Association pour l’Histoire de l’Administration des Douanes

Douaniers et sport de haut niveau

Mis en ligne le 1 janvier 2024

 

Cet article est issu du catalogue de l’exposition « Les douaniers et le sport » présentée au Musée national des Douanes en 1993. Il  est reproduit avec l’aimable autorisation du MND.

 

 


 

 

Douaniers et sport de haut niveau

 

La pratique du sport de haut niveau dans l’Administration des Douanes trouve son origine dans les activités de montagne.

 

En 1924, les premiers Jeux Olympiques d’hiver se déroulèrent à Chamonix. Auparavant, dans le Jura, de nombreux concours locaux, régionaux, nationaux et même internationaux avaient été organisés. Les hauts jurassiens, véritables pionniers du ski de fond, tinrent longtemps des rôles de premier plan dans les différentes compétitions nationales et représentèrent souvent la France à l’étranger.

 

L’école nationale de ski de fond et de saut de Prémanon

 

Perfectionner les compétiteurs et former des cadres et entraîneurs devint le souci des services de la Jeunesse et des Sports et de la Fédération Française de Ski. Dès la fin des années 1950, le projet de création d’une école de ski de fond, à caractère régional, germa dans l’esprit des responsables du ski jurassien. A partir de 1960, le projet prend corps, le site d’implantation est choisi : ce sera Prémanon, au lieu-dit Les Jacobeys.

 

Après avoir été abandonnée, l’idée de départ est reprise sous une autre forme : l’école sera nationale, en associant la Jeunesse et les Sports, le Budget et les P.T.T. ; mais ceux-ci se retirent bientôt. Sous l’égide de la Fédération Française de Ski le projet est cependant réalisé par la Douane, qui veut disposer d’un centre pour la formation et l’entraînement des agents skieurs et le Haut-Commissariat à la Jeunesse et aux Sports, qui souhaite :
• assurer une formation pour les futurs moniteurs de ski de fond et les enseignants EPS,
• permettre la formation et le perfectionnement des cadres de la Fédération Française de Ski,
• l’entraînement des équipes des disciplines nordiques (fond, saut, biathlon).

 

Les travaux commencés en 1967 s’achèvent en 1969. Ouverte le 15 décembre 1969, l’Ecole Nationale de Ski de fond et de Saut est inaugurée le 15 janvier 1970 (1).

 

Le ski

 

Tournoi des 5 nations, inauguré en 1952 et mêlant disciplines nordiques et alpines (2), critérium national corporatif, concours national de ski de l’administration des Douanes, coupes et trophées divers conduisirent les douaniers skieurs, à l’égal des meilleurs, à participer aux championnats de France et par la suite aux championnats du Monde et aux Jeux Olympiques.

 

On vit même, en 1964, la Douane mettre Jean Béranger à la disposition de l’équipe de France féminine de ski.

 

Dans les disciplines nordiques (fond, biathlon, combiné nordique, saut), les skieurs douaniers ont eu, depuis les années 1950, plusieurs « locomotives » :

• le champion André Buffard, membre de l’Equipe de France de Ski de Fond de 1948 à 1953, qui avait été sélectionné aux Jeux Olympiques de Saint-Moritz en 1948 et aux Championnats du Monde de Lake Placid en 1950, avant de devenir entraîneur de l’équipe de biathlon des Douanes de 1960 à 1966, et notamment de l’équipe qui se classa 7ème aux Championnats du Monde de Biathlon moderne en mars 1962, puis entraîneur de l’Equipe de France de biathlon de 1967 à 1969 ;

• Jean-Paul Pierrat, plusieurs fois champion de France (25 titres de 1972 à 1982), 3ème à l’épreuve des 50 kilomètres des Championnats du Monde de Lahti (1978) et vainqueur de La Vasalopet en 1978 ;

• Gilbert Poirot qui, en saut, cumula 12 titres de champion de France et termina 10ème aux J.O. de Grenoble (1968) ;

• Daniel Claudon, 6 fois champion de France de biathlon, 5ème à l’épreuve des 20 kilomètres des championnats du Monde d’Östersund (1970) et 4ème aux 20 kilomètres des championnats de Hämeenlinna (1971) ;

• Yvon Mougel, 5ème au relais et 6ème des 20 kilomètres des J.O de Lake Placid (1980), médaille de bronze (20 kilomètres) aux championnats du Monde de Lahti, 4ème (20 kilomètres) et 6ème (10 kilomètres) aux J.O. de Sarajevo (1984) et 5 fois champion de France de biathlon (1978, 1979, 1981, 1983, 1984).

 

Aujourd’hui, la brigade spéciale de ski des Rousses, qui regroupe les douaniers membres des équipes de France Hommes et Dames de ski nordique, a pour leaders : en combiné nordique, les médaillés Fabrice Guy et Sylvain Guillaume, en saut spécial, Didier Mollard, enfin en biathlon dames Anne Briand, médaille d’or par équipe aux Jeux Olympiques d’Albertville.

 

En ski alpin où les disciplines sont plus médiatisées, les noms les plus connus apparaissent dès 1961. Il convient de citer :

• Léo Lacroix qui obtint la médaille d’argent en descente aux J.O. d’Innsbruck (1964) et aux Championnats du Monde de Portillo (1966) où il se classa également 2ème en combiné ;

• Jean-Claude Killy, médaille d’or en descente et en combiné aux Championnats du Monde de Portillo et quadruple champion olympique (slalom, géant, descente, combiné) à Grenoble ;

• Henri Duvillard deux fois champion de France (1970 et 1971) et 4ème du slalom aux Jeux Olympiques de Sapporo (1972) ;

• Michel Vion qui ajouta à ses trois titres de champion de France (1978, 1981, 1984) la médaille d’or du combiné aux championnats du Monde de Schladming (1982) ;

• Didier Bouvet médaille de bronze en slalom aux J.O. de Sarajevo, qui obtint 5 titres de champion de France (1982, 1983, 1984, 1986 et 1988).

 

On ne saurait oublier chez les dames :

• Perrine Pelen 4ème du slalom des championnats du Monde de Garmisch (1978), médaille de bronze en géant aux J.O. de Lake Placid – exploit renouvelé aux J.O. de Sarajevo où elle conquit aussi la médaille d’argent en slalom -, enfin médaille d’or du slalom des championnats du Monde de Bormio (1985) ;

 

• Catherine Quittet médaille d’or (descente) aux championnats du Monde juniors (1982), 2ème à deux reprises au classement final de la Coupe du Monde (super géant en 1987 et géant en 1988), et trois fois championne de France (1986, 1988, 1989) ;

 

• et Carole Merle médaille d’argent en géant aux championnats du Monde de Vail (1989) et en super géant aux Jeux Olympiques d’Albertville (1992), 1ère au classement final de la Coupe du Monde, en super G (1989, 1990, 1991, 1992) et en géant (1992).

 

Actuellement, en ski alpin, les douaniers des équipes de France masculine et féminine, affectés à la brigade spéciale de Chamonix, ont pour chefs de file :

• Franck Piccard, champion olympique au slalom super-géant et médaille de bronze de descente à Calgary (1988), ainsi que médaille d’argent de la descente d’Albertville (1992) et Patrice Bianchi, champion de France en slalom (1990) et 1er du slalom de la Coupe du Monde à Garmisch (1992) ;

• Florence Masnada, 3ème du géant de Stranda, 4ème du slalom et 2ème du combiné de Morzine (Coupe du Monde 1990), qui réalisa un sans-faute lors des championnats de France de 1991.

 

L’alpinisme (*)

 

Alors qu’il était inspecteur des Douanes à Lille, Bernard Thoulouze réalise en 9 jours, en février 1983, avec un ami, l’ascension de la face nord du point culminant de la Cordillère des Andes, l’Aconcagua (6960 mètres).

 

L’année suivante, en juillet et août 1984, Thoulouze se fixe avec deux amis un nouvel objectif : le deuxième sommet des Amériques, le Huascaran, dans la Cordillère Blanche au Pérou. Dans une première phase, l’expédition abandonne à 5400 mètres en raison des conditions d’ascension dangereuses et après des accidents mortels survenus aux autres expéditions présentes sur la montagne. Thoulouze et ses deux compagnons atteignent dans un deuxième temps l’Urus (5483 mètres) mais renoncent au Tocllaraju par suite d’une grande fatigue physique, de carences alimentaires et du mauvais temps.

 

Ce n’est que partie remise. Après avoir réussi l’ascension du Kilimandjaro en août 1985, Thoulouze, avec cinq collègues de l’Union Sportive des Douanes d’Annemasse, monte l’expédition Andes 6000 en juillet-août 1986.

 

Après avoir gravi les deux lshinca (5400 et 5600 mètres), Lionel Jacquet et Bernard Thoulouze échouent sur le Tocllaraju (6020 mètres), mais réussissent l’ascension de l’Urus. Et surtout, du 7 au 13 août, l’expédition aborde le Huascaran (6768 mètres) qui est atteint après 8 heures d’efforts ininterrompus le 11 août à 13 heures 45 (3).

 

Sous le label « Douane », puisque l’administration a pris en charge plus du tiers du budget de l’expédition, Bernard Thoulouze a entraîné en juillet 1992 une équipe de douaniers à l’assaut du Korjenevskaya (71 05 mètres) dans le massif du Pamir (Tadjikistan). Il lui fallut cependant s’arrêter à 6500 mètres.

 

Une nouvelle tentative à titre personnel est assurée en 1993 sur ce même sommet du Korjenevskaya. Elle est, cette fois, menée à bien en compagnie notamment d’un guide chamoniard. Un autre succès est enregistré lors de ce même épisode: le « Pic des 4 » (6500m) face à l’ex Pic Communisme, aujourd’hui Garmo.

 

En 2000, et accompagné par Claire Guillermin, agent des douanes à la Direction de Lyon en tant que co-chef d’expédition, Bernard Thoulouze conduit un groupe de huit handicapés moteurs au sommet du Cotopaxi (5857m) en Equateur. L’Expédition était parrainée par L’A.S.N.D. et la Fédération Française Handisport.

Le tir sportif

 

C’est dans la spécialité du tir sur silhouettes métalliques que Léo Maison a engrangé titres et médailles sur les scènes nationale, européenne et mondiale :
• en 1988, il est champion de France Agregate gros calibre (combiné de 4 épreuves : Unlimited, Production, Revolver, position debout), 2ème au Championnat de France Revolver gros calibre, 3ème au Championnat de France Unlimited gros calibre, champion du Monde catégorie Production à Idaho Falls et 3ème au Championnat du monde par équipe gros calibre ;
• en 1989, il obtient trois médailles de bronze au Championnat d’Europe (Revolver gros calibre, Pistolet debout, Agregate gros calibre) ;
• enfin en 1990, il est champion du Monde par équipe calibre 22 LR et vice-champion du Monde par équipe gros calibre.

 

La voile

 

Du 10 octobre 1973 au 25 juillet 1974, un douanier savoyard, Roger Roberteau et son épouse effectuent à bord d’un petit cotre de leur fabrication le périple Toulon – les Antilles – Toulon, avec escales à Gibraltar, Casablanca et les Canaries.

 

Deux ans plus tard, matelot à La Rochelle, Roberteau reprend la mer pour un tour du monde à bord de son bateau modifié. Parti de La Rochelle, le 4 juin 1976, il réussira à boucler 18 000 milles nautiques, en solitaire et sans escale, lors de sa randonnée La Rochelle – Afrique du Sud, par le Cap de Bonne-Espérance et retour. Ses 186 jours de mer sans escale le classe au 2ème rang en France pour les records en longévité et au 5ème rang au niveau international.

 

Le tour du monde en voilier, Roger Roberteau l’effectue en 1985-1987, avec sa famille – sa femme et deux de ses enfants – sur un nouveau bateau le « Muryka », trimaran de 14,20 mètres qui prend le large à Nice le 3 septembre 1985 (4). Le périple sera long de 28000 milles.

 

En 1990, le « Muryka » reprend le large pour affronter les 50èmes rugissants et les eaux froides de l‘Antarctique et le 10 mai 1991 double le cap Horn.

 

L’athlétisme

 

Plusieurs disciplines ont vu des douaniers atteindre la consécration :

• le 110 mètres haies avec André Cothereau, auteur de la meilleure performance française Junior (1955), 3 fois sélectionné en Equipe de France Junior (1954, 1955), participant à 3 France Sud-Espagne et à un France Sud-Portugal (1956), 2ème au Championnat de France Universitaire (1958) et titulaire en Equipe de France A pour France-Belgique le 29 juin 1958 ;

• les lancers de poids et disque avec Jacques Lefèvre, champion de France junior et universitaire, finaliste des Championnats du monde universitaires à Tokyo en 1967 (poids), 7 fois sélectionné en équipe de France ;

• les 1 500, 5000 et 10 000 mètres ainsi que le cross avec Jean Vaillant 13 fois champion de France scolaire et universitaire de 1951 à 1957, champion de France militaire sur 5000 mètres en 1959, champion du monde militaire par équipes de cross-country en 1959, 43 fois sélectionné en équipes de France (A et B), la première fois sur 1 500 mètres en juin 1953, finaliste du 10 000 mètres aux Jeux Olympiques de Tokyo ;

• enfin, la marche avec Gérard Lelièvre, plusieurs fois champion de France (34 titres) des 5, 20, 50 et 100 kilomètres, recordman de France (27 records) des 5, 20, 50 et 100 kilomètres, 9ème aux Jeux Olympiques de Montréal (1976), 5ème aux Championnats du Monde en 1983 à Helsinki, 4ème au Championnat d’Europe à Athènes (1982), meilleure performance de l’heure en 1978, recordman du monde des 20 kilomètres en février 1979 et des 100 kilomètres en 1984, enfin recordman d’Europe des 50 kilomètres ;

 

Actuellement, c’est Muriel Razik qui affirme la présence douanière en cross et fond. Trois fois vainqueur des 20 kilomètres de La Rochelle (1989-1990-1991), elle a terminé 8ème et 1ère française aux 25 kilomètres de Berlin en 1990, 3ème au Championnat de France N2 sur 10 000 mètres et 4ème au Championnat de France sur 10 000 mètres en 1990, enfin 4ème (et 2ème française) au Cross International du Sud-Ouest.

 

Le cyclisme… et le triathlon

 

Dans cette discipline ingrate, c’est une douanière qui s’illustra au plus haut niveau : Annie Barjou, vice-championne d’Île-de-France en 1978 et 1979, 6ème au Championnat de France de 1978, 5ème au Championnat de France de 1979 et, à ce titre, sélectionnée en équipe de France pour les Championnats du Monde courus à Cologne en 1978 et à Valkenburg en 1979.

 

En triathlon – qui associe au cyclisme natation et course à pied -, c’est encore une douanière qui se distingue : Sylvie Beaulieu.

Triathlète depuis 1990 – année où elle remporta 4 victoires en triathlon de promotion -, Sylvie Beaulieu a terminé 6ème française sur moyenne distance au Championnat de France de triathlon de catégorie B en 1992 et 4ème française sur longue distance au Championnat de France de catégorie C3 en 1992.

1992 ne fut pas seulement l’année des Jeux Olympiques d’hiver. Cette même année, la Direction Générale des Douanes a créé l’Association Sportive Nationale des Douanes pour donner une impulsion nouvelle à la pratique des sports, « tradition que la Douane a toujours su cultiver ».

 

Enfin 1992 a été marquée par la deuxième participation d’une équipe douanière au Raid Gauloises, du 5 au 1 7 décembre. Cette équipe, qui avait terminé 5ème de la première édition en Nouvelle-Calédonie, a accédé au podium, 3ème ex-aequo à l’issue des épreuves qui se sont déroulées dans le Sultanat d’Oman.

 


Notes :

 

(1) M. Fleury, Ecole Nationale de Ski de fond et de Saut de Prémanon, note du 30 avril 1992. Voir aussi lnfo’ Services n°83 de décembre 1988, p. 5 à 7.
(2) Le Tournoi des 5 Nations comporte une épreuve de course de patrouille, une épreuve de tir, la descente, le slalom géant et depuis 1956 le combiné alpin.
(3) Vie de la Douane, n°193 et 194 (1983), n°198 (1984) et n° 204 (1986).
(4) Vie de la Douane, n°161 (1974), n°163 (1975), n°168 (1976) et n° 201 (1985).

(*)  Les informations contenues dans les deux derniers paragraphes  de la rubrique « Alpinisme » ont été recueillies auprès de Bernard Thoulouze.

 


 

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