Association pour l’Histoire de l’Administration des Douanes
1968 : Les J.O. de Grenoble: la douane y était !
Jeux olympiques d’hiver à Grenoble.
Sur le podium, après l’épreuve de descente messieurs,
J.C. Killy (médaille d’or) entouré de J.D. Daetwyler (bronze) et G. Périllat (argent).
Comme pour marquer un anniversaire symbolique, les Xèmes Jeux Olympiques d’Hiver se sont tenus dans le pays qui a connu leur première édition. Quarante quatre ans après, Grenoble, a succédé à Chamonix. Mais dans ce laps de temps, les Jeux qui n’étaient, au début, qu’une manifestation limitée, sont devenus un évènement à l’échelle nationale.
Depuis le 28 janvier 1964 en effet, date à laquelle fut choisie Grenoble, la ville et sa région n’ont été qu’un vaste chantier. Mais à la veille des grandes rencontres du 6 au 18 février 1968, tout était prêt. La ville a été le cœur et l’âme des Jeux de 1968. C’est là en effet qu’ont été logés une partie es athlètes, des officiels et des journalistes et c’est à Grenoble que se sont déroulées toutes les épreuves de patinage et de hockey, la cérémonie l’ouverture ainsi que de très nombreuses manifestations culturelles.
Un chiffre, celui du coût des infrastructures, donne une idée de l’ ampleur de la tâche accomplie : 1 milliard de nouveaux francs ont été consacrés à l’aménagement de 194 km de routes, la construction de 3 000 logements (qui pendant les Jeux ont été utilisés comme village olympique et centre de presse), la préparation des pistes et tremplins, la construction d’un grand complexe destiné aux sports de glace, la pose de kilomètres de câbles de télécommunications, la réalisation d’importants aménagements urbains.
Grenoble, ville industrielle et touristique a connu depuis la fin de la seconde guerre mondiale un essor extraordinaire : 102 000 habitants en 1946 159 000 en 1962 ; l’agglomération passe à 250 000 en 1965 et en comptera 350 000 en 1975. Cette nouvelle chance que lui offraient ses montagnes, Grenoble l’a saisie avec enthousiasme.
Cérémonie d’ouverture
De nombreuses études et projets ont été avancés qui concernent le stade d’ouverture. La décision s’est finalement arrêtée sur une forme de fer de lance dont la pointe s’orne d’une tour supportant la vasque où brûlait la flamme. La superficie de cet ensemble est considérable. Egale à celle du stade qui servit à l’ouverture des Jeux de Tokyo, elle est pratiquement équivalente à celle de la place de la Concorde à Paris.
L’importance de ce stade provisoire, qui comprenait 60.000 places assises et le désir de donner à cette manifestation un caractère prestigieux, ont poussé les responsables du C.O.J.O. à faire de cette cérémonie d’ouverture, un évènement exceptionnel et original. Il ne s’agissait pas, en effet, d’une cérémonie rapide et intime mais d’une vaste célébration de l’Olympisme, d’un style volontairement spectaculaire et avant tout visuel. De nombreux mouvements de groupes eurent ainsi lieu, groupes constitués d’escouades, fanfares et musiques militaires, de choristes et membres de différentes corporations sportives et folkloriques dont les couleurs d’uniformes et de tenues permettaient de nombreux et heureux effets.
Toute une ville, toute une région ont donc participé, en marge du cérémonial stipulé impérativement par la Charte Olympique, à cette cérémonie dont le faste et l’ampleur étaient les premières caractéristiques, une ville et une région fort soucieuses de répondre parfaitement aux millions de regards qui, du monde entier, ont dans ces instants, convergé sur elles.
Toutes les pistes, sauf la descente hommes, arrivent à la station du Recoin (1 650 m) où a été aménagé un immense stade de neige.
La convergence des différents parcours a grandement facilité l’organisation des arrivées, et la configuration générale du site a permis à des milliers de personnes de suivre parfaitement les courses. La descente hommes est formée d’une succession de murs raides, bosselés par endroits. Les changements de direction sont fréquents. Il s’agit d’un parcours varié, rapide et fort difficile car il accumule les obstacles sur une distance relativement courte. C’est donc une descente très technique où l’art du virage pris à grande allure et la technique du passage des bosses ont joué un rôle essentiel.
Les parcours des slaloms géants sont très beaux car Chamrousse est véritablement la montagne du slalom géant, avec ses nombreux vallons, ses murs, sa forêt clairsemée qui forment un ensemble varié, très ouvert, où la pente moyenne est exactement celle qui convient à ce genre d’épreuve.
Le stade de slalom spécial est la pièce essentielle des nouveaux aménagements de Chamrousse. Il se termine par un mur raide qui rend les épreuves extrêmement spectaculaires.
Plus de 300.000 m3 de terrassements ont été nécessaires à sa réalisation. Un ravin a été comblé, deux barres rocheuses ont été supprimées. Enfin, pour surélever les slaloms messieurs, une butte de 14 m de hauteur, de 35.000 m3 de volume, a été construite au sommet du stade dont elle accentue la pente générale.
Les épreuves nordiques : Autrans (1000 – 1400m)
Elles ont été tracées dans la montagne d’Autrans, au nord du massif du Vercors, une région qui, par son relief et sa végétation, ressemble à la Scandinavie, patrie d’ origine du ski de fond.
La configuration du site d’Autrans a permis d’aménager, au nord du village, un stade où tous les départs et toutes les arrivées sont concentrés.
Les coureurs qui sont devenus, sur ces pistes, les Champions Olympiques de 1968, sont des fondeurs absolument complets et leurs résultats ne dépendent que de leurs qualités intrinsèques.
Les sauts
Tremplin de 70 m.
L’épreuve de saut de 70 m s’est déroulé sur le tremplin du «Claret» qui domine la station d’Autrans. Ce tremplin installé sur un versant nord a une excellente situation. 200.000 m3 de terrassements ont été nécessaires pour aménager les pistes de réception et la piste de freinage.
Le bas du tremplin a la forme d’un vaste cirque qui offre, sur des talus en pente douce, de la place pour 40.000 spectateurs.
Tremplin de 90 m.
C’est à Saint-Nizier du Moucherotte (1.200 m) dans un site grandiose du Vercors, au pied de la montagne des «Trois Pucelles», qu’a été construit le tremplin de saut de 90 m.
Le tremplin lui-même se termine», au nez, par une partie en porte-à-faux qui accentue l’impression d’envol. L’accès aux plateformes de départ se fait par une tour cylindrique abritant escaliers et ascenseurs.
«C’est le plus beau tremplin du monde» avaient dit, alors qu’ils s’entraînaient, tous les sauteurs venus à Grenoble pour les Rencontres Internationales de février 1968.
Bobsleigh – Alpe d’Huez (1.850 m)
Les courses de Bobsleigh ont eu lieu à l’Alpe d’Huez, dans le massif de l’ Oisans où une piste a été implantée au-dessus de la station, dans la région du Col de Poutran, à 2.000 m d’altitude, sur le versant Nord-Ouest du massif des Grandes Rousses.
Cette piste, réalisée entièrement en éléments préfabriqués de béton, a été achevée en quelques mois. Une route de 4 m de large a été prévue le long de cette piste pour la circulation des véhicules et le cheminement des spectateurs. Les épreuves se déroulant le soir, l’éclairage est obtenu par des lampes de sodium évitant l’éblouissement des concurrents.
Luge – Villard-de-Lans (1.100 m)
La piste de luge est construite au sud de la commune deVillard-de-Lans, sur un versant nord, au lieu-dit «Le Bois du Frier» qui présente une orientation et une déclivité satisfaisante. Le tracé de cette piste a été étudié en liaison avec les experts de la Fédération Internationale de Luge. Elle comporte 7 courbes ou virages dont un en S et un labyrinthe.
La piste a été entièrement réalisée en béton (1.800 m3) et il a fallu faire 1.400 m3 de terrassements.
Patinage et Hockey
Les épreuves de hockey et de patinage artistique se sont déroulées dans le stade de glace. Il a été conçu selon les mêmes principes architecturaux que le C.N.I.T. de Paris et le Palais des Sports de Turin. La couverture de l’édifice, particulièrement importante, a la forme de 2 voûtes cylindriques croisées en porte-à-faux, reposant sur 4 culées de béton, entièrement indépendantes des façades et des gradins. Ce bâtiment, bien qu’imposant, est très élégant : 12.000 spectateurs peuvent prendre place sur 6 km de gradins.
La piste a 60 m sur 30. Son refroidissement est obtenu par détente directe de l’ ammoniaque. Longueur du réseau : 22 km de tubes.
Les épreuves
Toute la presse s’est faite l’écho de l’ensemble des manifestations sportives qui se sont déroulées dans le cadre qui vient d’être décrit.
Les lecteurs de la «Vie de la Douane» seront eux plus particulièrement intéressés par le rappel des résultats obtenus par les agents de l’Administration sélectionnés dans les équipes nationales olympiques.
En fait, parmi toutes les disciplines qui ont fait l’objet de compétitions, les agents des douanes ont participé à la descente, au slalom géant, au slalom spécial, aux épreuves de fond de 15 km, 30 km, 50 km et relais 4 fois 10 km, au combiné nordique, au biathlon individuel et relais, et enfin aux sauts de 70 m et de 90 m.
Ces résultats font apparaître qu’en dehors des disciplines alpines où notre pays se place au tout premier rang, les scandinaves et l’Europe de l’Est manifestent leur supériorité pour tout ce qui touche au ski nordique.
Il est permis d’espérer cependant que les efforts de longue haleine entrepris par la douane française en faveur du fond et du biathlon porteront leurs fruits grâce au développement, actuellement en cours, du nombre des participants du ski de fond et à la recherche d’un rendement accru dans les méthodes d’entraînement. La victoire à cet égard douanier italien Nones, médaille d’or aux 30 km démontre la possibilité pour les pays alpins, d’accéder à un très haut niveau dans cette spécialité.
Aussi, l’Administration des Douanes, après avoir collaboré à la bonne organisation des épreuves nordiques en mettant un effectif de plus de 100 agents à la disposition du Comité, peut-elle être fière de relever les noms de ses membres qui, grâce à l’appui qu’elle a apporté à ceux-ci, sont, inscrits sur les tables olympiques, le même mérite pouvant être attribué au vainqueur et à celui qui, moins bien classé, n’en a pas moins pleinement participé, de toute sa volonté, conformément à la philosophie de l’olympisme, définie par le baron de Coubertin rénovateur des Jeux.
La Vie de la Douane
N° 139
1968