Association pour l’Histoire de l’Administration des Douanes
30 novembre 2021: Joséphine Baker au Panthéon
A la faveur de l’entrée au Panthéon de Joséphine Baker, Roland Giroire, secrétaire général de notre association, nous livre quelques souvenirs de lecture et évoque un passage des mémoires de Jacques Joyaux publiées par l’AHAD l’an dernier sous le titre : « Autobiographie de Jacques Joyaux (1939-1976)« .
L’équipe de rédaction
Joséphine Baker et la douane
Joséphine Baker a été une grande voyageuse et le franchissement des frontières lui était familier. Dans le livre « Joséphine Baker et Jo Bouillon » (Laffont 1976), elle indique que les douaniers lui demandaient souvent des papiers, mais c’étaient des autographes!
Elle s’est rendue notamment en Espagne en passant par Canfranc où l’inspecteur des douanes Albert Le Lay, grand résistant et chef des douaniers français de cette gare internationale, l’a aidé à passer en Espagne en 1939 ou en 1940. L’a-t-elle à nouveau rencontré lorsqu’elle s’est rendue en 1943 à Alger ? Les informations qu’elle recueillait ont-elles transité par Canfranc où Le Lay en a fait passer de très nombreuses? Des recherches s’imposent donc à l’évidence. Avis aux amateurs!
Enfin, un événement ultérieur mérite d’être conté, il se déroule vers 1958 et c’est Jacques Joyaux, inspecteur des douanes à Hendaye, qui nous le livre dans ses mémoires publiées par l’AHAD :
« Je me souviendrais longtemps du passage de Joséphine Baker. C’était une fin d’après-midi d’un samedi, nous avions pris le train en gare d’Hendaye qui allait jusqu’à Irun. Nous nous installons dans un compartiment de tête, où il n’y avait qu’une femme, au teint assez coloré, que je devinais être Joséphine Baker. A peine installés, cette personne nous adressa la parole en ces termes; « Je suis Joséphine Baker et je vais en Espagne où je suis attendue à Madrid. J’ai un passeport, mais je n’ai pas de visa. Pensez-vous que je pourrais être à Madrid demain? ».
De notre expérience journalière que nous avions en la matière, c’était tous les jours que nous ramenions en France, avec la rame qui revenait à vide en France, des voyageurs qui étaient dépourvus de visa d’entée en Espagne. C’était vers l’année 1958, où le visa d’entrée était encore obligatoire, même les espagnols qui voulaient aller à l’étranger, étaient obligés d’avoir un visa de sortie d’Espagne. Je lui répondais qu’elle allait être refoulée en France vraisemblablement et devra aller au consulat d’Espagne à Hendaye solliciter son visa.
Et c’est là que je me suis rendu compte , combien elle était considérée comme une grande dame en Espagne, l’inspecteur de police a pris sa voiture, a fait monter Joséphine Baker à bord, et l’ a amenée , malgré l’heure tardive et que c’était aussi un samedi soir, au consulat espagnol à Hendaye, a fait ouvrir le consulat, et fait signer un visa par le consul. Après quoi, il a ramené ma Joséphine à la gare d’Irun, quelques minutes avant le départ du Sud Express espagnol. Donc tout était réglé comme si de rien n’était. Je n’ai vu faire cette « gymnastique » que pour Joséphine Baker. Personne d’autre! «
Roland Giroire