Association pour l’Histoire de l’Administration des Douanes

De la sonde au drone (Etape 1) : sondes, fasquelines, lanternes et autres instruments « non dénommés ailleurs »

Mis en ligne le 1 novembre 2024

 

Carte de penthière, machine à calculer, habit ler Empire, lance, pince à sceller, fasqueline

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Cette première étape nous conduit à considérer tout d’abord l’emploi de simples outils ou d’objets destinés à faciliter les contrôles tels que l’on peut les découvrir dans les vitrines du Musée National des Douanes à Bordeaux, ainsi que le recours, par les services des bureaux, à des moyens techniques plus élaborés.

 

En 1984, dans un numéro « spécial Musée », la revue La Vie de la douane  (n°196) décrivait le contenu de certaines vitrines dans lesquelles étaient présentées « les activités d‘un bureau et de la visite :

« Ces secteurs que l’abondance d’objets doit rendre à la fois attrayants et vivants aboutissent au rappel des activités d’un bureau et de la visite proprement dite : pesée (du trébuchet à or du changeur jusqu’à la romaine à peser les tonneaux), prélèvement (multiples types de sondes et important secteur textile avec dévidoirs compte-fils), analyse (alambics, pipettes, alcoomètres, etc.) sans oublier la marque (pinces à sceller, fers à marquer, cachets.)». 

 

Cette collection est régulièrement enrichie de nouvelles pièces. Ainsi, en 2011, l’A.H.A.D. procédait à l’acquisition d’une sonde de vérificateur en vue de la confier au Musée National des Douanes à Bordeaux et décrivait, photos à l’appui, l’objet en ces termes :

 

« Une sonde de vérificateur a pu être acquise lors d’une récente vente aux enchères au Puy en Velay. Elle était proposée dans un étui en cuir marqué GL et semble destinée au prélèvement d’échantillons de grains. La sonde elle-même est marquée France HLC et la signification de cette inscription reste à déterminer. C’est la deuxième sonde acquise par l’A.H.A.D. récemment. Il semble donc que des vérificateurs aient eu une sonde personnelle ou que l’administration les en ait dotés. Des recherches s’imposent donc à cet égard ».

 

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Utilisée depuis la nuit des temps, la sonde continuait de l’être au début du XX siècle, comme l’illustre cette « chromo » d’un douanier et sa pique qu’il « utilisait pour transpercer les sacs en vue d’effectuer un prélèvement ou pour rechercher des marchandises passées en contrebande comme le tabac ».

 

(***)

 

La définition de la sonde apportée, avec humour, par Le petit glossaire nous en apprend plus sur son utilisation (Cahiers n°6  – septembre 1988 – spécial Boucher de Perthes) :

 

« Instrument de fer qui sert à connaitre ce que renferme l’intérieur d’un ballot, d’une futaille, d’un colis. Il y a la sonde simple et la sonde à rapport ; la première dit qu’il y a quelque chose de suspect, la deuxième le prouve en rapportant l’échantillon.

 

Le douanier, célèbre autrefois pour le maniement de la sonde, a beaucoup perdu de son antique dextérité, depuis qu’il porte la baïonnette ; mais il a été avantageusement remplacé par le commis d’octroi qui a élevé l’art de la sonde à toute la hauteur où il peut parvenir. L’agilité avec laquelle ceux de Paris brandissent le fer est comparable aux plus beaux faits d’armes des archers d’Homère ; mais, en même temps, un individu à gros ventre et qui ne porte pas de cuirasse, fera prudemment de se tenir à distance ; personne n’est exempt d’erreur, et un malheur est bientôt fait.

 

Le chanvre, le coton en balles serrées à la presse, sont les objets les plus difficiles à sonder ; là, le fer s’émousse et l’acier se brise. La sonde est parfois funeste aux arts, et une main barbare l’a lancée dans une caisse de tableaux, dans une manne de livres, et, ce qui est pis pour les belles, dans un carton de modes.

 

La sonde a d’ailleurs son utilité, elle empêche les charretiers de s’endormir dans leurs voitures de foin ou de paille, où la pointe de l’instrument a été quelquefois les réveiller désagréablement ».

 

Sonde à rapport
Musée des Douanes

 

La fasqueline est un autre instrument phare dans l’histoire de la profession. Utilisée pour l’écor des marchandises, elle a fait l’objet de plusieurs publications sur ce site  : cliquer ici

 

 

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La lanterne fut également un de ces objets privilégiés pour l’exercice du métier et figure en bonne place dans les collections dans des multiples versions..

 

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Les instruments de pesée ont une place particulière dans l’histoire de l’aide au contrôle. Dans la liste, entre balance Roberval et les pèse-essieux, nous retiendrons en priorité l’emblématique grande balance exposée au Musée National des Douanes à Bordeaux. Une présentation de cette pièce de la collection est disponible en cliquant ici.

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Cette présentation est suivie d’une  fiche métrologique parue dans la même livraison et consacrée aux instruments de mesure exposés au Musée à cette date.

 

(*)

 

Au  XIXe siècle, le recours par les services des bureaux à des moyens techniques plus élaborés connaît une évolution croissante afin de s’assurer, lors des contrôles, du bien-fondé des éléments de la déclaration en douane. Sur ce point, nous citerons Jean Clinquart qui, dans son ouvrage L’administration des douanes en France sous la Restauration et la Monarchie de Juillet (1815-1848), nous rappelle les éléments suivants :

 

« La mise en œuvre de réglementations nouvelles ont réagi sur la vie quotidienne du service, soit en modifiant l’objectif de ses interventions, soit en conférant à certains actes administratifs (tel le scellement douanier) une importance accrue, soit encore en suscitant de nouvelles méthodes (telle l’estampillage). Elles ont aussi justifié le recours à des moyens matériels nouveaux, en liaison avec les progrès techniques accomplis au début du xıx° siècle.

 

Si la mise en service, en 1817, après une expérimentation menée avec succès à la douane de Paris, d’un nouveau matériel de scellement ne constitue pas un fait original, on ne peut en dire autant de l’apparition d’instruments de vérification tel que le compte-fils dont l’emploi commence en 1816, l’aréomètre de Baumé, le thermomètre et l’alcoomètre qui font leur apparition dans les bureaux de douane entre 1820 et 1830.

 

C’est à la même époque qu’on commence à procéder, dans ces mêmes bureaux, à quelques analyses chimiques simples permettant de s’assurer de l’exactitude de déclarations d’espèce. La spécialisation plus poussée du tarif douanier liée à l’introduction de données qualitatives (notamment pour les produits textiles), le développement du trafic portant sur les produits métallurgiques, les machines et appareils, ainsi que l’affinement de la notion de valeur imposable, constituent autant d’éléments propres à conférer à la fonction du vérificateur une technicité croissante ».

 

 

Pour découvrir la suite de notre Une, cliquer sur :

De la sonde au drone (étape 2) : grappins, barrières, herses et autres engins d’arrêt

 


Notes:

 

(*) : Photographies : Alban Gilbert

(**) Bulletin d’information de l’AHAD – n°90 – 2011

(***) Article documenté de Jérôme Roux sur le thème des chromo-images paru dans les Cahiers d’histoire des douanes et droits indirects (N° 60 – 2016)

 


 

 

 

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