Association pour l’Histoire de l’Administration des Douanes
Quand Jean Clinquart parlait d’Ernest Fort
De la musique des douanes du Havre peinte par Dufy à l’intérieur d’une douane représenté par Lépicié au XVIIIe siècle, en passant par la fameuse série des ports de Vernet, nombreux sont les tableaux qui restituent des images de la douane d’autrefois. Mais comment ne pas faire une place particulière à l’oeuvre d’Ernest Fort? Qui ne connait cet artiste parmi les habitués de « La Vie de la douane »!
Chaque numéro de notre revue contient la reproduction d’une de ses aquarelles. Elle est attendue avec impatience par les collectionneurs, suscite des convoitises et, dûment mise sous cadre , orne non seulement en France mais à l’étranger, bureaux et appartements. L’artiste n’a certainement jamais espéré ni même imaginé que ses oeuvres connaîtraient un jour cette notoriété.
L’oeuvre de Fort est presque intégralement consacrée à la douane. Il réalisa plusieurs centaines d’aquarelles, représentant des douaniers en tenue.
Une partie a été dispersée et il arrive parfois qu’une aquarelle soit mise en vente par un antiquaire. Une autre partie, aujourd’hui exposées dans le hall d’entrée de l’Ecole Nationale des douanes, est destinée au musée des douanes. Un troisième groupe d’aqurelles a été réuni par l’auteur en un recueil que possède la bibliothèque de l’Ecole des Douanes.
Ce recueil constiue une histoire de l’uniforme des douanes, de 1801 à 1918. Le texte entièrement manuscrit s’appuie sur des documents officiels, mais aussi sur des correspondances émanant de spécialistes de l’uniforme ou de détenteurs de traditions orales.
Les dessins et aquarelles au nombre de plus d’une centaines sont en grande partie des créations orginales de Fort, parfois des oeuvres semi-originales inspirées d’autres dessinateurs; L’aisance du trait, la fraîcheur du coloris, la vie qui se dégage des scènes représentées font des aquarelles de Fort, non seulement de précieux documents mais aussi de véritables oeuvres d’art.
Fils et petit`fils de douaniers, Ernest Fort est né en 1868 à Baigorry dans l’actuel département des Pyrénées Atlantiques. Elevé au coeur du pays basque, il y passe une grande partie de son existence. Par tempérament (il est de constitution fragile) et par goût, il se porte vers les activités intellectuelles et artistiques. Il aime les livres et exerce la profession de bibliothécaire, d’abord à Bayonne, ensuite à Saint-Maur-des-Fossés où il mourra en 1957.
Il possède pour le dessin un don naturel qu’il cultive. Le passé l’intéresse: celui de sa région natale d’abord et il remplit la fonction de secrétaire du musée de la tradition basque et bayonnaise qui deviendra ensuite le musée basque; celui de la douane ensuite.
Sur les origines de ce second pôle d’intérêt, il s’explique lui`même en termes touchants, invoquant « les longues années de service » de ses parents et le « vif sentiment de piété filiale » qui l’incitent à « faire revivre par le pinceau » un service que son père « aima passionnément ».
Jean Clinquart
Extrait d’un article de Jean Clinquart intitulé « Pêle-mêle pour un musée imaginaire » – « La Vie de la douane » n° 185 – octobre 1980