Association pour l’Histoire de l’Administration des Douanes

Colloque: « La police lyonnaise sous Vichy : obéir ou résister ?

Mis en ligne le 1 avril 2019

Le 21 mars dernier, l’AHAD était invitée à participer au colloque « La police lyonnaise sous Vichy : obéir ou résister ? », organisé conjointement par la société lyonnaise d’histoire de la police conférence (http://www.slhp-raa.fr/indexbase.php) et le Mémorial national de la prison de Montluc. L’AHAD y était représentée par un de nos membres Lyonnais, Arnaud Chaffanel, en présence de M. Pascal Mailhos, Préfet de la région Auvergne Rhône-Alpes, préfet du Rhône et Jean-Olivier Viout, procureur général honoraire de Lyon.

 

 

Ce colloque a débuté par un moment de recueillement dans la prison de Montluc devant la cellule où le commissaire Jules CROS est décédé suite aux tortures subies de la part de Klaus Barbie. Elle s’est poursuivi dans la salle de conférences des archives départementales et métropolitaines de Lyon. Le Préfet du Rhône a ouvert la conférence en mettant l’accent sur la difficulté pour les fonctionnaires (et encore plus pour les policiers) à se positionner suite à la défaite de 1940 et la mise en place du régime de Vichy. Ceux ci étaient tiraillés entre leur devoir d’obéissance et leurs principes moraux. Ce choix était d’autant plus difficile pour des préfets comme Jean Moulin, qui incarnaient l’État dans les départements. Il a d’ailleurs rappelé une phrase de Jean Moulin qui l’avait beaucoup marqué qui disait dans une lettre à sa mère : « Je ne savais pas que c’était si simple de faire son devoir quand on est en danger ».

 

 

S’en sont suivies plusieurs interventions :

 

 

. Jean-Marc Berlière, historien de la police : Vichy et la police. Il a prolongé le propos introductif du préfet en y amenant beaucoup de nuances. Il a rappelé que la police nationale était une création de Vichy mais aussi un des principaux organes de contrôle du pouvoir qui était alors privé d’armée et de diplomatie. Il a également rappelé un pint important, qu’il a également développé lors de sa conférence à la Direction générale des Douanes le 26 mars, que pour pouvoir résister il fallait parfois obéir …
. Michel Salager, président de l’association lyonnaise d’histoire de la police : Jules Cros, acteur oublié d’une Résistance policière méconnue
. Alain Cros : La disparition du commissaire Cros vécue par sa famille
. Jean Goujon: Mon grand-père, le commissaire divisionnaire Hemart mort en déportation
. Bernard Plaisantin, fils du fondateur du NAP : Comment notre famille échappa aux griffes de la Gestapo.

 

 

 

 

Notez que, lors de sa présenttaion, Michel SALAGER, Président de la Société Lyonnaise d’Histoire de la Police a rappelé entre autres que deux douaniers avaient été emprisonnés à la prison de MONTLUC pour des faits de résistances :

 

 

– Dorval Jean-Louis, vérificateur principal des douanes à Lyon (Pimento –AS). Arrêté le 5 août 1943, interné à Montluc, condamné à mort comme franc-tireur,le 31décembre et fusillé le 11 janvier 1944 à Villeurbanne.
– Nicollin Albert, contrôleur-rédacteur des douanes, arrêté à Lyon, le 23 décembre 1943, pour activité anti-allemande. Agent du réseau Gallia, transféré à Compiègne et déporté par le convoi du 27 avril 1944, sur Auschwitz, Buchenwald, Flossenbürg, décédé le 26 août à Hersbrück.

 

Les descendants des commissaires Cros et Hemart ont raconté comment ils avaient découvert le rôle qu’avaient joué leur aïeuls pendant la guerre et comment ils étaient morts (sous la torture à Montluc pour Jules Cros et en déportation pour Adrien Hemart). Souvent la famille garde sous silence cette période et il a été difficile pour eux d’avoir des informations précises.
Et enfin le fils de M. André Plaisantin, le créateur de ce qui deviendra le Noyautage des Administrations Publiques (NAP), a raconté avec beaucoup d’émotion le jour ou un policier a sauvé son père et sa famille en les prévenants de l’arrivé imminente de la Gestapo.

 

 

Ces présentations ont été réalisées devant de nombreux élèves de l’école national supérieure de police qui s’étaient déplacés pour l’occasion. L’ensemble des interventions a permis de s’interroger sur les limites de l’obéissance hiérarchique et sur les choix que nous aurions faits si nous avions été à la même place à cette époque. Merci encore à la société lyonnaise d’histoire de la police pour son invitation.

 

 

Bruno Collin
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