Association pour l’Histoire de l’Administration des Douanes
Boucher de Perthes: un jeune douanier dans l’Italie napoléonienne (7)
Notre cycle consacré à Jacques Boucher de Perthes aborde dans cette édition une période importante de sa carrière douanière: ses différentes affectations en Italie (Gênes, Livourne et Foligno). Avant de découvrir ses multiples témoignages sur la douane impériale au cours de cette « période guerrière », nous reproduisons ci-dessous une brève chronologie de l’histoire de la douane française en Italie sous l’Empire (1).
« Mon père ne se doutait guère qu’en ouvrant cette carrière si pacifique en apparence, il me jetait au plus fort de la mêlée… C’était une épée qu’il me mettait dans une main, et une torche dans l’autre… Le métier de St-Mathieu me fit respirer non moins de poudre et affronter autant de périls que cette époque guerrière en offrait à quiconque aspirait à la gloire. Mais (on) ne pouvait deviner que… Napoléon ferait (de paisibles douaniers) des soldats et qu’il en couvrirait les frontières et les côtes des départements réunis ».
(J. Boucher de Perthes « Sous Dix Rois »)
Chronologie de l’histoire de la douane française en Italie
1802 – A la suite de l’annexion du Piémont à la France (septembre) une double ligne de douanes est établie « sur les confins de la 2ème division militaire (ex-Piémont) avec les Etats d’Italie, » c’est-à-dire la République italienne, la République ligurienne (Etat de Gênes), les principautés de Parme et de Plaisance et le Royaume d’Etrurie (Toscane). Corrélativement, la ligne douanière établie sur l’ancienne frontière entre la France et le Piémont est levée. Une direction des douanes est créée à Turin au mois d’octobre et sa responsabilité confiée à Souiris.
1803 – La direction des douanes de Turin est supprimée et remplacée par trois directions ayant respectivement leur siège à Verceil, Voghera et Mondovi. Souiris est muté de Turin à Verceil ; les deux autres circonscriptions sont confiées à Badon et Mayan.
1805 – Gênes est à son tour annexée (juin). En septembre, « les douanes qui séparent la Ligurie des départements au-delà des Alpes (sont) levées. » Une nouvelle direction des douanes est installée à Gênes ; elle est confiée à Brack. Simultanément, Parme et Plaisance entrent dans le territoire douanier français, « sauf exceptions qui seront jugées nécessaires et réglées par un tarif particulier »: l’opération entraine une modification des lignes de la direction de Mondovi dont le siège est transféré à Parme.
1806 – En avril, on établit « sur les Alpes, depuis Nice jusqu’en Suisse, une ligne de brigades chargée d’empêcher la contrebande et de recueillir des renseignements sur la direction que prendra le commerce réciproque entre la France et l’Italie. » Ce service est constitué en inspection indépendante.
1808 – 1809 Le Royaume d’Etrurie enlevé aux Bourbons d’Espagne est converti en Grand-Duché de Toscane, placé sous la ferme autorité d’Elisa Bonaparte, départementalisé et intégré à l’Empire. La douane française y est installée par Louis de Sussy, fils de Collin de Sussy, qu’assistent l’inspecteur général Laugier et une équipe au sein de laquelle on trouve Ferrier, futur directeur général. La relève de la douane toscane par la douane française s’opère le 1er janvier 1809. Les principautés de Lucques et Piombino situées, la première, entre la Toscane et l’ex-Etat de Gênes, et, la seconde, à hauteur de l’île d’Elbe, donc enclavée dans les Etats pontificaux, sont considérées, sur le plan douanier, bien qu’appartenant à la République italienne, devenue Royaume d’Italie, comme partie intégrante du territoire douanier français. Les lignes de douane sont supprimées entre cet ensemble territorial et l’ancienne Ligurie.
1810 – Ce qui subsiste des Etats pontificaux, après les amputations opérées depuis 1805, c’est-à- dire ce que l’on appelle traditionnellement le patrimoine de Saint-Pierre est annexé à la France. Une direction des douanes est installée à Rome et confiée à Ferrier ; elle a en charge la surveillance de la côte et d’une partie de la frontière avec le Royaume de Naples. Une autre direction, implantée à Foligno, dans les Marches, reçoit pour chef Dubois-Aymé ; elle a pour mission de contrôler la frontière qui sépare les territoires nouvellement annexés des Royaumes d’Italie et de Naples. Simultanément, les lignes de douane sont abolies entre la Toscane et les ex-Etats pontificaux.
1811 – Collin fils, nommé administrateur à Paris, quitte la Toscane. Il y est remplacé par Dubois-Aymé qui cède lui-même son poste à d’Obsen.
1812 – Ferrier est nommé directeur général des douanes en remplacement de Collin de Sussy pour lequel Napoléon a créé le ministère des Manufactures et du Commerce. Il est remplacé par Duboullaye. Une deuxième direction des douanes est créée en Toscane : la région de Livourne, avec les îles (Corse, Elbe, Capraja) demeure sous l’autorité de Dubois-Aymé, tandis que la région de Florence forme une nouvelle circonscription, confiée à Lothon.
1814 – Les territoires annexés sont évacués.
(1) Cahiers d’histoire des douanes françaises
N° 6 – Septembre 1988 (Numéro spécial)
Bicentenaire de la naissance de Jacques Boucher de Perthes
« père de la préhistoire » et fonctionnaire des douanes 1788-1988)