Association pour l’Histoire de l’Administration des Douanes

Conte de Noël

Mis en ligne le 22 décembre 2022

 

En ce rude hiver 1954, entre une « Chronique du passé » sur le « Directeur général Ferrier en 1812 » et un article sur la douane portugaise, la rédaction du Journal de formation professionnelle offrait à ses lecteurs un conte de Noël. 

 

Un texte initialement publié en 1902 qui est l’œuvre d’un préposé corse auteur – non seulement de l’interception avec ses deux collègues, d’une embarcation de fraude et d’un acte de sauvetage en mer – mais d’un poème dont nous vous laissons savourer les sonorités…

 

Qui a prétendu que les gabelous n’étaient point des poètes ?

 

 

 

La douane littéraire

 


 

Conte de Noël

 

 

Le vingt-quatre Décembre à dix heures du soir,

Par une rude averse et par un temps très noir,

Près des vagues sans fin se livrant d’âpres luttes

Et brisant sur les bords leurs baveuses volutes,

De l’endroit dénommé l’Anfractuosité,

Point où notre service avait été porté,

Deux de nos Préposés Ohair et Gébéhesse

Perçurent tout à coup un long cri de détresse !

Bondissant hors du trou qui les tenait couverts

Dans l’ombre, à la faveur de rapides éclairs,

Ils purent distinguer touchant presque la rive

Un frêle esquif flottant dans cette alternative :

Etre en mille morceaux brisé sur les rochers,

Ou se voir happer par les flots empanachés !

Ecoutant seulement leur zèle et leur courage

Malgré l’obscurité, la mer grosse, l’orage,

Dédaignant le danger, décuplant chaque effort

Ils purent arracher quatre hommes à la mort …

Lorsqu’ils eurent tiré l’infime barque à terre

Et qu’ils en eurent fait le légal inventaire

Ils durent constater avec étonnement

Que l’on contrevenait à notre Règlement :

Tout l’arrière et l’avant, tout le sein de la cale

Etaient pleins de colis de soie et de Percale,

Nettement dépourvus de leurs formalités.

Les naufragés par eux furent tous arrêtés,

Ohair les a conduits à notre résidence,

Non sans avoir commis l’autre à la surveillance

De l’embarcation et des objets saisis.

Les délinquants qui sont arrivés tout transis

Ont reçu tous les soins dus par les lois humaines.

Je crois qu’à nos agents on payera leurs peines

Pour ce double bel acte assez original,

D’où le présent rapport, plus un procès-verbal.

 

 

J.F. Agostini

Préposé des douanes

 

Extrait d’un opuscule,  « Les Debout » paru en Corse en 1902

 


 



 

Journal de la formation professionnelle

 

 

N° 42

 

Novembre-Décembre 1954

 


 

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