Association pour l’Histoire de l’Administration des Douanes

Douanières en uniforme : des dames visiteuses aux premières femmes « agents des brigades »

Mis en ligne le 1 mars 2021

Si le recrutement des agents des brigades a longtemps été réservé aux seuls hommes, les femmes n’étaient pas inconnues du service actif. Avant que les femmes ne puissent rejoindre le corps des brigades au même titre que leurs homologues masculins, elles fournissaient un concours déjà ancien au service actif. Leur uniforme témoigne d’ailleurs de l’évolution des rôles qui leur furent successivement confiés.

 

 

 

Les dames visiteuses : des auxiliaires précieuses, mais peu identifiables

 

Dame visiteuse, années 1920. Collection X. Rauch

 

 

 

Les premières femmes à prêter leur concours aux agents des brigades furent les « dames visiteuses ». Recrutées parmi les veuves de fonctionnaires de l’administration, elles permettaient de rétablir l’égalité des armes. C’est qu’en effet, si l’administration n’admettait dans les rangs du service actif que les hommes, les fraudeurs se montraient bien moins catégoriques. Et, outre la réticence que certains agents pouvaient avoir à fouiller des femmes, la mode des XIXè et début XXè siècle fournissait un nombre important de caches aux fraudeuses éventuelles.

 

 

Afin de permettre la fouille approfondie des infractrices, les brigades les plus importantes se voyaient ainsi dotées de dames visiteuses. Auxiliaires des agents du service actif sans véritable pouvoir propre, elles ne bénéficieront pas à proprement parler d’un véritable uniforme. Tout au plus l’iconographie permet-elle de distinguer certains moyens de les identifier.

 

 

 

Au sortir de la Première Guerre mondiale, on peut ainsi distinguer certaines dames visiteuses arborer un brassard « DOUANES ». Cette pratique semble toujours d’actualité au sortir du second conflit mondial. Ainsi, une note du 13 août 1947 (2794 AG 4) vient répondre à un Directeur des douanes s’enquérant de ce que les dames visiteuses ne sont pas identifiables. L’administration y indique en préambule que la question d’un uniforme propre « n’est pas susceptible d’être résolue dans un univers prochain ». Deux solutions sont en conséquent arrêtées. Les Directions peuvent faire l’acquisition de blouses, noire ou bleu foncé, aux revers desquelles les insignes des douanes seront brodés sur fond rouge. En sus de ces achats locaux, l’administration impose le port d’un brassard et d’un calot, distribué par l’administration centrale sur demande des circonscriptions. Une note de la brigade de Blagnac de 1967 confirme d’ailleurs la distribution de ces effets, la note confirmant la destruction de ces effets.

Premier stage d’hôtesses des douanes, 1959 – droits A. Pommier/F. Roche/DGDDI

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Hôtesses des douanes et assistantes de visite : des auxiliaires à identifier

Hotesse des douanes, Orly, 1970 (A. Pommier/F. Roche/DGDDI)

 

Les dames visiteuses voient, après-guerre, leur statut se transformer en assistantes de visite. De manière encore plus significative, sont formées en 1959 les premières hôtesses des douanes. Destinées à faire oeuvre d’une psychologie qu’on pense alors réservée à la gente féminine, elles ne sont pas, comme leurs collègues assistantes, dotées de pouvoirs de contrainte. Mais à la différence des dames visiteuses, l’administration tient à les rendre clairement identifiables des usagers, qu’elles doivent pouvoir renseigner facilement.

 

 

Hotesse des douanes, Orly, 1966 droits. L’insigne de coiffe est du premier type. (A. Pommier/F. Roche/DGDDI)

 

L’uniforme des hôtesses des douanes évolue vite. Véritable moyen de communication et de représentation de l’administration, elles sont en effet dotées d’une tenue d’hiver et d’une tenue d’été tous les ans -contre une dotation bisannuelle pour les assistantes de visite, groupe de travail sur la tenue du 06/03/1973). La coupe de la tenue change fréquemment : pour des raisons esthétiques d’abord, mais également en raison de la mauvaise qualité de certains effets. Ainsi, le compte-rendu de tournée du Directeur général dans les services de Gex du 13/11/1975 fait-elle état de l’abandon en 1976 du modèle de tenue adoptée en 1973 en raison de sa piètre qualité et de sa forme !

Deux éléments se révèlent néanmoins constants et sont, en réalité, les seuls qui permettent de rattacher les hôtesses à l’administration des douanes : une barrette en métal doré siglée « DOUANES FRANCAISES » et un insigne de coiffure, pour lequel deux modèles se succèderont.

 

 

Hotesse des douanes, 1980. (F. Roche/DGDDI)

Hotesse des douanes, 1977. (F. Roche/DGDDI)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Les premières femmes agents de brigades, un uniforme encore un peu singulier

 

 

Article présentant la nouvelle tenue La vie de la douane, mars 1978

La réforme du statut des personnels de la surveillance impose de doter les personnels féminins des brigades d’un uniforme à part entière. La nécessité de s’identifier devient encore plus prégnante, les nouvelles recrues disposant des mêmes pouvoirs que leurs homologues masculins. Si la tenue des hôtesses des douanes permettait diverses fantaisies, la future tenue doit avant tout s’avérer fonctionnelle.

 

 

Elle est présentée officiellement par la Vie de de la douane en mars 1978, qui se fait pour l’occasion presque revue de mode. La tenue adoptée pour les agentes est esthétiquement très proche de celle des hommes. Le port du pantalon – pourvu d’un simple passepoil garance- est permis, mais s’ajoutent jupe et jupe-culotte. Le vareuse masculine est remplacée par un blazer à trois boutons, la cravate par une cravate de type « bollo » et le képi est remplacé par un chapeau cloche. Le trois-quart est remplacé par un manteau long, et les agents sont dotées d’un imperméable. Enfin, accessoire que l’on juge sans doute à l’époque indispensable à ces nouveaux personnels, un sac complète la dotation.

 

 

Nouvelle casquette et anorak adoptés en 1984, BT du Pont de l Europe.

Armées, les femmes en tenue d’uniforme portent néanmoins leur arme – des revolvers Smith et Wesson 36 cal. 38 de 2 pouces – sous le blazer, logée dans un holster.

 

 

 

 

Les réformes successives verront diminuer les singularités de l’uniforme féminin. L’apparition des premières parkas et des casquettes d’hiver en 1984 introduiront une grande part de mixité. Le port d’une cravate plus fine sera autorisée, en parallèle de la cravate « bollo ».  La réforme des années 1990 parachèvera cette démarche, seuls les uniformes de cérémonie se distinguant encore nettement.

 

 

Xavier Rauch

 

 

 

 

 

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