Association pour l’Histoire de l’Administration des Douanes
Demain : Roissy
Interview de M. Chandon, Directeur Adjoint chargé de la Mission d’Organisation des Aéroports Parisiens.
Pour remplir son rôle général d’information et faire le point en même temps des travaux du futur aéroport de Roissy-en-France, « La Vie de la Douane » est heureuse de pouvoir présenter à ses lecteurs, différents aspects du nouvel aéroport et des projets de son organisation, elle complète ainsi l’article déjà, publié page 45 et suivantes de son numéro de Juin 1971.
Vie de la Douane : En date du 25 septembre 1972, s’est posé à Roissy-en-France le premier avion cargo en provenance du Canada. Il apparaît qu’un pas important a été franchi dans la mise en place du nouvel aéroport. Quels sont les caractéristiques de cet ensemble unique en Europe ?
M. Chandon : – L’aéroport de Roissy situé dans la plaine de la « Vieille France », au Nord-Est de Paris, à une vingtaine de kilomètres de Notre-Dame, est à moins de 10 kilomètres de l’aéroport du Bourget et à qui relèvent de trois déportements : le Val d’Oise, la Seine-Saint-Denis et la Seine-et-Marne. Chacun de ces trois départements connaît un important développement économique et urbain, marqué par des réalisations et par des projets d’envergure notable parmi lesquels le nouvel aéroport parisien constitue dès maintenant un pôle d’attraction très important.
Les services douaniers du nouvel aéroport fonctionneront à partir du mois d’avril 1971. L’Administration a invité les agents de tous grades intéressés pour une affectation à Paris-Roissy-Aéroport à formuler leur candidature dès à présent (1).
Dès 1974, plus de 15 000 personnes seront employées sur l’aéroport, ce nombre devrait doubler en six ans et tripler en dix ans. A titre de comparaison, notons qu’au 3ème trimestre 1972 26162 personnes exerçaient une activité sur l’aéroport d’Orly parmi lesquelles 78,3% d’hommes et 21,7% de femmes.
76,4% de cette population habitaient à moins de 10 kilomètres des installations aéroportuaires et 62% utilisaient une voiture particulière pour les transports domicile lieu de travail. L’activité générale à l’ouverture de l’Aéroport sera comparable pour les mouvements de passagers à celle d’Orly en 1965/1966 ; en 1969 pour le trafic de fret, et le trafic général de 1976 devrait dépasser le trafic d’Orly en 1972. Trente kilomètres de routes périphériques contiendront une superficie aéroportuaire de 3 000 hectares, double à celle de l’aéroport d’Orly et quadruple de celle de l’aéroport du Bourget. Les principales installations douanières seront réparties et se développeront à l’intérieur de cette enceinte.
Le 1er étage de ce bâtiment sera réservé aux bâtiments douaniers.
V.D.: – L’ampleur de cet ensemble nécessitera une adaptation dans l’organisation fonctionnelle des services douaniers de l’aéroport, pourriez-vous situer pour nos lecteurs les futurs aménagements réservés à nos services ?
M. Chandon : – Ainsi, dès le premier jour de son ouverture, l’aéroport de Roissy connaîtra un trafic important qu’il nous appartiendra de contrôler rapidement et dans les meilleures conditions. Aucun précédent ne pourra être indiqué pour trouver une solution à un problème posé. Les effets négatifs de cette situation seront tempérés par le fait que la loi douanière est la même partout, par la formation spéciale que les principaux cadres douaniers pourront avoir reçue à partir du mois de janvier 1974, ainsi que par la précision des consignes mises à la disposition de chaque poste de travail pour aider son titulaire à travailler avec confiance. Les procédures douanières seront cependant conçues de façon à s’inscrire le plus facilement possible dans le Système d’Ordinateurs pour le Fret International Aérien.
La plupart des employés de l’Aéroport de Paris, des compagnies aériennes, des Transitaires et des Commerces divers se trouveront dans une situation comparable à celle des agents des douanes, ils opèrereront sur un terrain neuf, dans des locaux modernes et fonctionnels, avec des procédures souvent éloignées des routines habituelles.
Les bureaux du Chef de Service et de ses collaborateurs occuperont 220 m2 au 4ème étage d’un bâtiment central de 7 étages qui abritera également les échelons de commandement des services locaux des autres Administrations, ceux des compagnies aériennes et d’autres sociétés représentées sur l’aéroport. Quelques chiffres permettent de donner un aperçu de l’importance de nos installations:
– 664 m2 seront réservés dans l’aérogare des voyageurs n°1 à nos services
– 1 620 m2 de bureaux et d’archives au 2ème étage d’un bâtiment de 4 étages seront réservés à la plus grande partie du personnel occupé par des opérations d’importation et d’exportation du fret.
– 600 à 800 m2 de bureaux et de salles de visite seront répartis dans les différents magasins de dédouanement pour les opérations qui exigent une intervention directe sur les marchandises
– 150 m2 seront à la disposition du personnel chargé de contrôler l’entrepôt privé banal et le magasin des colis en dépôt
– 50 à 100 m2 se situeront dans la zone des moyens généraux ou dans un petit bâtiment situé sur le point de contrôle d’une voie d’accès aux installations aéroportuaires de l’aérogare des voyageurs n°1.
Au total, plus de 3 000 m2 de locaux couverts à l’usage exclusif des services douaniers et de ses interlocuteurs directs ; la surface totale des magasins de dédouanement sera voisine de 50 000 m2 en 1974.
Les services douaniers occuperont plusieurs centaines d’agents ; compte tenu des modifications qui sont encore susceptibles d’intervenir dans les prévisions du nombre des voyageurs et du tonnage de fret à contrôler, plus de 300 agents seront affectés à Roissy en 1974 dont environ 40% de personnel des bureaux et 60% de personnel des brigades.
Cet effectif devra être normalement modifié pour tenir compte de l’augmentation très notable du trafic prévue pendant la période 1977-1980 et de l’entrée en application du projet S.O.F.I.A.
Vue des deux satellites destinés au débarquement des passagers.
Le contrôle des voyageurs sera assuré 24 heures sur 24, tous les jours de l’année, le contrôle des marchandises devrait s’effectuer normalement de 8 heures à 20 heures avec les possibilités d’intervention nécessaires sur un aéroport international de 20 heures à 8 heures.
De nombreux postes de travail fonctionneront dans les conditions habituelles aux autres bureaux. L’organisation douanière sera souple pour pouvoir s’adapter facilement à l’évolution du trafic, elle s’inscrira cependant à l’intérieur du cadre précis qu’exige le fonctionnement d’un grand bureau, dans cette perspective, les attributions, l’autorité et les responsabilités de chacun seront clairement définies de façon qu’un travail efficace s’accomplisse sans fatigue inutile et avec la possibilité de laisser une bonne place à l’initiative individuelle.
Le contrôle des voyageurs et celui des marchandises s’exerceront dans des secteurs différents. Les activités spécialisées et celles qui seront caractérisées par une localisation notable de leur exercice seront rassemblées dans des secteurs puis des sections ou unités de travail dirigées par un responsable.
Les services comprendront ainsi :
– une unité de commandement dirigée par le Chef de Service ;
– un secteur de Recette Principale qui regroupera deux sections de comptabilité, une unité électrocomptable, une section de contentieux, de remboursement, les archives et le secteur centre ; – un secteur centre dirige par un receveur principal fonctionnel rassemblant les sections de recevabilité des déclarations : importation, exportation, acquits divers, les unités de contrôle-sur-documents, de renseignements, de documentation et de révision
– un secteur magasins de dédouanement constitué par les équipes de visite installées dans les magasins de dédouanement ;
– une équipe spécialisée de prévention et de lutte contre la fraude ;
– un secteur d’entrepôt (produits pétroliers d’aviation, avitaillements divers, tabacs, alcools, etc… autres entrepôts, entrepôts privé banal et entrepôts privés particuliers installés à l’intérieur de l’enceinte aéroportuaire) ;
– un secteur de contrôle des voyageurs avec une brigade mobile spécialisée ;
– une subdivision des brigades commerciales éventuellement renforcée d’une brigade mobile spécialisée.
De nombreuses équipes de travail à constituer tant parmi le personnel des brigades que parmi celui des bureaux conduiront à confier des fonctions d’encadrement à des agents de différentes catégories – Inspecteurs Centraux ; Inspecteurs ; Contrôleurs Divisionnaires ; Contrôleurs et mêmes quelquefois Agents de constatation. Ces chefs devront exercer des fonctions intéressantes dans le cadre bien entendu de leurs attributions normales.
L’habitude de travailler en équipe favorise aussi le développement d’un excellent climat de solidarité et de compréhension mutuelle.
Vue de la résidence de la Masse des Brigades de Tremblay-les-Gonnesse.
V.D. : – L’implantation d’un important personnel dans l’enceinte de l’aéroport pose un difficile problème aux responsables, comment les différents organismes intéressés ont-ils résolu cette question ?
M Chandon : – La zone aéroportuaire de Roissy est située dans une région encore rurale, elle est moins étroitement bordée comme celle d’Orly par des communes peuplées. Cependant, à environ 10 kilomètres de Roissy, des agglomérations importantes reliées à Paris par le train et par un réseau routier dense offrent des possibilités intéressantes pour l’habitat, le travail éventuel des épouses et l’éducation des enfants.
Les villes nouvelles de Survilliers, Marnes-laVallée, et le développement rapide de nouveaux lotissements ne manqueront pas de connaître un essor parallèle à celui de l’aéroport.
Au sud de Roissy, à Tremblay-les-Gonesse, la douane dispose déjà d’un lotissement Masse C.I.L. O.F. important et une nouvelle cité de 158 logements est en construction pour une partie du personnel douanier de Paris-Roissy-Aéroport. Cette cité comprendra 158 logements – 26 F2, 60 F3, 57 F4 et 15 F5 – répartis dans huit bâtiments de quatre étages au-dessus d’un rez-de-chaussée. Les constructions s’intègrent dans un ensemble plus important doté d’équipements urbains, elles sont distantes de près d’un kilomètre de la gare S.N.C.F. du Vert Galant, sur la ligne Paris-Nord- Crécy-en-Valois. Un petit terrain de sport et une salle de réunion seront mis à la disposition de la cité douanière.
Ceux qui, en fonction des règles d’attribution en vigueur, n’auront pas pu obtenir un logement dans la cité ou qui ne l’auront pas souhaité auront la possibilité d’être logés dans d’autres communes de la région.
Des possibilités d’accession à la propriété de pavillon ou d’appartements sont ouvertes dans différentes communes de la région de Roissy (2). Pour l’enseignement supérieur, l’Université de Paris-Nord est en principe réservée aux étudiants domiciliés dans les départements du Val d’Oise et de la Seine-Saint-Denis. Un décret récent inclut la région de Roissy-en-France dans la zone des transports parisiens et les liaisons entre Roissy et ses environs au moyen des divers transports en commun sont à l’étude.
Venus de divers bureaux avec leur qualification confirmée ou sortis des Écoles des Douanes avec la volonté de bien faire, ceux qui prendront un poste à Paris-Roissy-Aéroport profiteront d’une expérience très intéressante et ils pourront ressentir la satisfaction de participer modestement mais effectivement tout de même, au développement d’une grande réalisation nationale.
La construction et la mise en service du nouvel aéroport marqueront en effet une date dans le domaine de l’architecture et dans celui de la maîtrise des organisations complexes.
(1) Bulletin Officiel des Douanes n° 2 666 du 21 août 1966.
(2) La Mission d’Organisation des Aéroports Parisiens, actuellement installée à Orly, donne aux agents intéressés tous les renseignements complémentaires utiles et apporte toute l’assistance à une éventuelle candidature à un emploi (CIDEX A n° 112 – 94396 Orly Aérogare. Tél. 587.51.41 – poste 38 55).