Association pour l’Histoire de l’Administration des Douanes

A.T.S.C.A.F. du Havre : une empreinte douanière dans une grande ville sportive

Mis en ligne le 1 janvier 2024

 

La section rugby et la cité des douanes sont les éléments moteurs de l’A.T.S.C.A.F. (Association Touristique, Sportive et Culturelle des Administrations Financières) du Havre, grâce notamment à l’enthousiasme et au dévouement des douaniers, qui en constituent plus de 70% des licenciés. L’AT.S.C.A.F. Le Havre offre bien d’autres activités à ses adhérents. Et, dans cette grande ville de 200 000 habitants, il s’en dégage un air de village, avec tout ce que ça suppose d’esprit familial, de solidarité et même un peu de chauvinisme.

 

N.D.L.R. 1986

 

 


 

 

L’engouement des douaniers et cet air de village s’expliquent aisément. La direction des douanes du Havre se caractérise, d’une part, par la faible étendue de sa circonscription, et, d’autre part, par la concentration de 95% du personnel sur le territoire de la ville. Sur les 500 agents de la direction, 470 sont implantés au Havre même.

 

Par ailleurs, Le. Havre a toujours été une direction d’accueil Les structures d’hébergement fournies par la cité des douanes ont souvent motivé favorablement le choix des jeunes agents à l’issue des stages. Ce fut notamment le cas après la guerre où la direction a reçu un flot d’agents, généralement jeunes, et de toutes catégories.

 

Sur le plan sportif, ceci s’est concrétisé par la création en 1949 d’une équipe de football, et un peu plus tard par une de tennis de table. A l’heure actuelle d’autres sections ATSCAF sont animées par des douaniers havrais basket, cyclotourisme, volley, pétanque, tir. Jusqu’en 1970, préposés, agents de constatation et contrôleurs, pour la plupart, ont fourni chaque année un potentiel de 15 à 20, voire 30 agents, parmi lesquels l’ATSCAF a puisé son recrutement.

 

 

La naissance de l’ATSCAF rugby

 

 

Et puis, les agents originaires du sud et du sud-ouest sont arrivés en grand nombre. Il s’est donc formé au Havre un noyau de jeunes, déracinés de leur milieu, éprouvant la nécessité de renouer certains liens, de se ré-adonner au sport.

C’est ainsi qu’est née en 1969 l’ASTAF rugby (association sportive du Trésor et autres administrations financières), grâce à une vingtaine de douaniers originaires du sud de la Loire. Jacques Malaurie, président du comité départemental de rugby de Seine-Maritime et de la section ATSCAF rugby, en était ! :

 

« Nous étions préposés, agents de constatation ou contrôleurs; mais sur le terrain, pas de différence. Nous étions une bande de copains liés par leur travail et par leur passion commune du rugby. Nous avons été finalistes en 1973 et vainqueurs en 1974 de la finale du championnat inter-finances, quart finalistes au championnat de France de 4e et de 2e séries les mêmes années… ».

 

«Nous avons rapidement été confrontés au problème d’effectif : vieillissement des uns, retour au pays pour d’autres, vacations annuelles de stagiaires réduites… Certes, nous avions la possibilité d’abandonner le championnat civil et de participer uniquement à la coupe inter-finances. Nos ambitions étaient tout autres que de jouer trois à quatre matchs par an. Dans ce contexte difficile, nous avons envisagé de créer une école de rugby et d’ouvrir les portes du club aux jeunes de l’extérieur ».

 

 

 

Une école de rugby de qualité

 

 

C’est en 1974 que naît l’école de rugby, afin d’assurer l’avenir du club – onze ans après, elle est devenue l’une des plus importantes du comité de Normandie autant par sa qualité que par sa quantité. Et ce, sur les bases instituées par la fédération française de rugby, avec un encadrement bénévole à majorité douanier.

 

 

L’école a trouvé ses premières recrues à la caserne des douanes, habitée par environ 200 familles; une dizaine de fils d’agents âgés de 13 à 15 ans, Ceci a vite suscité la curiosité dans le quartier dont la cité fait partie intégrante depuis 1847. Les fils de douaniers ont communiqué à la jeunesse environnante cette nouvelle passion, dont les médias avaient déjà souligné la bonne santé : «Un rugby de village dans une grande ville » titrait à l’époque Le Havre Libre.

 

On compte maintenant une centaine de jeunes rugbymen (dont 45% de fils de douaniers) répartis en poussins, benjamins et cadets; certains jouent régulièrement en équipe I; huit de ceux-ci sont sélectionnés en équipe cadet et junior de Normandie dont trois fils de douaniers.

 

Jacques Malaurie tient à préciser : « Le travail en profondeur effectué par les bénévoles pendant leur temps libre doit être souligné. L’ambiance familiale qu’ils ont su créer autour du groupe, les efforts d’une équipe soudée et organisée a soulevé l’enthousiasme des riverains de la caserne des douanes.

 

Si la section rugby comptait 22 licenciés en 1969, elle en a maintenant plus de 150. Entre temps, elle a accumulé les titres et fait preuve d’une activité débordante en festivités. Les instances fédérales l’ont bien compris, qui en 1978 ont confié l’organisation de la première rencontre internationale de rugby au Havre aux douaniers de l’ASTCAF. Et Gérard Lelièvre, représentant de la France aux trois derniers jeux olympiques pour la marche, a trouvé, pendant 2 ans, au sein de l’équipe de rugby du Havre, l’équilibre nécessaire pour préparer ses grands rendez-vous d’athlétisme ».

 

En 16 ans d’existence, l’ASTAF du Havre, devenue l’ATSCAF rugby en 1983, a su conquérir ses lettres de noblesse; elle est un véritable creuset du rugby dans cette ville de 200 000 habitants. Les dernières saisons ont été excellentes chez les jeunes; par contre, les seniors ont éprouvé quelques difficultés à obtenir certains résultats.

 

 

Cette lacune s’explique en grande partie par un manque de joueurs chevronnés et confirmés. La relève n’est pas totalement prête. Mais l’ATSCAF rugby est sur la bonne voie. Peut-être verra t- elle de jeunes douaniers dotés de talents rugbystiques demander la direction du Havre à l’issue des stages.

 

 

La cité des douanes phare des activités

 

 

La cité des douanes a joué un rôle déterminant dans la création de l’école de rugby et le développement de cette discipline, auprès des douaniers et dans leur voisinage. Mais une enceinte douanière de plus de deux hectares et la présence de deux cents familles recèlent de nombreuses possibilités intéressantes pour peu qu’on les exploite.

 

 

C’est pourquoi en 1971 la direction du Havre a profité de la réhabilitation du bâtiment B de la cité pour mettre sur pied un centre socio-culturel et sportif, jusque là inexistant. Une salle de sport, réservée exclusivement à des fonctionnaires des finances et à leurs familles a été mise en service sous l’égide d’un comité directeur présidé par le directeur régional des douanes.

 

M. Joseph Salaun, en tant que directeur régional des douanes au Havre, préside justement le comité directeur chargé de la gestion .de la salle omnisports. Il peut mieux que personne nous en parler :

 

« Outre les sections déjà constituées, football, rugby, volley, basket, une section culturisme et une section gymnastique féminine, toutes deux purement d’essence douanière, se sont créées. La plupart des activités trouvaient sans problème leur place dans l’enceinte douanière; mais, d’une part, certaines – rares heureusement – contribuaient à la dégradation des locaux; d’autre part, la section culturisme, avec son important matériel, monopolisait une partie de la surface de travail. Dans un souci de faire cohabiter tout le monde et de promouvoir les équipements, nous avons décidé de rationaliser l’utilisation de la salle, avec l’ouverture d’une salle annexe affectée à la section culturisme, et de développer une politique à triple objectif ».

 

Une politique de diversification et d’ouverture Premier objectif : une diversification des activités. Cette décision impliquait la nécessité de trouver des éléments confirmés pour encadrer les activités souhaitées. Les agents qualifiés ne manquent pas en douane ; mais la loi de 1984 sur l’enseignement du sport oblige les associations à s’entourer de professeurs diplômés d’Etat. L’ATSCAF Le Havre a donc fait appel à des spécialistes de l’éducation sportive.

 

Deuxième point . création d’activités accessibles aux jeunes. Avant 1984, la plupart des activités étaient fermées aux jeunes, essentiellement pour des raisons physiologiques; le culturisme par exemple. Le comité directeur a donc proposé de nouvelles disciplines ouvertes à des jeunes et créé des conditions d’intégration.

 

Laissons M. Joseph Salaun nous parler du troisième objectif : «Nous tenions beaucoup à une ouverture sur l’extérieur. Auparavant, la salle de sport était exclusivement réservée aux sections de l’ATSCAF. Pour permettre à nos jeunes de la caserne d’amener leurs copains et pour consolider les liens étroits avec le voisinage, nous avons autorisé l’utilisation de la salle principale à des associations extérieures.

 

La salle principale est désormais ouverte, sous la responsabilité du directeur régional à des activités nouvelles. Sous couvert bien sûr d’une convention d’occupation et d’un règlement intérieur.

 

Deux sociétés d’arts martiaux (aïkido et karaté) et deux groupes de gymnastique féminine la fréquentent. Le mercredi après-midi est consacré à l’entraînement des jeunes. Au total, les activités de la salle principale, réparties sur 18 heures par semaine, intéressent déjà plus de 100 personnes.

 

Le sport constitue le point de mire. Toutefois, sur le plan culturel les douaniers du Havre bougent aussi. Il existe ainsi une association Fêtes et Loisirs; elle organise chaque année un grand bal et quelques autres manifestations. Les bénéfices retirés permettent d’organiser l’arbre de Noël et un goûter pour les retraités, et surtout d’apporter une aide financière aux différentes sections sportives.

 

 

La cité des douanes possède par ailleurs une salle de conférences polyvalente prêtée aux adolescents l’après-midi : ils peuvent y organiser des rencontres amicales et fêter, par exemple, des anniversaires. L’ATSCAF a fortement contribué à élargir le coin de ciel bleu des douaniers havrais et à resserrer les liens de la cité douanière et du quartier.

 

Ici, pas de frontière entre les deux. Elle entend bien continuer sur cette voie. Et M. Joseph Salaun d’ajouter : « Dans le cadre de la réhabilitation de la cité des douanes, il faudrait que l’administration prenne en compte ce besoin socio-sportif; nous souhaitons qu’elle nous assure des installations à la hauteur de celles qui existent déjà et qu’elle double cette structure immobilière d’une structure humaine en créant un poste d’animateur. Car il n’y a pas que des sportifs à la cité des douanes ».

 

 


 

 

La Vie de la Douane

 

N° 202

 

Février 1986

 

 

 


 

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