Association pour l’Histoire de l’Administration des Douanes
Un Noël douanier
L’équipe du site Internet de l’AHAD vous souhaite un Joyeux Noël !
En ces hivers des années 50, la rédaction du Journal de formation professionnelle rappelait à ses lecteurs les exigences du métier. En 1956, photos à l’appui, elle s’attachait à souligner : » ils sont en service… même la nuit de Noël… ».
En 1959, c’est un conte de Noël un peu particulier qui est proposé avec pour décor, la gare de Bâle. Nous vous laissons en apprécier la délicatesse.
L’équipe de rédaction
Un Noël douanier…
C’est grâce à un document conservé par M. Kippelen, ancien directeur à Mulhouse que le fait de service suivant vous est présenté.
En cette période qui suit les fêtes, il m’a paru pertinent de le retranscrire tant il évoque la qualité des rapports humains et rappelle les bons moments de service.
La scène se déroule à Noël 1959 en gare de Bâle et est racontée par le collègue qui l’a vécu, Roger Oullion, dans un courrier adressé à M. Kippelen.
♦ ♦
♦
« J’étais de service, le train de 11h pour Paris venait de partir. Nous allions pouvoir fêter un peu Noël avec tous ceux que vous avez connus dont certains ne doivent plus être de ce monde (Trocme, Guchti, Schmitt, Tréguier, Albrand – l’homme spécialisé dans la découverte des comptes à l’étranger – etc…)
Chacun de nous avait apporté quelque chose et au moment où nous étalions sur le bureau nos friandises, Trocmé m’a signalé qu’il y avait une dame à la banquette (fermée côté suisse). Elle avait manqué son train pour Paris et le prochain était dans 4 heures. Elle avait bien soixante ans et était plutôt perdue dans ce couloir que vous connaissez bien.
Que faire en pareil cas et surtout que dit le règlement à ce sujet ? Rien, mais peut-on partager des gâteaux ce jour en laissant cette femme toute seule, sans avoir la possibilité de s’asseoir.
J’ai demandé à notre plus courtois d’aller la chercher. Elle est venue, toute hésitante, croyant peut-être à un contrôle (un de plus).
Au milieu de nous, d’abord hésitante, elle s’est détendue, a partagé avec chaleur ce que nous avions ; jusque-là rien d’anormal, si ce n’est une réflexion de cette dame, qui prête à réfléchir après tant d’années passées.
Vous savez, nous-a-t-elle dit un Noël c’est pour moi toujours très triste, à l’exception de celui-ci. Elle devait avoir beaucoup souffert.
Nous sommes restés ainsi pendant deux ou trois heures il était temps pour elle de prendre son train et pour nous de reprendre le travail.
C’est alors qu’on a vu arriver le brave Guchti les bras pleins d’œillets (c’était des échantillons paraît-il), il en passait beaucoup souvenez-vous !
Notre invitée a repris son train, toute confuse, la larme à l’œil et les bras chargés de fleurs.
C’est toujours pour moi un merveilleux souvenir. »
Journal de la formation professionnelle
N° 61
Novembre-Décembre 1956
Bulletin d’information
N° 81
Janvier 2020