Association pour l’Histoire de l’Administration des Douanes
La plus ancienne marque de douane
L’épave romaine du Grand Congloue, dans la baie de Marseille, avait un chargement d’amphores et de poteries de Campanie, datant du milieu du Ile siècle av. J.C.
La poterie campanienne, dont plus de 600 pièces ont été remontées, devait être chargée dans le grand port de l’Italie du Sud, Naples ou Pouzzoles. L’une des assiettes porte quatre mots écrits en langue grecque, qui était la langue courante en Campanie à cette date. Le nom du fabricant (au génitif) AR ISTON, suivi de l’abréviation de trois verbes à l’impératif.
La place même qu’occupent ces graffiti a l’intérieur de la coupe interdit d’y voir le nom de l’usager ; il ne peut s’agir que d’une marque de fabrique ou d’échantillonnage, faite au moment de l’achat :
Αριστωγος θες εα αφες (Phonétiquement : Aristonos thes ea aphes)
Le nom du fabricant est suivi de trois mots que leur commune désinence impérative désigne comme des verbes indiquant l’inscription dans la comptabilité θές (imperatif aoriste 2 de τίθημι) l’autorisation de sortie έα (impératif présent d’εάω) et le laisser-passer άφές (impératif aoriste 2 de αφίημ) – les ordres ayant pu être donnés par des employés différents, ainsi que l’indiquent les variantes de la graphie.
L’estampillage au nom du fabricant n’étant pas en usage dans la céramique campanienne avant les types tardifs de la campanienne B et C, (‘association sur le même vase du nom d’Ariston avec des sigles qui sont des marques de contrôle certifiant la perception des droits du Portorium, parait indiquer que l’estampillage est en relation avec la perception de l’impôt. L’usage du timbre aurait donc une origine fiscale. Ainsi le fabricant aurait-il apposé sa signature, sur l’une des pièces du lot (la seule connue), après avoir conclu le marche avec le négotiant exportateur, a Fouzzoles ou a Naples, et en présence du trésor et de l’exactor, chargé des droits de douane.
N.D.L.R.- La photographie et le texte ci-dessus nous ont été aimablement communiqués par le Docteur Benoit, Directeur des Antiquités du Musée Borely a Marseille.