Association pour l’Histoire de l’Administration des Douanes

George Sand et le dédouanement du « pianino de Pleyel »

Mis en ligne le 1 juillet 2023

 

« Piano Camille Pleyel de Chopin à Valldemosa » (Source : Wikipedia)

 

 

De novembre 1838 à février 1839, George Sand, ses deux enfants et Frédéric Chopin crurent fuir les rigueurs du climat continental et trouver l’inspiration en s’exilant dans la « grande île » des Baléares. Or, non seulement ils y subirent la saison des pluies, mais ils durent ferrailler avec les « féroces douaniers de Palma » chargés de collecter « l’impôt démesuré » frappant « tous les objets nécessaires au bien-être » pour importer le fameux « pianino de Pleyel », comme le raconte la romancière dans « Un hiver à Majorque » (1841) :

 

« Pour un piano que nous fîmes venir de France, on exigeait de nous 700 francs de droits d’entrée, c’était presque la valeur de l’instrument. Nous voulûmes le renvoyer, cela n’est point permis ; le laisser dans le port jusqu’à nouvel ordre, cela est défendu ; le faire passer hors de la ville (nous étions à la campagne), afin d’éviter au moins les droits de porte, qui sont distincts des droits de douane, cela était contraire aux lois ; le laisser dans la ville, afin d’éviter les droits de sortie, qui sont autres que les droits d’entrée, cela ne se pouvait pas ; le jeter à la mer, c’est tout au plus si nous en avions le droit.

 

 

 

Après quinze jours de négociations, nous obtînmes qu’au lieu de sortir de la ville par une certaine porte, il sortirait par une autre, et nous en fûmes quittes pour 400 francs environ. »

 

« La Charteuse de Valldemosa » (Source : Wikipedia)

 

 

Si George Sand transposa ce voyage en un récit au regard acerbe sur les Majorquins, « les douaniers et les gendarmes, ces manifestations visibles des méfiances et des antipathies nationales », Frédéric Chopin tira de l’instrument « un son magnifique » qui « remplissait la voûte élevée et retentissante de la cellule » de la chartreuse de Valldemosa, où les voyageurs avaient trouvé refuge en décembre 1839. En somme, des « droits d’entrée » dans le silence propice à la création, « de sortie » des fameux « Préludes » et « de porte » pour l’immortalité.

 

Catherine Salmochi & Kevin Mills

 

 


Note :

 

(*) Nous devons à Catherine Salmochi, Présidente de l’atelier de lecture des Amis de George Sand, la découverte de cet épisode.

 


 

 

MENU