Association pour l’Histoire de l’Administration des Douanes

Douane, Tourisme et Bureaux fleuris

Mis en ligne le 1 novembre 2021

Dans les années 50, le développement du tourisme amène l’administration des douanes à être particulièrement attentive aux conditions d’accueil des personnes franchissant nos frontières. Dans le cadre de ce qu’il est convenu d’appeler « la saison touristique », les consignes et les initiatives se multiplient pour donner la meilleure image du pays.

 

Une campagne dite « des bureaux fleuris » voit le jour et se développe au fil du temps grâce à une adhésion spontanée du personnel.  Sous l’égide du Commissariat Général au Tourisme, un concours du « bureau fleuri » est organisé. En 1959, c’est le bureau des douanes d’Hirson-Forêt remporte le premier prix du concours.

 

Nous vous suggérons la lecture du témoignage reproduit ci-dessous publié dans le « Journal de la Formation Professionnelle » en 1956 dans un texte où transparaissent enthousiasme et poésie …

 

L’équipe de rédaction

 


 

« Douane, Tourisme et Bureaux fleuris » 

 

Il est des bureaux de Douane dont les noms eux-mêmes sont ignorés dès qu’on a franchi les limites de leur Direction Régionale, voir même de leur Division. J’en connais, parmi eux qui, trop modestement, au pied du Jura, au milieu des champs de blé ou au bord des vergers, montent une garde vigilante.

 

Ils n’ont que rarement la faveur de la chronique.

 

Ils ont des noms, comme les villages Gessiens qui les abritent, taillés dans le passé, la verdure et le terroir : Crassy, Divonne, Sauverny, Prévessin, Ferney-Voltaire, St-Genis-Pouilly St-Jean-de-Gonville, etc…

 

 

Derrière eux il y a les cols du Jura, devant eux le lac Léman avec son arrière plan des neiges éternelles… derrière – eux il y a Paris, Lyon, toute la France – et devant eux la Riviera Suisse, Genève, Montreux .et toutes les stations hivernales aux noms prestigieux Megève, Chamonix, St-Gervais .., derrière eux, il y a les champs, la verdure, les forêts, les auberges campagnardes, devant eux, il y a Genève aux 200 000 habitants motorisés, riches d’une monnaie aux tintements d’argent pur,

 

Ainsi de Paris vers Megève, de Lyon vers Genève, de Genève vers les auberges Gessiennes, de Lausanne vers le Casino de Divonne, d’Angleterre vers la Suisse et la Haute-Savoie, de Suisse vers l’Océan ou la Méditerranée, roule sans arrêt, été comme hiver, un long ruban de voitures étincelantes à qui nos petits bureaux souriants de leurs barrières rouges et blanches, entrouvrent les portes de la France.

 

 

Ils ont pris conscience, devant les immatriculations lointaines, les langues inconnues, les couleurs inattendues de leurs  « clients », de la diversité de leur rôle. Du préposé harnaché de cuir blanc au receveur coiffé de galons d’or ils savent, pour l’avoir lu dès les premières pages de leurs manuels de législation, que la Douane a ce double rôle fiscal et économique qui fait sa diversité et son importance et ils ont compris qu’il leur appartenait de jouer celui de l’accueil dont dépend l’intensité du mouvement touristique, facteur de prospérité nationale.

 

 

Dilemme insoluble, en apparence, qui impose la curiosité à l’égard de la valise ou du portefeuille et le désir de souhaiter la bienvenue.

 

Nos petits bureaux Gessiens, sertis dans leurs chatons de vergers et de montagnes ont décidé, simplement, de dire tout cela avec des fleurs comme on souhaite une fête ou un anniversaire ils présentent la France avec des massifs de sauges écarlates et des guirlandes de pétunias roses.

 

Chaque coin de terre a été rehaussé, semé de gazon, entouré de rocailles ; il y a des bégonias rouges sur les fenêtres et des géraniums mauves aux balustrades des greniers.

 

J’ai vu des autocars touristiques s’arrêter longuement et leurs voyageurs photographier le bureau de Divonne, et on m’a dit qu’un « usager » souriait pendant qu’on visitait à fond » sa voiture amusé qu’il était par le cor de chasse tricolore, fait de cailloux blancs et bleus et de fleurs rouges, que des agents de Gonville ont composé devant leur bureau au milieu d’un parterre du rizinias multicolores.

 

 

Il y aurait mille choses à rapporter, mille scènes imprévues à décrire pour dire l’heureux résultat de ce travail gentiment et patiemment exécuté, par tous, dès les premiers jours du printemps.

 

 

Je ne veux pour preuve de succès, que citer ces quelques mots d’encouragement écrits par M. Anthonioz, Député de l’Ain, Maire de Divonne, Président du Groupe du Tourisme de l’Assemblée Nationale :

 

« Je tiens à vous dire combien nous avons apprécié la décoration florale du bureau des douanes Françaises de Divonne: celle-ci atteste du goût le plus parfait et témoigne du souci des Chefs et Agents de ce poste d’offrir à nos Hôtes un aspect séduisant de notre Pays.

Qu’il me soit permis d’associer la Direction Générale et l’ensemble de l’Administration des Douanes, ainsi que vous-même à ce témoignage et de vous traduite mon sentiment de grande satisfaction à constater la généralisation de tels efforts poursuivis en tous lieu pour le plus grand profit de l’accueil français ».

 

 

Les quelques clichés qui voudraient illustrer cet exposé ne sont qu’un mauvais reflet de la réalité tant il est difficile de photographier les fleurs et impossible, en noir et blanc, de reproduire les couleurs qui font leur beauté.

 

L. Valley , inspecteur principal à Gex (1956)

 


 

 

Journal de la Formation Professionnelle

 

N° 60

 

Octobre 1956

 

 

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