliste

 

Ce personnage a eu une double carrière assez exceptionnelle. Georges Reynaud, de l’Académie de Marseille, cité sur le site Internet Massalire nous livre ces informations dans sa préface aux ouvrages de Chaumelin « Promenades artistiques autour de Marseille » en 3 tomes :

« Né à Paray-le-Monial le 15 avril 1833, mort à Paris le 22 octobre 1892. Journaliste et critique d’art. Elève du lycée de Macon, puis étudiant en droit à Paris, il est nommé administrateur des douanes à Marseille en 1855. Il y lance plusieurs périodiques culturels : Le Phocéen (1855-1861, en collaboration avec Joseph Mathieu, hebdomadaire mêlant sciences, littérature, industrie et annonces), Le Mistral, bimensuel satirique illustré, avec Maurice Bouquet et Chéruit (1857-1864), Tribune artistique et littéraire du Midi (1857-1862) où il rend compte de toutes les expositions locales. Il collabore, parfois sous le pseudonyme de Gaston de Paray, à plusieurs journaux locaux dont La Gazette du Midi où il publie en 1856, en feuilleton, ses Promenades artistiques autour de Marseille, exaltant le pittoresque de la banlieue et de ses bastides. On lui doit aussi un Annuaire historique de Marseille (1857) renouant avec les publications de Mazets Grosson et Chardon, La Peinture à Marseille (1860), Decamps, sa vie, son œuvre (1861), Les Trésors d’art de la Provence (1862) et Marseille en 1962 (1862) où il prédit l’avenir de sa cité d’adoption. Muté à Paris en 1863, il rédige le chapitre sur l’école génoise de l’Histoire des peintres de Charles Blanc et devient un collaborateur assidu du grand Larousse. »

 

Il est également rédacteur en chef de la Revue bibliographique du Midi de la France, de l’Algérie et des colonies (1855).

 

 

Attestation Légion d’honneur Chaumelin

Il est décoré Chevalier de la Légion d’Honneur (décret du 30 décembre 1884), officier de l’ordre du Dragon d’Annam (1886) et du Nicham Iftikhar (1995).

 

Il décède le 20 octobre 1889 à Paris. Son épouse, Anne Tisserand, née à Charolles (Saône-et-Loire) en 1835 est elle décédée Saint-Mandé en 1901.

 

 

Bibliographie indicative

 

Le site Gallica de la BNF recense plus d’une centaine de notices en lien avec Chaumelin.

– Annales marseillaises. Annuaire historique de Marseille pour l’année 1857″
– La peinture à Marseille : salons marseillais 1859, 1860
– Decamps, sa vie son œuvre, ses imitateurs, 1861
– Les trésors d’art de la Provence exposés à Marseille, 1862
– Promenades artistiques autour de Marseille, 3 volumes 1854-55
– Salons de W. Bürger, 1861-1868 (avec Théophile Thoré)
– La peinture à Marseille. Salon marseillais de 1859 (qui lui vaut en retour un pamphlet de H Bondilh, 1859)
– Marseille en 1962, 1861 (œuvre de fiction)
– L’art contemporain : la peinture à l’exposition universelle de 1867, (1873).
– Une Conférence sur l’héliogravure et ses applications à la librairie, 1874
– E. Meissonier, J.Breton, portraits d’artistes, 1887

 

Notez que Paray-le-Monial compte un autre douanier célèbre : Charles François Henri de Régnier (1789-1877), qui y passa, chez sa grand-mère, une partie de son enfance. Surnuméraire au bureau central des Douanes de Paris (1805) il termina sa carrière comme directeur à Lorient (1838) et Vannes (1853). Il est le grand père du poète Henri de Régnier et un boulevard de Paray-le-Monial porte son nom.

 

Remerciements au Centre de Documentation Historique du Musée National des Douanes pour son aide dans la rédaction de cet article.

 

Renata Pstrag

 


 

 

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