Association pour l’Histoire de l’Administration des Douanes

1960, naufrage de la vedette des douanes « Matelot Baixas » au large de Saint-Tropez

Mis en ligne le 1 novembre 2020

Grâce aux archives des services garde-côtes, il a été possible de retrouver les précisions relatives au naufrage de la vedette des douanes « Matelot Baixas » qui ôta la vie à 5 des 6 membres d’équipage, alors en mission le 9 mars 1960. 60 ans après, l’équipe de rédaction a souhaité partager le souvenir douloureux pour les familles et pour les collègues.

 

Les éléments de cet article ont été diffusés sous forme de dossier de presse en 1990 par la direction des douanes de Méditerranée.

 

 


 

 

 

 

Le 9 mars 1960, la vedette des douanes « Matelot Baixas » faisait naufrage au large de Saint-Tropez. Cinq hommes perdirent la vie lors de cette tragédie qui constitue la plus grande catastrophe de l’histoire de la Marine douanière.

 

Cette unité de 13,75 m de long et de 27 tonneaux avait été construite dix ans auparavant aux’ chantiers navals de l’Estérel à Cannes. Ses deux moteurs « hercules » de 225 CVX pouvaient la propulser à une vitesse de-16 noeuds.

 

Armée par six agents, elle était attachée à la Brigade ambulante maritime du Vieux Port de Marseille.

 

La veille, à 17 H 30, le « Matelot Baixas » avait quitté Cannes, où il venait de subir des travaux de réparation> pour rejoindre son port d’attache. A 18 H 20, le « Baixas » mouillait en rade d’Agay, pour une escale à l’école radio-maritime des douanes d’où il repartait à 23 H 20. En doublant le Cap Dramont, l’équipage rencontra une mer très agitée par un fort vent d’Est. le Maître principal GIORDANI décida de faire ‘route sur le Golfe de Saint-Tropez, pour y attendre une accalmie et y prendre un peu de repos.

 

La vedette s’amarrait à quai dans le célèbre petit port à deux heures du matin le 9 mars. A 81-1 30, l’ordre d’appareiller était donné. Une sortie allait être tentée pour tâcher de rallier Marseille. Au fur et à mesure que la vedette sortait du golfe, la houle devenait plus forte et les creux plus profonds.

Au passage des hauts fonds du Rabiou, les vagues devenaient plus hautes et plus droites, déferlant sur le pont de la vedette par son bâbord avant. Il restait quelques nautiques à parcourir pour virer de bord et prendre la houle par l’arrière.

 

L’inquiétude régnait mais tous gardaient leur calme. Le matelot-radio Jean GLORIES, seul rescapé du naufrage témoignera plus tard :

« Nous avons tiré au large de la Grande Moutte, et avons viré de bord pour mettre le cap sur Camarat. Au cours de cette manœuvre, une énorme vague venant de l’Est et prenant la vedette par bâbord l’a chavirée instantanément. Nous étions tous enfermés à l’intérieur de la passerelle, l’eau s’est engouffrée par l’arrière, le bateau était la quille en l’air. Pour nous dégager, nous avons plongé à l’arrière, afin de sortir par la baignoire d’accès sur le pont. J’ai plongé à la suite de deux de mes camarades et je me suis retrouvé en surface… Je me suis agrippé à un matelas qui flottait, et les vagues m’ont amené jusqu’à la côte où j’ai pris pied ».

 

Quelques instant plus tard, deux agents de l’E.D.F. qui circulaient en camionnette vers la pointe de Rabiou récupéraient Jean. Glories qui marchait, courbé, pieds nus, transi de froid et épuisé.

 

L’alerte était donnée, et vers onze heures, le canot de sauvetage « Bailly de Suffren » appareillait avec à son bord le patron Emile Richaud qui mentionnera dans son rapport : « Vent Nord-Est force 10. Mer 10. Grande pluie, visibilité faible ». Les espoirs de retrouver des survivants diminuaient d’heure en heure. On avait aperçu des débris de la vedette qui flottaient. Dès ce même jour on retrouva le corps de Léonide Lombardi, repéré par un hélicoptère de la base aéronavale de Fréjus à la Pointe Saint-Pierre, et celui d’Armand Giordani à la plage des Graniers.

 

Les 16 et 21 mars, des plongeurs de l’établissement de la Marine nationale de Saint-Tropez retrouvaient les corps de Sauveur Dorazio et de Pierre Lota près du lieu du naufrage. C’est enfin le 27 mars que l’on retrouva le corps de Jean-Baptiste Morati à la Pointe des Salins. Jusqu’à ce jour, tous les douaniers marins et terrestres de la région avaient parcouru sans relâche les plages et les falaises à la recherche de leurs camarades.

 

Photo Aimé Pommier / Francis Roche

 

 

Ainsi disparut la vedette « Matelot Baixas ». Les cinq hommes morts en service à la mer laissaient cinq veuves et onze orphelins. Aujourd’hui, lorsqu’une vedette des douanes croise devant la tourelle de la Moutte, il se trouve toujours quelqu’un à bord pour rappeler : « C’est là qu’ils ont coulé, ceux du Baixas ».

 


 

 

Source : photo Aimé Pommier / Francis Roche

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