Association pour l’Histoire de l’Administration des Douanes
Adam Smith… un douanier théoricien du libre-échange ?
Même le théoricien du libre-échange a choisi un poste de … douanier !
Le poste semblait, il est vrai, un peu paradoxal pour quelqu’un qui avait consacré une bonne partie de sa vie à critiquer les interdictions à l’importation et les tarifs douaniers, ce qui est précisément ce que l’on est supposé faire dans les douanes. Mais même ainsi, il semble qu’il occupa sa charge avec zèle et efficacité jusqu’à son décès, qui eut lieu en 1790.
Pourquoi Smith accepta-t-il ce poste ? Il est évident que ce ne fut pas pour des motifs économiques. Smith avait obtenu longtemps avant une pension à vie du duc de Buccleugh ; et il était, en plus, un homme avec peu de besoins. Il ne se maria jamais, il mena une vie simple et consacra une partie non négligeable de ses revenus à des œuvres de bienfaisance. Il est plus raisonnable de penser que, bien que critique des douanes, notre personnage croyait fermement que celles-ci existeraient toujours ; et que les gérer de manière efficace serait une contribution au progrès économique de son pays.
Il avait si peu de foi dans le triomphe du libre commerce international dans son propre pays qu’il déclarera même qu’il le considérait comme une chose aussi éloigné de la réalité britannique que l’établissement d’une Océana ou d’une Utopie, en référence aux célèbres utopies de Harrington et More.
Ses idées connurent, cependant, un succès beaucoup plus grand que lui-même l’avait imaginé. Septante ans après la publication de La richesse des nations, la Grande-Bretagne supprimait les lois protégeant l’agriculture et ouvrait ainsi la voie au libre-échange, qui constituerait une des bases de sa prospérité dans la seconde moitié du 19e siècle. Et les Anglais ne cesseront jamais d’être conscients de la dette qu’ils avaient contractée avec ce curieux commissaire des douanes écossaises.
Arnaud Picard
Sources :
– Libertad digital / traduit de l’espagnol
– Economitips