E. Lepine, Les Douaniers héroïques (Recueil des noms des douaniers mobilisés pendant la guerre 1870-1871), 1872 (7/50)
Sur la brochure qu’il fit publier à Paris par l’imprimerie Balitout, Questroy et Cie en 1872, E. Lepine se présentait de la manière suivante : « capitaine des douaniers à Barfleur, ex-capitaine de la 1ʳᵉ compagnie du 1er bataillon des guides douaniers, au siège de Paris »
Il écrivait en préambule : “Mes chers Camarades, Nous nous sommes toujours rangé à cette sage maxime : majori cede.
La loi de notre vie, en effet, a été d’obéir, et là était notre devoir. Il nous a donc fallu ne pas publier les Douaniers héroïques ; mais pour répondre au désir exprimé par le plus grand nombre de nos souscripteurs, nous offrons, en lieu et place de ce poème, un autre livre qui est d’un intérêt non moindre, et qui a pris le titre de Recueil des noms des Douaniers mobilisés pendant la guerre 1870-1871, et dont la modestie est au moins égale à celle de l’Annuaire des Douanes, publication autorisée.”
Les douaniers héroïques (Recueil des noms des Douaniers mobilisés pendant la guerre 1870-1871), 1872*
Et vous, mes très chers morts, je voudrais que ces pages
Pussent porter vos noms, en traversant les âges,
À la postérité qui saurait es bénir !
En notre cœur aimant, nous savons les unir :
Dans nos hivers futurs et les yeux pleins de larmes,
Nous penserons souvent à nos compagnons d’armes
Qui, succombant, hélas ! Sous le poids de leurs maux,
Sont partis couronnés où s’en vont les héros !!!….
Je vous avais promis d’écrire en un poème,
Ce qu’en face des cieux vous aviez eu d’éclat
Pendant nos mauvais jours. L’autorité suprême
M’a crié : Halte là !
Halte ! M’a-t-elle dit, la simple discipline
N’est pas de l’héroïsme, et la noble valeur
N’est, en réalité, que quand on la décline :
Plus grand en est le cœur.
Obéissons alors ; cachons votre vaillance,
Et puissent les héros, si nombreux en vos rangs,
Trouver assez de fleurs dans le sage silence,
Dont on frappe mes chants !
Mais à quoi bon louer, d’ailleurs, votre courage ?
Il est partout écrit ; rien de l’effacera !
Chaque place investie a pour vous une page
Qui vous glorifiera !
Forbach et Neuf-Brisach, Belfort et Thionville ;
Bitche, Longwy, Strasbourg et la Grande-Cité
Savent, soldat des nuits, combien tu fus utile,
Sur leurs remparts posté !
Donc ne vous chantons pas, et, semblable à nos rôles,
Au lieu de mon poème, hélas ! Par trop promis,
Acceptez un recueil où vos noms, par contrôles,
Compagnons, sont tous mis.

Source : gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France