Alain Lamothe, Le grenier, 1975 (36/50)
Dans le portrait intitulé “L’art de rêver” que lui consacrait La Vie de la Douane en 1975, Alain Lamothe, Inspecteur des Douanes à Valenciennes-Autoroute, présentait “un échantillon de ses différentes activités artistiques, en l’occurrence la poésie et la photographie. Une profonde sensibilité, une vision du monde pleine de délicatesse ainsi que le charme de son pays natal, les Landes, furent à l’origine de ses premières inspirations poétiques. Certains de ses poèmes furent primés lors de concours régionaux. Mais le manque de temps et sans doute aussi le déracinement, le conduisirent vers une nouvelle forme d’art : la photographie, et particulièrement le noir et blanc qui permet à l’auteur de substituer à la réalité des choses sa vision poétique.”
Le poème que nous reproduisons ici présente un lieu, qui, tout comme les caves habituellement visitées en matière de contributions indirectes, incite à la fouille et aux merveilles, à extraire du passé des éclats de l’avenir, invite à creuser le ciel.
Le grenier, 1975
Qui n’a jamais senti, entrant dans un grenier,
Quelques instants d’émoi devant tant de reliques ?
Qui n’est allé fouiller ces souvenirs antiques,
Le cœur battant, se plaisant à rêver ?
Entr’ouvrant un bahut qui ne sait plus grincer,
Découvrant un vieux coffre aux moulures rustiques
Il m’a semblé soudain voir des vapeurs mystiques
Inonder lentement le temple profané
Ici dorment en paix, modestes troubadours,
Tant de lettres jaunies qui chantèrent l’Amour
Et nos lettres, bientôt, y jauniront aussi.
Tout se dépose ici comme en le fond des mers,
Et tout s’exhume un jour quand, plongeant dans l’oubli,
D’autres enfants sourient de ce que fut hier.
