Association pour l’Histoire de l’Administration des Douanes
Inauguration du nouvel hôtel des douanes de Rouen – 30 novembre 1964
L’ancien hôtel des Douanes, inauguré le 1er décembre 1837, constituait une très belle œuvre dont les Rouennais étaient très fiers. Il fut complètement détruit par les bombardements de fin mai 1944, période tragique appelée «La semaine rouge» au cours de laquelle plus de 100 personnes dont 41 agents de notre Administration périrent sous les décombres.
Les seuls vestiges de cette admirable construction sont la porte monumentale reconstituée sur la façade ouest de la Halle aux Toiles et érigée en monument à la mémoire des victimes civiles de la guerre et les deux magnifiques sculptures en haut relief de David d’Angers représentant le Commerce et la navigation qui viendront bientôt orner la face Nord du Nouvel Hôtel des Douanes.
Rappelons que le Journal de la Formation Professionnelle de Janvier 1955 (n° 43) avait publié sous la rubrique «Chronique du temps passé» un fort intéressant article extrait du Journal de Rouen du 10 Octobre 1962 retraçant l’historique de l’immeuble.
NDLR VDD 1964
Le 3 Novembre 1964, sous la double présidence de M. Pierre Chaussade, Préfet de Haute-Normandie et de M. le Directeur Général des Douanes et Droits Indirects, était inauguré le nouvel hôtel des Douanes de Rouen.
Pour cette circonstance, M. de Montrémy était accompagné de MM. Semini, Directeur Générai Adjoint, Beldame, Dufourg, Rannou, Administrateurs Chefs de Division, Vigouroux, Administrateur, Chef de l’Inspection des Services Extérieurs et Boutet, Administrateur Civil, Chef de Bureau à la Direction Générale.
De nombreuses personnalités assistaient à la manifestation et notamment MM. Tissot, Maire de la Ville de Rouen, Dussaut, Député, Ancien Ministre, Hoppenot et Panie, Inspecteurs Généraux des Finances, Bonnin, Sous-directeur au Ministère des Finances, Colombier, Directeur du Cabinet du Préfet, le Colonel de Susbielle, Commandant la Subdivision, Lizée, Inspecteur Général des Ponts et Chaussées, Lacombe, Trésorier Payeur Général, Huret, Adjoint au Maire, Bedel, Vice-Président de la Chambre de Commerce, ainsi que les personnalités les plus marquantes de la Haute Administration, du monde du Commerce et de l’industrie de l’agglomération rouennaise.
Le Service des Douanes de la Circonscription était représenté par M. Courty, Chef de Service Interrégional, accompagné de son Successeur, M. Robert, auxquels s’étaient joints MM. Bernard, Directeur à Caen et Debey, Directeur au Havre, entourés de tous les agents du Cadre Supérieur des Douanes de Rouen.
Accueillis par M. Tissot, Maire de la Ville et M. Courty, les personnalités présentes pénétraient dans le nouvel édifice entre une double haie de douaniers et effectuaient la visite des nouvelles installations.
A l’issue de celle-ci, M. Tissot, premier magistrat de la ville, dans une brève allocution, après avoir rappelé l’histoire de l’ancien Hôtel des Douanes depuis sa construction en 1837 par le jeune Architecte Charles Edouard Isabelle jusqu’aux circonstances tragiques de sa destruction au cours des bombardements de fin 1944, exposa les difficultés que durent surmonter les services de la Douane de Rouen dispersés en divers endroits, dans les locaux vétustes indignes du renom de cette grande administration.
Il retraça ensuite les étapes de la reconstruction, entreprise par la Ville de Rouen, propriétaire de l’ancien Hôtel et félicita les Architectes MM. Leroy, Lechevallier et Orssaud pour leur magnifique réalisation.
Après avoir mis l’accent sur le développement sans cesse croissant du port, M. Tissot ajouta que la Direction Régionale des Douanes de la Ville de Rouen se devait d’être installée dans des locaux fonctionnels lui permettant d’assumer sa mission dans les meilleures conditions.
Puis, avec beaucoup d’émotion, il remit la Médaille d’Or de la Ville à M. Courty afin de symboliser l’excellence des rapports entretenus avec ce dernier durant sa carrière administrative dans la grande cité normande.
Prenant ensuite la parole, M. Courty devait remercier toutes les personnalités présentes d’avoir répondu à son invitation et donné ainsi à la manifestation d’inauguration une ampleur digne du cadre dans lequel allait œuvrer l’ensemble regroupé des services de la Direction.
Après avoir retracé les diverses phases de la reconstruction de l’Hôtel des Douanes et analysé les difficultés rencontrées pour parvenir à l’aboutissement de cette réalisation, qu’il considérait comme la plus essentielle de sa longue gestion de la circonscription de Rouen, il exprima à M. le Directeur Général sa profonde gratitude pour lui avoir permis par delà l’échéance de sa carrière administrative, d’inaugurer le magnifique bâtiment à l’édification duquel il avait beaucoup consacré.
Il rendit hommage au personnel dont la haute qualité et la conscience professionnelle n’avaient pas été ébranlées par des conditions matérielles de travail, particulièrement difficiles depuis vingt ans au cours desquelles les services avaient fonctionné dans des conditions lamentables :
– La Recette Principale et les Sections d’écritures dans le baraquement vétuste exigu et inconfortable de la place de la Madeleine;
– La Sous-Direction du port et la Statistique dans un immeuble délabré du quai du Havre;
– Les bureaux particuliers de la Direction Régionale dans les dépendances du très vieil hôtel qui servait d’appartement et de bureau au Directeur.
Par contraste et avec un plaisir non dissimulé, M. Courty donna à son auditoire une description précise et détaillée des nouveaux locaux dont l’ensemble clair, harmonieux et spacieux va constituer très bientôt le cadre accueillant dans lequel les agents vont enfin trouver les facteurs de satisfaction qui leur firent défaut si longtemps.
Evoquant ensuite l’importance économique grandissante du complexe industriel de Basse-Seine et les perspectives d’avenir du port de Rouen, à l’heure du marché commun, le Chef de Service Interrégional ajouta combien l’Hôtel des Douanes déjà adapté aux nouvelles méthodes de travail était fonctionnellement apte à remplir les diverses missions de l’Administration de demain.
Enfin, étreint par une émotion qu’il avait peine à contenir il dit en se retournant vers M. de Montrémy sa fierté à l’heure de son départ à la retraite de lui remettre ce magnifique édifice.
Succédant à M. Courty, le Directeur Général mit l’accent sur la nécessité dans la conjoncture actuelle de la collaboration que notre administration a le devoir d’apporter dans le domaine économique en particulier aux représentants du Gouvernement dans les départements.
Evoquant la mise en place du marché commun qui en fait ne modifie pas les différents rôles dévolus à la Douane, mais les déplace vers de nouvelles frontières qui sont celles de la communauté, le Chef de l’Administration précisa que dans cette perspective il était nécessaire de mettre en œuvre une réforme profonde des structures et des méthodes en vue de s’adapter aux données actuelles du commerce international. Dans ce contexte, la Douane de Rouen aura un rôle essentiel à jouer et le nouvel Hôtel des Douanes sera un outil de travail parfaitement adapté.
Prenant à son tour la parole, le Préfet de la Seine-Maritime retraça les grandes lignes de la carrière de Monsieur Courty et lui exprima ses souhaits de longue retraite dans la résidence où il avait choisi de se retirer.
Insistant sur le rôle particulier de la Douane en matière économique, le Préfet M. Chaussade mit en évidence l’importance croissante du complexe portuaire Rouen-Le Havre dont la position géographique au passage de la mer la plus commerciale du monde et au débouché des régions parisienne et normande devait ouvrir des horizons plus larges encore. Il admit que l’avenir de ces ports n’était pas dans une action dispersée et compétitive mais au contraire dans une économie commune et complémentaire s’ils voulaient parvenir à se faire une place de choix dans la lutte qu’ils devront livrer, aux grands ports de nos partenaires du marché commun.
A l’issue de ces allocutions un vin d’Honneur offert par la Mairie fut servi à l’assistance dans le Grand Hall du Nouvel Hôtel des Douanes.
Une délégation des Anciens Combattants des Douanes devait par la suite en présence de toutes les personnalités, déposer une gerbe au Monument aux Victimes de la Guerre, constitué par la porte monumentale de l’ancien Hôtel des Douanes.
Notons que le matin, au cours d’une cérémonie intime dans les salons de l’ancienne Direction Régionale, M. de Montrémy avait remis à M. Couty la Croix de Chevalier de l’Ordre National du Mérite en présence des personnalités de l’Administration et des agents du Cadre Supérieur de la Douane de Rouen.
A la fin des cérémonies un déjeuner offert par l’Administration et servi à la Halle aux Toiles devait réunir les Hautes personnalités présentes et les Chefs de la Douane de Rouen.
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De lignes à la fois pures et sobres le Nouvel Hôtel des Douanes de Rouen s’élève sur l’Avenue du Mont Riboudet au centre même de l’activité du Port, sur la rive droite de la Seine. Il est le premier édifice de la future cité administrative portuaire qui doit regrouper la Direction du Port, l’Inscription maritime et le Pilotage.
Il a été reconstruit par la Ville de Rouen dans les limites de la créance de dommages de guerre, et à brève échéance, il doit être racheté par l’Administration.
Il comprend un bâtiment principal de cinq étages auquel est lié une annexe surélevée constituant le grand Hall des sections d’écritures et réception de public.
La partie Est de l’immeuble a été réservée aux appartements du Directeur, du Receveur Principal, du Sous-Directeur au Port et aux logements de fonction des Agents attachés à la Direction Régionale (concierge, chauffeur).
La surface couverte réservée aux services est de l’ordre de 5000 m2 dont 3000 environ aux bureaux.
Le Rez-de-chaussée du bâtiment principal a été réservé au Laboratoire des Finances, aux bureaux de l’Officier d’Administration et aux Postes dé Commandement des Unités tactiques : Inspecteur des Brigades – Centre Radio – Groupes mobiles et de surveillance du Port.
Le Grand Hall des Sections d’écritures recouvre un très vaste garage destiné aux véhicules administratifs dans lequel ont été aménagés un atelier de réparations et un bureau où le Chef mécanicien pourra stocker les pièces de rechange.
Dans cette partie basse, une grande salle reliée au Hall par un monte-charge a été réservée pour les archives de l’année encours.
Le Premier étage a été affecté dans son ensemble aux services ayant un contact direct avec le Public.
Il s’ouvre par une large porte vitrée sur le grand Hall ou seront regroupés la Section Navigation, celle des Régimes économiques et les postes d’enregistrement et de contrôle du circuit des déclarations.
Un système de liaison par monte-charge automatique permettra la réception directe des déclarations au groupe de contrôle situé à l’étage et communiquant avec le bureau de la valeur et avec la salle de dispatching dont une façade est constituée par les casiers-boites par lesquels les documents seront remis au commerce.
La partie Nord de l’étage est réservée aux divers bureaux de la Recette Principale et à la caisse située au débouché immédiat du grand escalier. L’extrémité Ouest enfin abrite une section en liaison directe avec le grand Hall dont elle sera le complément et où pourra être installé un service à la recherche d’une tranquillité relative tel que celui de la régularisation par exemple.
Au second étage ont été répartis les services ayant des relations plus rares avec les usagers. La statistique et l’atelier mécanographique, la jauge, l’échelon régional des enquêtes et le Central téléphonique groupant 8 lignes et doté du matériel le plus perfectionné.
La Sous-Direction du port occupe le troisième étage avec les bureaux des Chefs divisionnaires à la Visite, aux sections, à Rouen-Extérieur, aux Pétroles ainsi que leurs secrétariats.
Sur ce même palier a été aménagée une très vaste pièce qu’une paroi amovible permet de séparer en Salle des Conférences et salle d’examen, dont une annexe est réservée au Centre de documentation.
Le quatrième étage est entièrement réservé au Cabinet du Chef de Service interrégional et aux bureaux particuliers de la Direction.
Le cinquième étage enfin est dans la plus grande partie affecté au classement des archives, mais on y trouve également un foyer et une salle de cuisine où les agents pratiquant le régime de la journée continue pourront faire réchauffer leur repas de midi et se délasser dans un cadre accueillant.
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Conçu selon les normes de la technique architecturale la plus moderne, le nouvel Hôtel des Douanes de Rouen n’a plus sans doute le caractère somptuaire et historique de son ancien, mais il est bâti à l’image de la douane d’aujourd’hui et ses facultés d’adaptation aux problèmes de demain sont certaines.
L’aspect géométrique de ses formes est atténué par le relief gris de son revêtement en granit des Côtes-du-Nord sur lequel alternent en damier bleu des mosaïques de Sarre.
Le verre y tient une large place et par toutes les faces la lumière du jour inonde le grand Hall et l’ensemble des bureaux.
Des peintures aux couleurs sobres soulignent l’harmonie des briques émaillées et des revêtements plastifiés avec l’acajou des boiseries et le cuivre rutilant des rampes d’escalier.
La lustrerie, adaptée à la conception architecturale de l’immeuble, d’un modernisme sans excès, déverse à la nuit tombée une luminosité dont l’intensité est étudiée.
Des revêtements de sol allant de la pierre au parquet marqueté et à la moquette ajoutent une note très confortable à l’ensemble.
Le mobilier enfin, métallique et fonctionnel élégant et pratique trouve dans ce décor un cadre à son style.
La Vie de la Douane
N° 120
1964