Association pour l’Histoire de l’Administration des Douanes

L’uniforme des premiers douaniers pilotes

Mis en ligne le 1 septembre 2022

L’uniforme des agents affectés dans des unités de surveillance aérienne est un bon exemple de l’énigme que l’uniformologie peut constituer pour le chercheur. Un uniforme d’une spécialité d’abord non reconnue, non décrit, construit par mimétisme, débrouille sans doute et coquetterie très certainement. Expliquons nous.

 

La première tenue des inspecteurs Turc et Béguier en 1959.

Lorsque deux inspecteurs des douanes ont l’idée que l’hélicoptère, qui connaît un très net essor après la seconde guerre mondiale, pourrait apporter beaucoup aux méthodes de la surveillance, il va de soi que l’administration n’en est pas à définir un uniforme pour ses deux expérimentateurs. Les premières photographies des inspecteurs Turc et Beguier les montrent ainsi revêtus d’une combinaison et d’un béret, typiquement militaires.

 

 

Les clichés sont malheureusement de trop mauvaise qualité, mais il n’est pas impossible que ce calot ait pu comporter l’emblème des douanes. Sans qu’aucune référence textuelle ne puisse en borner l’utilisation, il est en effet établi que certains stagiaire de l’Ecole des brigades de Montbelliard ont porté un béret noir portant l’insigne métallique des douanes.

 

 

L’utilisation de l’hélicoptère se montrant vite redoutable, l’utilisation de moyens aériens est dès lors pérennisée. Pour autant, en tous cas à la connaissance de l’auteur de ces quelques lignes, l’uniforme des agents n’est pas défini de manière spécifique.

 

On trouve référence aux unités aériennes dans la note 370/B1 du 20 novembre 1963 réformant les attributs de grade du cadre supérieur et des agents des brigades. Les unités aériennes y sont mentionnées spécifiquement comme dotées – à l’instar des marins – d’attributs de grade de couleur or. Mais la forme des galons est similaire à celle des agents des brigades terrestres : les préposés portent ainsi une « un galon en V renversé » et non en diagonale, comme les matelots.  La question du support de ces insignes demeure.

 

 

La Rochelle, 1966.

 

 

Il est très probable qu’il se développe alors par mimétisme. D’une part, par pragmatisme : l’armée dispose déjà de matériel de vol adapté. D’autre part par souci d’affirmer la spécificité des pilotes, naissante : il est nécessaire d’affirmer par sa tenue sa proximité avec la prestigieuse famille des pilotes militaires.

 

 

Saint Jean de Luz, 1967. On notera le port du béret, sans certitude quant à l’affectation du porteur. A. Pommier/F. Roche

 

Plusieurs clichés pris par Aimé Pommier au tournoi de ski des 5 nations de 1964 permet de se faire une idée plus précise de la tenue portée par les pilotes des groupes aériens. La tenue de vol est similaire à celle des pilotes de l’ALAT. La vareuse emprunte elle davantage à l’armée de l’air, coquetterie oblige. Elle ferme droit, comporte des attentes et un brevet brodé comporte l’insigne des douanes assorti d’ailes. C’est ce même insigne qui se retrouve également sur la casquette des pilotes.

Tournoi de Megève en 1964. Dure vie de pilote ! A. Pommier/F. Roche

 

 

Détail de la casquette, 1964.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Réception donnée pour l’ouverture du tournoi de Megève en 1964. A droite, l’inspecteur principal Turc. On aperçoit le brevet. A. Pommier/F. Roche

 

 

 

 

 

Réception donnée le 4 décembre 1969 par la société Sud Aviation fêtant les 2000 heures de vol de plusieurs pilotes du groupe aérien méditerranée.

Une reproduction d’une coupure de presse du journal « République Côte Varoise » datée du 4 décembre 1968 dans la Vie de la Douane de mars avril 1969 confirme encore le port de cette tenue. On notera que le commandant du groupe aérien de Saint-Mandrier, chargé de la surveillance des côtes méditerranéennes est encore …. le commandant Turc.

 

Une note du 1er décembre 1968 (dont nous n’avons pu consulter qu’un brouillon) témoigne d’ailleurs de la fixation de la tenue des personnels aériens, et des hésitations sur la reprise des insignes portés préalablement.

 

On y note que la tenue est identique pour les personnels maritimes et aériens, à l’époque uniquement rattachés au dispositif garde-côtes : la vareuse croisée s’impose, tout comme le galonnage « en diagonal » pour les préposés et agents de constatation.

 

S’agissant de l’insigne, la note dactylographiée mentionne « un cor de chasse et une grande ailés ». Cette mention et barrée à la main et une mention manuscrite y substitue : « insigne des gare-côtes complété de deux ailes, les lettres D F étant portées sur le diamant de l’ancre ». Il s’agit bien de l’insigne toujours porté actuellement. De la même façon, les attentes sont en principe supprimées.

 

Un recensement photographique effectué par la Direction générale des différentes tenues en 1978 permet de constater que la tenue utilisée est en tous points similaire à celle des marins, à l’exception de l’insigne métallique.

Tenue de vol d’été, 1978.

Tenue de vol avec combinaison et blouson, 1978.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Personnels aéromaritimes en tenue de vol.

La tenue ne se distinguera plus véritablement de celle des marins. L’apparition de pilotes « terrestres » amènera simplement dans les années 1990 à une distinction au niveau des combinaison de vol : alors que les pilotes aéromaritimes  portent une combinaison orange, ceux de la brigade de surveillance aéroe-terrestre portent une combinaison bleu.

 

 

Si davantage des lecteurs tenaient à fournir des précisions, notamment règlementaires sur ces premières tenues des pilotes des douanes, l’équipe de rédaction en serait fort heureuse !

 

 

Xavier Rauch

 


 

 

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