Association pour l’Histoire de l’Administration des Douanes
Les origines des musiques des douanes
(*)
Depuis 1791, la Régie des Douanes nationales a été organisée en deux services distincts; le service sédentaire et le service actif.
Ce dernier composé de brigades des douanes a compté de 10 000 à 30 000 hommes selon les périodes. Etablies aux frontières terrestres et maritimes de la France, puis sous la Révolution et le Premier Empire dans les pays conquis Allemagne, Belgique, Espagne, Hollande, Illyrie, Italie, Luxembourg, les brigades avaient pour mission de faire appliquer le code et le tarif des douanes nationales.
La réalisation de cette mission nécessitait la mise en oeuvre de mesures restrictives et l’usage de la contrainte, supposant elles-mêmes une organisation et une discipline rigoureuses.
Par ailleurs, les guerres révolutionnaires et celles du premier empire ont conduit tout naturellement ces brigades non seulement à remplir leur mission dans les conditions évoquées ci-dessus, mais aussi à défendre la patrie et à soutenir l’armée régulière en de nombreuses circonstances.
Nombre d’anciens militaires figurant dans ses rangs, une culture professionnelle de type paramilitaire s’est progressivement développée au sein du service actif.
Dans ces circonstances, les douanes impériales en pays conquis, comme le dit Boucher de Perthes (**), se sont dotées de tambours qui rythmaient le fonctionnement du service en permanence.
A la fin de l’Empire, trois projets de militarisation des brigades n’aboutirent pas, mais prévoyaient une organisation en bataillons et compagnies accentuant le sentiment d’appartenance à une administration militaire.
Le casernement s’imposant progressivement nécessita par ailleurs une organisation collective de la vie des douaniers et introduisit l’usage à cette fin, de tambours et clairons.
En 1831, face aux incertitudes politiques du moment, le gouvernement jugea utile de prévoir en temps de guerre le recours aux brigades des douanes. Trois ordonnances royales des 31 mai 1831, 11 mai 1832, et 9 septembre 1832 déterminèrent l’organisation militaire des brigades des douanes. Ces textes renforcèrent le caractère para-militaire de l’institution en constituant un bataillon par inspection et une compagnie par capitainerie. Ceci impliquait une instruction militaire accrue, des entraînements réguliers au maniement des armes et à la pratique du défilé en rangs serrés.
Les mêmes causes produisirent des effets similaires dans le fonctionnement du casernement où la discipline collective fut renforcée et rythmée davantage par les clairons.
(***)
La circulaire n° 1327 du 30 mai 1832 du directeur général adressée aux directeurs précisa différents points particuliers, comme le service des douaniers en batterie d’artillerie sur les côtes, le stockage des paires d’épaulettes destinées aux sous-officiers et aux soldats au moment de leur mobilisation,et surtout la prise en charge par le ministère de la guerre de la fourniture de tambours et de clairons aux compagnies des douanes.
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Cette assimilation aux compagnies de l’armée déboucha tout naturellement et progressivement sur la constitution de « musiques » des douanes, les deux plus connues étant celle du Havre, que peignit Raoul Dufy et celle de Marseille qui se maintint jusqu’à la fin du XXè siècle.
Roland Giroire
Secrétaire général de l’A.HA.D.
(*) Illustration: Insigne militaire du corps des douanes attribué en 1875 aux Bataillons de douaniers : la grenade à sept flammes inscrite dans un cor de chasse. Cet insigne symbolisant l’histoire, les valeurs et traditions de cette Administration est toujours l’emblème actuel de la Douane ©
(**) Jacques Boucher de Perthes (1788-1868) , ancien directeur des douanes, chroniqueur, naturaliste et préhistorien, considéré comme le « père de la préhistoire ».
(***) Illustration: « 1910 – Sous brigadier et clairon» – gravure d’Ernest Fort
(****) Photo: La musique de Marseille -démonstration en 1983